Son prix dépasse les 600 DA : La banane otage de la spéculation

En ce début de ramadhan, période supposée constituer une occasion propice à la solidarité sociale, le prix de la banane s’est envolé encore une fois. Le prix de ce fruit exotique, dont le commerce international est depuis toujours monopolisé par des multinationales américaines et européennes, n’a pourtant jamais dépassé un certain seuil au niveau des hypermarchés partout en Europe. Alors qu’en Algérie, la banane est devenue un produit de luxe hors de portée des familles aux revenus modestes. Elle est vendue entre 600 et 700 DA le kilo, suscitant de nombreuses interrogations à propos de la régulation du marché et au sujet des raisons de cette soudaine flambée. Est-ce un défi lancé en direction des autorités, qui avaient assuré bien avant le début du mois sacré que des mesures allaient été prises pour éviter les hausses excessives des prix des denrées alimentaires ? Mais par qui ? Par les importateurs de bananes, qui contrôlent le marché local ? Ces derniers possèdent-ils réellement ce pouvoir, alors qu’ils ne constituent en fait que des sous-traitants à la solde des traders européens, Italiens et Espagnols ? Ce n’est pas la première fois que cette situation ait lieu. En 2023, elles ont été affichées dans les marchés de détail à plus de 800 dinars le kilo, avant d’atteindre jusqu’à 1 000 dinars dans certains endroits huppés de la capitale. Certains avis avaient estimé que c’était là, l’impact des restrictions imposées aux importations décidées par le ministère du Commerce du temps de Kamel Rezig. Loin d’être inédite, elle a été vécue durant l’été 2022, lorsque le kilo de bananes avait atteint le seuil des 1 000 dinars ; un niveau jamais atteint depuis la libération du marché de ce fruit tropical en 2001. Pour faire face à cette situation, Tayeb Zitouni avait réuni les importateurs afin de leur exposer les nouvelles procédures d’importation de bananes et cela pour assurer la disponibilité de ce fruit à longueur d’année.  Dans un premier temps, Tayeb Zitouni avait affirmé que l’octroi du document de domiciliation bancaire d’importation de bananes s’effectuera dorénavant « conformément à un nouveau cahier des charges ». Le président de l’Association d’orientation et de protection du consommateur et son environnement avait même lancé un appel aux pouvoirs publics afin de suivre l’itinéraire des stocks importés, du port jusqu’aux détaillants. Une mission presque impossible ! Ces dernières années, les importations ont toujours été revues à la hausse, sans que cela ne puisse stabiliser le prix de la banane. Mustapha Zebdi accuse les importateurs et les grossistes. « Il n’y a pas photo, c’est de la spéculation pure et simple », a-t-il affirmé.  « Selon lui, les prix internationaux n’ayant pas connu de hausse significative, rien ne justifie une telle explosion des prix en Algérie, si ce n’est la volonté de certains d’augmenter leurs marges de manière excessive ». Le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, a déjà fait face à des situations similaires. Cette année, il a promis des sanctions sévères contre les spéculateurs. On estime les besoins de l’Algérie à 200 000 tonnes annuellement, avec une facture qui peut dépasser parfois les 100 millions de dollars. Actuellement, le marché est dominé par cinq importateurs qui monopolisent un des segments les plus juteux. Concentrés au centre du pays, ils contrôlent l’ensemble de la filière en imposant leur loi.

Mohamed Mebarki

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