Khaled Basta : « Avec le robot-pompier, nous sommes les seuls en Afrique et dans les pays arabes ».

Khaled Basta est expert en sécurité incendie international et fondateur de BK Fire, une entreprise spécialisée dans la fabrication de matériels de lutte et de protection anti-incendie. Avec son robot-pompier Icosium, le premier du genre en Afrique et dans le monde arabe, l’entrepreneur algérien est présent pour la première fois à Paris, dans le cadre du salon Viva Technology. Nous sommes allés à la rencontre de ce quadragénaire plein d’ambition et pionnier dans l’innovation robotique, en Algérie.

Vous êtes présent à Paris avec votre robot-pompier Icosium. Pourriez vous nous le présenter ?

Khaled Basta : En 2019, j’ai créé un bureau de recherche et de développement (R&D) qui a permis de concevoir un robot-pompier qui a été finalisé en novembre 2021. Il fonctionne à l’énergie électrique à l’aide de batterie en lithium. L’autonomie est de 6 heures. On peut éteindre un incendie horizontal à 80 mètres et en vertical à 45 mètres. Il dispose aussi d’une télécommande qui peut s’activer jusqu’à 300 mètres. Cela signifie que l’on est loin de l’incendie et que cela protège les sapeurs pompiers. On peut utiliser le robot dans des endroits confinés, dangereux ou à risque comme les tunnels ou les hangars pour assurer l’extinction et le refroidissement. Icosium est par ailleurs doté d’un système d’intelligence artificielle. S’il y a beaucoup de fumée, la caméra thermique détecte le foyer et l’intelligence artificielle prend le relais pour faire le balayage automatique. Il peut ainsi repérer une silhouette humaine ou un blessé. Une alarme se déclenche alors pour une intervention humaine. Sur le robot, on peut également enlever le canon à eau pour installer un brancard. 

Ce robot est-il 100% algérien ?

Oui. Ce sont des universitaires et des techniciens algériens qui l’ont conçu. Nous sommes une équipe de 47 personnes dont 9 pour le seul bureau R&D. Nous sommes fiers de montrer au public qu’on peut réussir en Algérie avec les moyens du bord car nous nous finançons et n’avons pas de crédit externe.

Existe-t-il des concurrents en Afrique ?

Nous sommes les seuls sur le continent et dans les pays arabes. 

Votre produit est opérationnel depuis 2021. A-t-il été sur le terrain lors des terribles feux de forêts de 2023 ?

Ce robot est destiné aux incendies. Nous sommes en train de travailler sur un second prototype pour lutter contre les feux de forêt. Il devrait voir le jour en novembre prochain. 

Quelle sera la différence entre les deux robots ?

Le modèle a venir dispose d’un moteur diesel. Il est plus puissant. Son autonomie sera supérieure à 24 heures. Il aura un réservoir d’eau d’une capacité de 800 litres qui pourra éteindre les débuts d’incendie. Il sera aussi capable d’extraire la fumée dans un tunnel ou dans un hangar.

Qui sont vos clients actuels ?

Ce sont la Protection Civile, la Sonelgaz ou la Sonatrach. Par notre présence à Paris, nous visons les sociétés européennes.

C’est votre première participation au salon Viva Technology. Quel a été le regard des professionnels du monde entier sur votre robot ?

Ils étaient étonnés que ce soit fabriqué en Algérie.Certains confrères algériens le sont aussi car nous n’avons pas l’habitude de travailler dans la robotique et dans l’innovation. On a voulu relever ce défi et placer la barre haute. 

Avez-vous pu nouer des contacts commerciaux ?  

Il y a une entreprise chinoise qui est intéressée pour distribuer notre produit dans deux pays en Afrique, deux en Asie et un en Europe. On sait comment fabriquer et eux comment vendre. C’est chacun son métier. J’ai aussi des contacts avec des sociétés française, espagnole, allemande et polonaise. C’est après le salon que cela va porter ses fruits.

Vous êtes un peu la « star » du pavillon algérien. Comment a réagi le public algérien qui est venu vous rendre visite ?

C’est la fierté algérienne. Il y a 32 startups présentes qui prouvent qu’on existe. C’est maintenant qu’il faut créer le buzz pour nous donner de la force. On espère qu’on s’unira avec nos compatriotes de la diaspora. Nous avons l’expérience du terrain algérien et eux de l’international. On peut conquérir le monde. C’est le moment.

Entretien réalisé par Nasser Mabrouk

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