A la recherche d’un faux accord

Il y a encore un mois, tout portait à croire qu’un accord était sur le point d’être conclu entre Israël et le Hamas, lequel devait se réaliser par étapes, mais au terme duquel de toute façon l’ensemble des captifs israéliens seraient libérés en échange de prisonniers palestiniens en nombre plus important, en plus bien entendu […]

Jul 7, 2024 - 21:15
 0
A la recherche d’un faux accord

Il y a encore un mois, tout portait à croire qu’un accord était sur le point d’être conclu entre Israël et le Hamas, lequel devait se réaliser par étapes, mais au terme duquel de toute façon l’ensemble des captifs israéliens seraient libérés en échange de prisonniers palestiniens en nombre plus important, en plus bien entendu du retrait complet de l’armée israélienne de toute la bande de Ghaza. Tel du moins se présentait pour l’essentiel l’accord que les intermédiaires arabes et américains cherchaient à faire passer auprès des deux parties, et pour l’adoption duquel une moitié d’israéliens, peut-être même plus, se tenait sans cesse mobilisée. Toutes les guerres, se plait-on à répéter, se terminent par un cessez-le-feu et donc au bout du compte par un accord. Il n’y aurait pas de raison qu’il en soit autrement de celle qui est en cause, qui a commencé le 7 octobre, et qui dix mois plus tard se poursuit toujours malgré l’énorme disproportion des forces en présence, et bien que le champ de bataille soit devenu un effroyable champ de ruines. A noter au passage que si Ghaza est détruite dans une large mesure, l’aviation et l’artillerie israélienne n’en continuent pas moins de la pilonner de même que si elle était dans son premier état. Seulement cette guerre n’étant pas comme les autres n’est vraisemblablement pas appelée à se terminer comme les autres : par la victoire d’un camp, la défaite de l’autre, et par un accord nécessairement inégal entre les deux.

Il en est de la sorte pour une raison particulière, qui est qu’on ne devrait pas passer un accord quel qu’il soit avec un ennemi qu’on ne se propose pas seulement de vaincre mais d’éliminer purement et simplement. Le gouvernement israélien, sinon sa population, s’est fixé deux objectifs dans cette guerre, l’un d’eux n’étant autre que l’éradication en quelque sorte à titre préliminaire du Hamas. Or on ne peut passer un accord qu’avec un ennemi qui n’est pas éradiqué, même si en fait il a été vaincu. Le seul fait qu’il soit encore en mesure de soutenir une négociation, donc de poser ses propre conditions, et à l’occasion de refuser celles de l’autre partie, prouve qu’il n’a pas été éliminé. C’est déjà plus que n’en peuvent supporter Netanyahou et autres Smotrich. De là leur proposition d’un accord temporaire. Un cessez-le-feu limité dans le temps interviendrait, au cours duquel on échangerait ce qu’on a à échanger, à la suite de quoi les hostilités reprendraient de plus belle. On ne peut que s’étonner qu’on ait pu formuler pareille proposition. Pourtant, si en Israël, il y a encore quelque chose sur quoi une entente est possible, c’est bien sur un cessez-le-feu provisoire, destiné à durer le temps de récupérer ses prisonniers. Ce sont les Américains, mais aussi sans doute les intermédiaires arabes, qui n’aimeraient pas négocier un accord de cette nature, c’est-à-dire un évident faux accord, sans même parler des Palestiniens. L’administration américaine en est à la recherche d’un qui fasse arrêter la guerre mais qui puisse aussi tenir jusqu’à la réélection de Joe Biden, qui elle ne pourra être effective qu’un certain 5 novembre. Quatre mois donc à tenir, et encore, dans la mesure où l’accord est conclu dans l’immédiat. Des deux candidats en lice, il n’y a qu’un seul qui ait intérêt à un cessez-le-feu susceptible de se prolonger au moins jusqu’à l’élection, et c’est Biden. L’intérêt de Trump, c’est tout le contraire, que la guerre se poursuive, et que ce faisant elle l’aide à battre Biden.

 

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow