Randonnée: Tigzirt, un pôle propice pour développer le tourisme dans la wilaya de Tizi Ouzou

Les randonneurs de Mizrana, à leur tête Lounes Ghezali, ont eu l’amabilité de nous inviter à une escapade au niveau de la daïra de Tigzirt.

Par Hafit Zaouche

Les randonnées sont aussi une occasion, pour nous, de découvrir le maximum de contrées de notre pays. Nous sommes des amateurs de la construction de ponts entre les différentes régions de notre vaste pays. Les randonnées permettent tout cela. elles sont magiques.
L’invitation de nos homologues de Mizrana est une aubaine pour nous et le meilleur cadeau à offrir à un randonneur est de l’inviter à découvrir un nouveau circuit, synonyme de nouvelles sensations et de nouvelles découvertes.
Nous avons pris la route à 4 heures du matin direction Mizrana, passant par El Kseur, Adekar, Yakouren, Freha, Makouda.
Nous étions à l’heure au rendez-vous de 8h30 au niveau de Tawwurt n Tbernust, appelé communément la crête. C’est de là que notre escapade a démarré.
Nous n’avons pas tardé à rentrer dans le massif de Mizrana, une forêt constituée principalement de chêne-liège.
Notre parcours fut ainsi : La crête (Tawwurt n Tbernust), Azru bwar (Azroubar), ait Saïd, tamazirt ourabah, le3zayeb, tassalast. Un itinéraire de 18 km

Azru bwar (Rocher du lion) : un lieu… une histoire
Avec une façade maritime (Mizrana surplombe la grande bleue), une crête montagneuse boisée, cette localité peut attirer des touristes de tous les coins d’Algérie et du monde.
En effet, à l’entrée de cette commune, nous sommes frappés par la beauté éclatante qu’offre ce spectacle d’une flore verdoyante. C’est là que commence le massif forestier de Mizrana qui s’étend jusqu’à Boumerdès, couvrant tout le versant maritime.
Azru bwar, modifié pour devenir Azroubar, est situé dans la commune de Mizrana, à une dizaine de kilomètres au sud de Tigzirt.
Azru bwar est construit autour de mythes et de légendes

«Les dards du Talion», roman de Mohand Arezki Azzouz :
une histoire de
vendetta, entre
légende et réalité
L’histoire du village Azru bwar, dans la commune de Mizrana, est basée sur un mythe qui a interpellé l’écrivain Mohand Arezki Azzouz pour écrire un roman intitulé «Les dards du Talion».
L’histoire en elle-même est tirée d’un mythe fondateur d’un village, Azroubar, dont les premiers occupants sont venus d’un autre village, Arbi, tous les deux de la même région de Tigzirt, chassés pour une histoire de vendetta.
A cette géographie réelle, se superpose une bouleversante légende, celle d’Umjane, le personnage principal. Cette histoire, racontée toujours avec ce souffle épique, s’enrobe de choses réelles et de celles imaginées. Elle possède tous les ingrédients des contes kabyles anciens.

Ait Saïd, chef de la commune de Mizrana / Un village chargé de mythes et d’histoire
Nous avons remarqué en parlant avec notre guide et les gens que nous a vons pu rencontrer que toute la région de Tigzirt est construite sur des mythes. Ait Said est le chef-lieu de la commune de Mizrana, village où se confondent la mythologie et l’Histoire. Un village qui regorge de sites qui alimentent des mythes conservés par la tradition orale jusqu’à aujourd’hui. A Aït Saïd, les villageois observent encore des rituels qui tirent leur origine de légendes anciennes. Tabourth N Mhand Ouhand, le cimetière de Timezguida, Azrou Oubakhikh et d’autres places continuent d’alimenter le récit mythologique au passé infini. En plus des racines mythiques, Aït Saïd est un village pittoresque, habillé d’une intense verdure, situé sur la crête du massif forestier du Mizrana qui s’étend de Tigzirt à Dellys.

Tabourth N Mhand Ouhand
C’est un lieu situé sur les hauteurs du village. Il est la porte d’entrée du massif forestier de Mizrana qui s’étend jusqu’à Dellys. Une petite bâtisse en pierres ouvre ses fenêtres vers la mer Méditerranée. Selon notre guide Lounès Ghezali, écrivain spécialiste de la période ottomane, ces fenêtres servaient aux villageois pour surveiller la mer. Les pirates montaient jusqu’aux villages pour voler des enfants et des femmes afin d’en faire des esclaves. D’ailleurs, poursuit-il, l’ancien village Aït Saïd a été construit en dessous d’une colline comme s’ils voulaient se cacher à la vue des pirates. Les anciens ne construisaient jamais face à la mer.
Tigzirt, avec son centre-ville enchâssé entre mer, plages, promontoire et collines qui l’entourent, est louée en Algérie pour la beauté de ses paysages naturels (îlot de Tigzirt). Elle dispose d’un patrimoine archéologique notoire (vestiges de la cité romaine et la basilique byzantine), cumulant des bâtiments romains encore dressés, des vestiges endommagés, et des champs de ruines de la même époque largement présents sur son territoire.
Avec une façade maritime de 38 km et des potentialités naturelles attractives, notamment
l’îlot, le nouveau port de pêche et de plaisance, des sites historiques et archéologiques, dont les ruines romaines, le mausolée de Taksebt, et la forêt de Mizrana, la daïra de Tigzirt constitue un pôle propice pour le développement du tourisme dans la wilaya de Tizi Ouzou.
La plage Tassalast se situe à 2 kilomètres à l’ouest du centre de la ville de Tigzirt. Sa partie ouest est bordée par un petit maquis, la plage fait 1 000 mètres de long.

Lounès Ghezali, un écrivain passionné de randonnée
Lounès Ghezali est l’un des écrivains les plus prometteurs de la nouvelle vague de romanciers algériens. Originaire et résidant dans la commune de Mizrana, dans la région de Tigzirt (wilaya de Tizi Ouzou), il est à son troisième roman.
Intitulé «La dernière escale», le nouveau roman de Lounès Ghezali vient d’être publié par les éditions Frantz-Fanon que dirige le talentueux écrivain-journaliste, Amar Ingrachen.
Il était programmé que l’on termine notre sortie au niveau de la sublime plage de Tassalast, mais on ne pouvait pas s’empêcher de déambuler en plein cœur de Tigzirt sur mer, profitant du charme du port de Tigzirt et de l’excellente ambiance qui le caractérise où nous avons rencontré des familles venues des quatre coins du pays. Cette présence en force des familles a donné un charme particulier au port de Tigzirt.
Après le port, nous avons visité les ruines romaines avant de nous rendre au musée de Tigzirt.
Vers 17h, nous avons pris le chemin vers Béjaia, choissisant de passer par le littoral, notamment Azeffoun et Beni Ksila.
La randonnée fut inoubliable.
La région de Tigzirt est très belle. Un parcours à faire absolument. H. Z.