Premier missile russe non soviétique

Alors que son mandat se termine, et que son camp politique vient de perdre les dernières élections, cédant notamment la Maison-Blanche à ce que lui-même n’a cessé de présenter comme une menace pour les Etats-Unis, Joe Biden prend une décision à laquelle il s’est toujours refusé : autoriser l’Ukraine à tirer des missiles à longue […]

Nov 24, 2024 - 22:06
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Premier missile russe non soviétique

Alors que son mandat se termine, et que son camp politique vient de perdre les dernières élections, cédant notamment la Maison-Blanche à ce que lui-même n’a cessé de présenter comme une menace pour les Etats-Unis, Joe Biden prend une décision à laquelle il s’est toujours refusé : autoriser l’Ukraine à tirer des missiles à longue portée dans la profondeur russe. On dirait que sa présidence débouchant sur un retentissant échec politique, il a voulu compenser au plan externe en prenant une mesure offensive, de nature à redorer quelque peu son blason en externe, d’autant qu’elle est dirigée contre la Russie. Celle-ci, qui déjà voyait dans les Etats-Unis, et dans d’autres membres de l’Otan, des belligérants non déclarés dans la guerre en Ukraine, a laissé tomber ses dernières préventions en la matière, les considérant désormais comme des ennemis directement engagés contre elle aux côtés des forces ukrainiennes. Si pourtant elle continue à ne s’attaquer qu’à ces dernières, ce n’est pas parce que sur le terrain en réalité il n’y a qu’elles pour lui faire face, mais parce que les Etats-Unis sont pour l’heure dans une phase de transition, le pouvoir en place étant sur le départ, et celui qui s’apprête à le remplacer ayant annoncé au cours de la campagne électorale une autre politique à son endroit.

La Russie ne joindra l’acte à la parole, pour autant qu’elle ait l’intention d’être cohérente avec elle-même, qu’après avoir «essayé» la nouvelle administration américaine, qui ne prendra ses fonctions qu’à partir du 20 janvier de l’année qui vient. Deux mois donc, ou quasiment, à prendre son mal en patience, à se retenir pour ne rien faire à même de transformer la guerre actuelle en une guerre sinon mondiale dès le départ, du moins continentale, c’est-à-dire européenne, dans un premier temps. Le dernier épisode dans cette escalade qui ne dit pas son nom est son tir sur une cible ukrainienne d’un missile de derrière génération, le premier qui ne soit pas le perfectionnement d’une arme soviétique, l’Oreshnik, qu’elle-même qualifie de portée intermédiaire, d’ailleurs contre l’avis des Ukrainiens, qui y voient quant à eux un missile intercontinental. Cette arme non seulement est nouvelle, hypersonique et d’une grande précision mais elle n’est pas interceptable, a tenu à faire savoir le président russe. Il n’empêche, il a fallu attendre des décennies après l’effondrement de l’Union soviétique pour que la Russie se dote enfin d’une arme qui n’y procède pas, qui soit d’une certaine façon en rupture avec elle. Vladimir Poutine a mis autant l’accent sur cet aspect d’innovation et de coupure que sur les performances techniques du missile dernier cri. C’est un peu comme s’il laissait entendre que toutes les autres armes russes, pour bonnes quelles soient, ont néanmoins le défaut d’avoir été conçues sous le régime soviétique. Du temps où la guerre en Ukraine était sans cesse en discussion au sein du Conseil de sécurité, le représentant de l’Ukraine ne désignait pas la fédération de Russie par son nom, mais par cette périphrase : «Le pays occupant le siège de l’Union soviétique», non sans mépris d’ailleurs. La réalité, c’est que du temps de l’Union soviétique, la guerre en Ukraine ne se serait pas produite. Et la Russie ne serait pas à ce point menacée d’invasion par les troupes de l’Otan qu’elle est obligée d’amender sa doctrine nucléaire pour la rendre plus crédible, plus dissuasive.

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