Ramadhan: le vieux marché "Er-Rahba" de Batna, mémoire de la ville et destination préférée des jeûneurs

BATNA - Même si l'activité commerciale s'est considérablement développée, au fil des ans, à Batna, le marché séculaire d'Er-Rahba reste la destination préférée des jeûneurs, hommes et femmes, au moment des emplettes du mois sacré de Ramadhan. Ce marché quelque peu suranné, spécialisé dans la vente des différents ingrédients réclamés par la ménagère batnéenne pour concocter son menu du F'tour, propre un large bouquet de toutes sortes de senteurs. L'on y trouve de tout : épices, plantes aromatiques, huiles, dattes, Frik (grains de blé vert torréfiés et concassés), gruau, ainsi que des ustensiles traditionnels de cuisine en terre cuite ou en bois. Calme et paisible tout au long de l'année, "Er-Rahba" se transforme en véritable ruche à l'approche et pendant le mois sacré. Que l'on soit homme ou femme, il faut jouer des coudes pour accéder aux étals tant l'afflux est important, d'autant que les visiteurs y viennent de tous les quartiers de la capitale des Aurès, des communes et même de wilayas voisines. C'est à croire que les épices, le frik, le gruau et autres aromates ont une saveur particulière lorsqu'ils proviennent d'Er-Rahba, selon certaines ménagères croisées par l'APS dans les allées de ce marché si particulier. En fait, quiconque visite cet ancien marché datant de plus d'un siècle, est ébloui par le caractère unique de l'endroit. Au delà d'être un marché populaire où dominent les épices, les dattes, les ustensiles en terre cuite, les fameux "tadjines" servant à la cuisson de la galette, ce lieu ancien représente aussi un point de repère résumant l'histoire, la culture et les traditions de la ville. Situé au cœur de l'agglomération de Batna, "Er-Rahba" a, selon des documents de référence, été établi en 1841. Ce marché se trouve juste derrière la bâtisse du théâtre régional, inaugurée en tant que salle de spectacle en 1899. "Er-Rahba" est formée de 46 petites échoppes alignées de part et d'autre d'une étroite allée.   Les gérants des boutiques rivalisent d'ingéniosité dans la décoration   De nombreux commerçants d'Er-Rahba, surtout les anciens comme Amar Sersar et Lamine Lebaâl, soulignent que ce marché antique doit sa renommée à sa longue histoire, vu que c'est le "plus vieux" et que les vendeurs qui y activent connaissent parfaitement leur métier, un métier transmis de père en fils depuis plusieurs générations. Car, s'exclame Amar Sersar, notez bien que c'est un métier que le premier venu ne peut pas exercer ! Il faut savoir mélanger les épices, les "marier" pour obtenir de subtiles déclinaisons et donner le goût parfait aux plats que l'on cuisine chez soi. Les deux commerçants soulignent que "l'affluence à Er-Rahba, déjà importante tout le long de l'année, s'accroît de façon notable durant la dernière semaine de Chaâbane et tout au long du mois sacré". Ils tiennent aussi à rappeler que le marché d'Er-Rahba n'est pas uniquement fréquenté par les gens de Batna, mais aussi par des citoyens issus de nombreuses communes, de wilayas de l'Est du pays et par des touristes étrangers friands de senteurs exotiques. Le marché d'Er-Rahba offre également une sorte de mariage entre l'ancien et le nouveau, de jeunes commerçants ayant introduit de nouveaux produits et de nouvelles épices qui semblent convenir aux ménagères. Selon Fayçal Abdelaziz, un jeune vendeur, les femmes d'aujourd'hui, adeptes de programmes de télévision parfois étrangers, préfèrent diversifier leur cuisine sans toutefois renoncer aux épices de "grand-mère" et à certains produits traditionnels qui restent incontournables et qui sont bien visibles à Er-Rahba, comme le Aïch (berkoukès), le couscous, le Matloue (galette au levain) et la Kesra, qu'ils soient préparés avec de la semoule, du blé ou de l'orge. Le marché d'Er-Rahba de Batna est un véritable havre aux mille senteurs où se réfugient volontiers les jeûneurs nostalgiques des effluves du Ramadhan de jadis. Un lieu quelque peu vieillot, désuet, mais qui résiste vaillamment aux "scintillements" des magasins du centre-ville, autrement mieux achalandés mais où l'on ne retrouve pas cette atmosphère si particulière qui donne tout son charme au mois sacré de Ramadhan.

Mars 9, 2025 - 14:01
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Ramadhan: le vieux marché "Er-Rahba" de Batna, mémoire de la ville et destination préférée des jeûneurs
Ramadhan: le vieux marché "Er-Rahba" de Batna, mémoire de la ville et destination préférée des jeûneurs

BATNA - Même si l'activité commerciale s'est considérablement développée, au fil des ans, à Batna, le marché séculaire d'Er-Rahba reste la destination préférée des jeûneurs, hommes et femmes, au moment des emplettes du mois sacré de Ramadhan.

Ce marché quelque peu suranné, spécialisé dans la vente des différents ingrédients réclamés par la ménagère batnéenne pour concocter son menu du F'tour, propre un large bouquet de toutes sortes de senteurs. L'on y trouve de tout : épices, plantes aromatiques, huiles, dattes, Frik (grains de blé vert torréfiés et concassés), gruau, ainsi que des ustensiles traditionnels de cuisine en terre cuite ou en bois.

Calme et paisible tout au long de l'année, "Er-Rahba" se transforme en véritable ruche à l'approche et pendant le mois sacré. Que l'on soit homme ou femme, il faut jouer des coudes pour accéder aux étals tant l'afflux est important, d'autant que les visiteurs y viennent de tous les quartiers de la capitale des Aurès, des communes et même de wilayas voisines.

C'est à croire que les épices, le frik, le gruau et autres aromates ont une saveur particulière lorsqu'ils proviennent d'Er-Rahba, selon certaines ménagères croisées par l'APS dans les allées de ce marché si particulier. En fait, quiconque visite cet ancien marché datant de plus d'un siècle, est ébloui par le caractère unique de l'endroit.

Au delà d'être un marché populaire où dominent les épices, les dattes, les ustensiles en terre cuite, les fameux "tadjines" servant à la cuisson de la galette, ce lieu ancien représente aussi un point de repère résumant l'histoire, la culture et les traditions de la ville.

Situé au cœur de l'agglomération de Batna, "Er-Rahba" a, selon des documents de référence, été établi en 1841. Ce marché se trouve juste derrière la bâtisse du théâtre régional, inaugurée en tant que salle de spectacle en 1899. "Er-Rahba" est formée de 46 petites échoppes alignées de part et d'autre d'une étroite allée.

 

Les gérants des boutiques rivalisent d'ingéniosité dans la décoration

 

De nombreux commerçants d'Er-Rahba, surtout les anciens comme Amar Sersar et Lamine Lebaâl, soulignent que ce marché antique doit sa renommée à sa longue histoire, vu que c'est le "plus vieux" et que les vendeurs qui y activent connaissent parfaitement leur métier, un métier transmis de père en fils depuis plusieurs générations.

Car, s'exclame Amar Sersar, notez bien que c'est un métier que le premier venu ne peut pas exercer ! Il faut savoir mélanger les épices, les "marier" pour obtenir de subtiles déclinaisons et donner le goût parfait aux plats que l'on cuisine chez soi.

Les deux commerçants soulignent que "l'affluence à Er-Rahba, déjà importante tout le long de l'année, s'accroît de façon notable durant la dernière semaine de Chaâbane et tout au long du mois sacré".

Ils tiennent aussi à rappeler que le marché d'Er-Rahba n'est pas uniquement fréquenté par les gens de Batna, mais aussi par des citoyens issus de nombreuses communes, de wilayas de l'Est du pays et par des touristes étrangers friands de senteurs exotiques.

Le marché d'Er-Rahba offre également une sorte de mariage entre l'ancien et le nouveau, de jeunes commerçants ayant introduit de nouveaux produits et de nouvelles épices qui semblent convenir aux ménagères.

Selon Fayçal Abdelaziz, un jeune vendeur, les femmes d'aujourd'hui, adeptes de programmes de télévision parfois étrangers, préfèrent diversifier leur cuisine sans toutefois renoncer aux épices de "grand-mère" et à certains produits traditionnels qui restent incontournables et qui sont bien visibles à Er-Rahba, comme le Aïch (berkoukès), le couscous, le Matloue (galette au levain) et la Kesra, qu'ils soient préparés avec de la semoule, du blé ou de l'orge.

Le marché d'Er-Rahba de Batna est un véritable havre aux mille senteurs où se réfugient volontiers les jeûneurs nostalgiques des effluves du Ramadhan de jadis. Un lieu quelque peu vieillot, désuet, mais qui résiste vaillamment aux "scintillements" des magasins du centre-ville, autrement mieux achalandés mais où l'on ne retrouve pas cette atmosphère si particulière qui donne tout son charme au mois sacré de Ramadhan.