L’école buissonnière au 3e trimestre : Les candidats au bac préfèrent les cours particuliers

A trois semaines de l’examen du baccalauréat, des élèves de terminale ont déjà commencé à déserter les classes, avant même l’arrêt officiel des cours, pour suivre des cours de soutien particuliers ou pour se consacrer à la révision en groupe. Les enseignants désespèrent et déplorent une inquiétante hausse d’absentéisme pour le reste du troisième trimestre. […] The post L’école buissonnière au 3e trimestre : Les candidats au bac préfèrent les cours particuliers appeared first on Le Jeune Indépendant.

Mai 22, 2024 - 02:20
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L’école buissonnière au 3e trimestre : Les candidats au bac préfèrent les cours particuliers

A trois semaines de l’examen du baccalauréat, des élèves de terminale ont déjà commencé à déserter les classes, avant même l’arrêt officiel des cours, pour suivre des cours de soutien particuliers ou pour se consacrer à la révision en groupe. Les enseignants désespèrent et déplorent une inquiétante hausse d’absentéisme pour le reste du troisième trimestre.

Un phénomène qui a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années. Une bonne partie des élèves candidats à l’examen du bac en Algérie ne va plus au lycée. Cette pratique répétitive à l’approche de chaque examen de baccalauréat est devenue préoccupante.

La tendance s’observe déjà dans plusieurs établissements secondaires, où les élèves n’ont pas rejoint les bancs d’école après les vacances de printemps, soit depuis le début du troisième trimestre. Ils ont fait le choix de rejoindre les cours particuliers.

Pis encore, les chefs d’établissement tolèrent ces absences et ne convoquent pas toujours les parents d’élèves. Or, explique Bachir Hakem, pédagogue et ancien enseignant de mathématiques, un élève qui s’absente au troisième trimestre n’aura plus le droit de refaire l’année. « Les chefs d’établissement ont établi cette règle mais cela ne suffit pas car elle n’est pas appliquée sur le terrain », a regretté Bachir Hakem.

Contacté par le Jeune Indépendant, M. Hakem a mis en garde contre le phénomène d’absentéisme des élèves en classe de terminale. « L’absentéisme du troisième trimestre est devenu un phénomène courant dans l’éducation depuis l’instauration du seuil des programmes », a indiqué le pédagogue, ajoutant que : « les enseignants prévoient à l’avance les sujets similaires à ceux proposés au bac, et maintenant, ils ne le disent pas uniquement à leurs élèves, ils vont même sur les plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux pour annoncer cela. »

Il impute la responsabilité des absences aux parents d’élèves, mais aussi aux chefs des établissements scolaires, lesquels tolèrent cette situation.

Convaincus que les enseignants ne donnent pas tout en classe, les élèves de terminale ont recours à des cours particuliers. Certains ont affirmé ne plus pouvoir suivre le rythme des professeurs. « En classe, les enseignants expliquent leurs cours avec une cadence relativement élevée, ce qui nous empêche de suivre correctement et de comprendre les leçons », déplore un élève de terminale.

« Au cours du troisième trimestre de chaque année scolaire, la plupart des élèves de la troisième année secondaire, c’est-à-dire ceux qui sont appelés à passer l’examen du baccalauréat, ne suivent pas les cours de manière régulière dans leurs établissements. Ils s’absentent et préfèrent suivre des cours particuliers », a déploré Sarah, enseignante de langue française à Boudouaou

Contacté par le Jeune Indépendant, l’institutrice a affirmé que les élèves de terminale ont commencé à quitter crescendo les bancs des classes au point que ces dernières se sont vidées en ce mois de mai. Selon elle, ce relâchement était prévisible. « Nous avions déjà constaté l’an dernier un manque d’assiduité. L’absentéisme progresse chaque année par rapport aux années précédentes, et à l’approche de l’examen du bac, je crains que cela n’empire », a-t-elle confié, ajoutant que la présence des élèves varie d’un jour à l’autre. Elle a également fait savoir que les élèves ont même tendance à choisir à quels cours ils souhaitent assister, par rapport à l’enseignant.

« Il est arrivé de me retrouver avec seulement cinq ou six élèves, et cette situation me décourage pour donner mon cours. Franchement, c’est désolant de voir des élèves de classe d’examen sécher les cours et, parfois, ne pas faire leurs devoirs », a regretté l’enseignante.

 

Une révision des programmes indispensable

 

Pour ce qui est des raisons derrière la prolifération de ce phénomène, le pédagogue Hakem évoque le recours des élèves aux cours particuliers. « A l’approche de l’examen, les élèves vont faire des cours particuliers dans toutes les matières. Aussi, ils sont contraints de s’absenter », a-t-il fait savoir.

M. Hakem a affirmé que 90 % des sujets portent depuis plusieurs années sur les cours dispensés au premier et au deuxième trimestre. « C’est la raison qui pousse les élèves à ne plus s’intéresser aux cours du troisième trimestre », a-t-il indiqué.

Pour combattre ce phénomène, M. Hakem recommande en premier lieu de s’éloigner du baccalauréat politique et se rapprocher d’un baccalauréat pédagogique. Pour cela, a-t-il suggéré, il faut tout revoir depuis le cycle primaire et revenir à un enseignement de qualité et non de quantité.

Selon M. Hakem, il faut revoir également les programmes et les sujets pour avoir des élèves qui ont un bon niveau et donc ne penseront plus à déserter les classes au troisième trimestre.

Il a également recommandé de créer des passerelles pour les élèves dont le niveau est très bas et non aptes à faire de longues études, créer de grandes écoles pour les plus doués pour ne plus parler de déperdition scolaire, car tout le monde, a-t-il dit, sera ainsi récupéré quel que soit son niveau.

« Donc, c’est une grande réforme à tous les niveaux qui doit être faite pour redonner de la crédibilité à l’enseignant et à l’examen, mais il faut surtout donner plus de moyens à l’école publique », a-t-il souligné.

 

 

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