Abdelghani Rahmani: La parole poétique comme héritage et espérance

 Originaire de Tifra, un village montagneux de la wilaya de Béjaïa où la nature dialogue sans cesse avec les hommes, Abdelghani Rahmani a su garder un pied dans ses racines et un autre dans l’écriture. Par Hafit Zaouche Installé aujourd’hui à Alger, père de cinq enfants, cet ancien cadre supérieur diplômé en gestion a mené […]

Sep 17, 2025 - 20:56
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Abdelghani Rahmani: La parole poétique comme héritage et espérance

 Originaire de Tifra, un village montagneux de la wilaya de Béjaïa où la nature dialogue sans cesse avec les hommes, Abdelghani Rahmani a su garder un pied dans ses racines et un autre dans l’écriture.

Par Hafit Zaouche

Installé aujourd’hui à Alger, père de cinq enfants, cet ancien cadre supérieur diplômé en gestion a mené une carrière solide dans une entreprise nationale. Mais derrière les chiffres et les bilans, se cachait une passion intime : celle des mots. Dès ses années professionnelles, il écrivait déjà pour la revue interne de son entreprise, abordant des thématiques liées à la santé dans le monde du travail, tout en publiant ponctuellement dans la presse nationale. La retraite venue, ce temps libéré est devenu une fenêtre ouverte vers un souffle littéraire longtemps contenu.
Son premier recueil, Souffle et sourires, a donné le ton : une poésie tournée vers la vie, la beauté et les émotions simples, celles qui éclairent même les jours les plus sombres. Puis est venu son roman, D’une rencontre à l’autre, véritable fresque humaine et historique. On y croise Da Belkacem, Mamou, Mohand, Kada : des personnages incarnant la mémoire kabyle, entre solidarité villageoise, exil, résistance à la colonisation et quête de dignité. Au cœur de ce récit, la tajmaât apparaît comme symbole d’une démocratie ancestrale et d’une sagesse communautaire intemporelle. Mais au-delà du romancier, c’est le poète qui retient l’attention. «Sans la poésie, il n’y a pas de vie», affirme-t-il. Ce goût des mots lui vient d’un héritage familial : un oncle paternel, passionné de poésie religieuse et de musique andalouse, proche d’El Hadj El Anka, fut son premier guide. Dans cet environnement, Rahmani a appris que la poésie n’était pas un luxe, mais une nécessité : elle berce les enfants, accompagne les récoltes d’olives, console dans le deuil, éclaire la mémoire collective.
Ses poèmes disent la vie quotidienne, les colères, les élans d’espérance, la fragilité des valeurs dans une société en mutation. Ils parlent d’amitié, de pardon, de beauté et de transmission. Rahmani s’y fait passeur d’émotions et veilleur de conscience. Pour lui, l’acte poétique doit éveiller, protéger la nature, rappeler les repères et redonner confiance en l’humanité. «Écrire, c’est vivre deux fois», aime-t-il répéter. C’est pourquoi il partage aussi ses textes sur les réseaux sociaux, participe à des recueils collectifs et voit dans
l’écriture un espace universel de dialogue. Abdelghani Rahmani a déjà publié plusieurs recueils de poésie : Fleurs de sagesse (2020), Instant d’or fait (2021), Il n’est de beau que l’aimer (2023) et De ciel et de silence (à paraître en septembre 2025, aux Éditions Imtidad). Il a également participé à des rencontres littéraires animées par Nadia Sebkhi, pris la parole sur les ondes de la Chaîne 2 et de la Chaîne 3, contribué aux journées poétiques pour la Palestine à El Tarf et à la revue Travail dirigée par Amin Khan. Son passage dans l’émission Le Sommaire d’Amin Zaoui a encore élargi son audience.
Chez Rahmani, la poésie est à la fois héritage et espérance : héritage des anciens qui ont transmis des chants, des contes, une mémoire vivante ; espérance pour les générations futures qui trouveront dans la parole poétique une lumière face aux incertitudes du monde.
Ainsi, son œuvre s’inscrit dans une continuité : celle d’un homme qui, après une vie consacrée au travail et à la famille, a choisi de laisser résonner la musique intérieure des mots, pour que jamais ne s’éteigne la voix de la poésie.

H. Z.