Khemissa et M’daourouch (Souk Ahras): D’énormes richesses historiques à mettre en valeur
Depuis un moment qu’on s’intéresse à la wilaya de Souk Ahras. On trouve du mal à trouver d’où commencer notre travail puisque cette wilaya de l’extrême est du pays résume à elle seule l’histoire de toute l’Afrique du Nord. Par Hafit Zaouche Carrefour des civilisations numide, puis romaine et enfin berbère, elle fut le lieu […]

Depuis un moment qu’on s’intéresse à la wilaya de Souk Ahras. On trouve du mal à trouver d’où commencer notre travail puisque cette wilaya de l’extrême est du pays résume à elle seule l’histoire de toute l’Afrique du Nord.
Par Hafit Zaouche
Carrefour des civilisations numide, puis romaine et enfin berbère, elle fut le lieu de fortifications militaires (Madaure, Tifèche, Khemissa…) et de centres urbains.
Située sur les hauts plateaux de l’est algérien, au Sud-Est de Annaba, la wilaya de Souk Ahras est délimitée au nord par celle d’El Tarf, au nord ouest par celle de Guelma, au sud par les wilayas de Tebessa et d’Oum el Bouaghi, et à l’est par la Tunisie.
Ville natale de saint Augustin, évêque d’Hippone, Souk Ahras a joué un rôle important dans l’histoire politique et culturelle de l’Algérie en raison de sa position stratégique. Pendant la colonisation française, elle faisait partie du département de Constantine et est devenue une importante ville commerciale assurant les échanges entre le Sud, le Nord-est algérien et la Tunisie. Pendant la révolution, elle a abrité dans les djebels des Ouled Bechiah une base autonome des différentes wilayas de l’Armée de libération nationale, appelée » base de l’Est « .
Ici dans ce papier, on va vous parler des ruines roumaines de Madaure et de Khemissa et de l’importance de la culture pour la promotion de la destination Algerie
Madaure (Madauros) , M’daourouch : l’une des premières cités savantes au Monde
Madaure, « Madauros » aujourd’hui commune de M’Daourouch, située à 50 Km de Souk Ahras (antique Thagaste) chef-lieu de wilaya… Cette ville est un creuset pour la littérature latine, car ses murs ont vu naître Apulée, le premier romancier de l’humanité, célèbre auteur des Métamorphoses (l’âne d’or).. Connu mondialement pour avoir abrité l’une des plus célèbres universités de l’antiquité ou Saint Augustin, étudia avant de devenir l’homme de lettres que nous connaissons aujourd’hui.
Voltaire écrit en 1776, dans « Notice sur Maxime de Madaure. » :
« Madaure, dans le pays qui est aujourd’hui celui d’Alger. Il vivait dans le commencement de la destruction de l’empire romain. Madaure, ville considérable par son commerce, l’était encore plus par les lettres : elle avait vu naître Apulée et Maxime. Saint Augustin, contemporain de Maxime, né dans la petite ville de Thagaste, fut élevé dans Madaure, et Maxime et lui furent toujours amis, malgré la différence de leurs opinions : car Maxime resta toujours attaché à l’antique religion de Numa, et Augustin quitta le manichéisme pour notre sainte religion, dont il fut, comme on le sait, une des plus grandes lumières.
C’est une remarque bien triste, et qu’on a faite souvent sans doute, que cette partie de l’Afrique qui produisit autrefois tant de grands hommes, et qui fut probablement, depuis Atlas, la première école de philosophie, ne soit aujourd’hui connue que par ses corsaires. Mais ces révolutions ne sont que trop communes : témoin la Thrace, qui produisit autrefois Orphée et Aristote ; témoin la Grèce entière, témoin Rome elle-même. »
Khemissa (Thubursicu Numidarum)
Khemissa, située à 37 km de Souk-Ahras (Thagaste), Khemissa est une antique cité numide, Thubursicum Numidarium sous le règne de Trajan, elle devient municipe et adopte le style urbain romain (forum, théâtre, etc.) bien que ses habitants restent en quasi-totalité des Numides.. Un site méconnu qui mérite d’être découvert.
ville natale du révolutionnaire et guerrier berbère Takfarinas, les visiteurs de Khemissa y trouvent d’importants ruines dont des maisons, des citernes, des thermes, des forums, des temples et l’un des plus importants nymphée du monde romain, un théâtre en bonne conservation, etc …
Souk Ahras, comme toutes les autres wilayas de l’Algérie, regorge de sites historiques et archéologiques de l’époque numide et romaine toujours ensevelis sous terre.
Le théâtre de Khemissa (Thubursicu Numidarum)
Large de 70 mètres, le théâtre archéologique de Khemissa conserve la majorité de sa cavea (gradins), le théâtre se trouve dans le site archéologique de la ville numide de Khemissa
Le théâtre de Khemissa dispose de plusieurs entrées dont 2 entrées permettent d’accéder au niveau supérieur de la cavea (gradins). Ces deux portes, qui sont réservées probablement à la population, aux citoyens et aux esclaves, commencent par un large escalier qui passe au-dessous des entrées latérales de la scène, l’un des deux escaliers est toujours visible aujourd’hui et le mieux conservé au monde.
Le haut de la Cavea se termine par un gradin, et d’après des experts la construction du théâtre n’a jamais été achevée.
Transformer la culture en atout touristique
L’Algérie possède un patrimoine riche et diversifié, hérité de différentes civilisations qui se sont succédé sur son territoire. Il englobe des centaines de sites archéologiques, monuments historiques, villes anciennes et des traditions ancestrales. Le patrimoine constitue ainsi un fort potentiel pour le développement du tourisme culturel.
Découvrir l’histoire, le patrimoine ou les traditions d’une région, d’un pays ou d’une ville : c’est ce qu’on appelle le tourisme culturel.
Le tourisme culturel est un levier puissant pour valoriser le patrimoine historique et la diversité culturelle d’une région. En mettant en avant les sites emblématiques, les traditions ancestrales et les événements culturels uniques, il est possible d’attirer des visiteurs curieux et avides de découvrir de nouvelles histoires. Ce type de tourisme ne se limite pas aux monuments, il englobe aussi l’art, la gastronomie, les coutumes et les modes de vie qui façonnent l’identité d’un peuple. Exploiter cette richesse culturelle est une opportunité exceptionnelle pour booster l’attractivité d’une destination, tout en préservant et en partageant son héritage avec le monde entier.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme culturel représente 40 % des flux touristiques dans le monde. Ce phénomène s’est massivement développé dans les années 1980 et 1990 avec l’accélération de la mondialisation, le développement des classes moyennes – notamment dans les pays émergents – et la réduction du prix des transports, particulièrement de l’aviation.
Un fort intérêt économique pour les pays qui révèle néanmoins la nécessité de conservation et de sauvegarde de ce patrimoine attractif. Attrait économique du tourisme culturel Musées, sites historiques, lieux religieux, gastronomie… l’offre culturelle de chaque pays constitue un atout majeur pour développer le secteur touristique.
Le secteur culturel est un secteur en pleine expansion et pour cause, la richesse culturelle et historique d’un pays ou d’une région peut devenir une véritable mine d’or pour attirer des visiteurs du monde entier
Le tourisme culturel repose sur plusieurs piliers, d’abord il s’agit de mettre en valeur le patrimoine historique, qu’il soit matériel ou immatériel.
Les sites archéologiques, les monuments historiques, les musées, les anciens palais et les places symboliques sont autant d’attractions qui racontent l’histoire d’une région et attire des visiteurs désireux de se plonger dans son passé mais le tourisme culturel ne se limite pas aux pierres et aux édifices, il englobe également les traditions, les savoir-faire, les coutumes, la gastronomie, les festivals et même les rituels spirituels qui font la spécificité d’une communauté. C’est cette dimension vivante de la culture qui permet aux visiteurs de vivre une expérience unique et authentique.
Le Cambodge, seul pays à arborer sur son drapeau un monument, le temple d’Angkor Vat, tire d’importants bénéfices de ce lieu.
La promotion est primordiale
Le rôle de la promotion est également primordial, une campagne de communication efficace ciblant les marchés touristiques intéressés par la culture peut faire toute la différence
Les réseaux sociaux, les blogs de voyages et les influenceurs jouent un rôle majeur dans la promotion des destinations culturelles, il est également important de s’associer avec des tours opérateurs spécialisés dans le tourisme culturel afin de faire connaitre la destination à l’audience internationale. En fin de compte, le tourisme culturel est un vecteur de développement économique et social pour les communautés locales, non seulement il génère des emplois mais il permet aussi de préserver et de transmettre un patrimoine précieux aux générations futures, il offre aux visiteurs une opportunité d’enrichir leur connaissance du monde tout en respectant la diversité et l’histoire des peuples.
L’exploitation de la richesse culturelle et historique d’une région ne doit pas être vu uniquement comme un levier économique mais aussi comme une mission de préservation et de valorisation des trésors humains et historiques qui composent notre héritage mondial.
Dans cette quête de promotion du tourisme culturel, l’équilibre entre développement et préservation est essentiel.
Exploiter le potentiel touristique d’un patrimoine sans le dénaturer doit toujours être la priorité pour garantir que la richesse culturelle et historique qui attire les visiteurs continue de briller pour les générations futures.
H. Z.