Veillée d’armes
Les Etats-Unis ont renforcé leur présence navale en Méditerranée, mais aussi ailleurs dans les parages, dans l’éventualité d’une attaque iranienne, qui pourrait ressembler à celle du mois d’avril dernier, menée on s’en souvient en représailles à l’attaque israélienne sur le consulat d’Iran à Damas, mais qui pourrait aussi en différer. Dans le doute, ils font […]
Les Etats-Unis ont renforcé leur présence navale en Méditerranée, mais aussi ailleurs dans les parages, dans l’éventualité d’une attaque iranienne, qui pourrait ressembler à celle du mois d’avril dernier, menée on s’en souvient en représailles à l’attaque israélienne sur le consulat d’Iran à Damas, mais qui pourrait aussi en différer. Dans le doute, ils font un étalage de force, et attendent que l’ennemi trahisse ses véritables intentions. Israël pour sa part est censé se féliciter des coups plus que durs, mortels, portés au Hezbollah, coups qui d’ailleurs se poursuivent, mais au lieu de cela, que fait-il ? Il angoisse, se demandant de quel prix il faut payer la liquidation de Hassan Nasrallah, dans la certitude qu’il y aura un prix et qu’il sera élevé. Son Premier ministre prévoit des jours difficiles, c’est-à-dire décisifs, comme si c’était seulement maintenant que les choses sérieuses allaient commencer, que tout ce qui s’était passé jusque-là n’en était en réalité que le prélude. Dans sa dernière déclaration publique Netanyahou n’a pas bombé le torse ; il a même promis à son peuple du sang et des larmes, du moins dans un premier temps, tout en leur faisant miroiter des lendemains qui chantent après l’épreuve. La victoire serait au bout d’un chemin jonché de périls ; pour autant la victoire est certaine.
Le cabinet de guerre s’est élargi au faucon Gideon Saar, qui avait démissionné parce qu’il était exclu du premier conseil de guerre, plus large que celui d’aujourd’hui, mais qui avait été dissous, seul moyen d’éviter que Itamar Ben-Gvir en force la porte. La nouvelle recrue, à peine moins extrémiste que Ben-Gvir et Smotrich, d’ailleurs lui aussi chef d’une formation d’extrême droite, a surtout pour utilité de tenir en respect le plus agité des chefs de file israéliens, mais également le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui s’est permis plus d’une fois, quand les choses allaient mal, de critiquer ouvertement Netanyahou. Au départ, Saar était pressenti comme le remplaçant de Gallant. Son parti dispose de quatre sièges à la Knesset qui au besoin pourraient compenser les cinq de Ben-Gvir, si bien que ce dernier aurait du mal désormais à brandir la menace de renverser le gouvernement chaque fois qu’il est question d’arrêter la guerre, celle de Ghaza comme désormais celle qui commence au Liban. Telle est en tout cas l’analyse qui prévaut, et d’abord dans les médias israéliens. Il ne semble pourtant pas que ce soit pour assagir Ben-Gvir que Saar a été admis au petit cabinet de guerre, mais bien plutôt pour le préparer à devenir le prochain ministre de la Défense, en lieu et place de l’actuel, coupable de faire, ou plus exactement d’avoir fait du retour des captifs la priorité absolue. Cela a souvent été dit ici : il n’y aura pas de retour à l’avant-7 octobre. On ne sait pas de quoi demain est fait, mais il est certain qu’il sera différent de celui qui sortira de la guerre. A la tribune des Nations unies, le même jour où il avait approuvé l’attaque sur le quartier général du Hezbollah, Netanyahou avait parlé non pas comme quelqu’un dont le pays était en guerre mais comme quelqu’un qui avait désormais le pouvoir de redessiner non seulement la carte du Moyen-Orient mais celle du monde. Comme à son habitude, il a sorti une carte, ou plutôt deux, l’une de la région telle qu’elle était, et l’autre telle qu’elle sera.
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