Trump manqué de très peu

Partout ailleurs qu’aux Etats-Unis une tentative d’assassinat fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Ce n’est pas tout à fait ainsi qu’elle se présente dans ce pays, où les armes à feu sont en vente libre, et où les fusillades dans les lieux publics sont monnaie courante. Par ailleurs, il y a le contexte politique tendu dans lequel s’est produite celle ayant visé Donald Trump, samedi dans l’Etat de Pennsylvanie, lors d’un meeting de campagne ; contexte marqué par une polarisation extrême, comme les Etats-Unis n’en ont probablement jamais connu, sinon à la veille de la Guerre civile. Trump a échappé à l’attentat, mais il s’en est fallu de peu qu’une des balles tirées dans sa direction ne l’atteigne au crâne, elle qui a traversé son oreille droite. Tous ceux qui sont venus l’écouter et qui avaient pris place derrière lui n’ont pas eu cette chance : un est mort, et deux autres ont été grièvement blessés. Quelque temps plus tard, le FBI se décidait à qualifier le fait de tentative d’assassinat, ce que Joe Biden s’exprimant avant lui depuis la Maison-Blanche avait refusé de faire, invoquant le manque de faits à l’appui de cette caractérisation.

L’auteur de l’attentat, abattu par les agents attachés à la sécurité de Trump au titre d’ancien président des Etats-Unis, est identifié, c’est un jeune homme de 20 ans, appelé Thomas Matthew Crooks, enregistré comme un républicain, un détail qui n’est pas sans détonner. L’attentat survient à la veille de la Convention républicaine, qui s’ouvre aujourd’hui à Milwaukee dans le Wisconsin, une grand-messe organisée pour désigner officiellement Trump candidat du parti à la présidentielle du 5 novembre. Aussi impressionnante que puisse être cette tentative d’assassinat, elle ne dit rien sur l’issue de cette compétition, la deuxième à se présenter avec la même affiche et seulement quatre années plus tard, ce qui en soi arrive pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis. On se prend néanmoins à se dire que ce serait justice qu’un crime raté profite d’abord à sa victime. D’autant que le but de son auteur n’est probablement pas de liquider physiquement Trump, par haine de lui, mais de l’empêcher d’aller jusqu’au bout de la course, car en mesure de la remporter, dans la mesure bien sûr où il n’appartienne pas à cette catégorie de cinglés incapables de résister au plaisir de tuer des personnes haut placées. Pour l’heure on ne peut exclure que Trump au bout du compte perde, même si le sentiment général est qu’il a d’ores et déjà gagné, ayant échappé à une tentative d’assassinat caractérisée. Le fait est que Trump n’avait pas besoin
d’être l’objet d’un attentat pour devenir le candidat indiscutable de son camp, cela il l’était depuis le début, encore qu’il s’en trouve des républicains pour voir en lui une malédiction pour la maison commune. Que l’un d’eux pris de désespoir ait décidé de se sacrifier pour le salut de tous se conçoit facilement. Sa jeunesse elle-même serait pour conforter ce point de vue, en dépit du fait qu’elle semble l’infirmer plutôt. Evidemment, s’il avait été attrapé vivant, il aurait été plus facile d’en savoir plus long sur ses motivations réelles. Mais il a été abattu sur-le-champ, à croire qu’il était dans le collimateur avant même qu’il n’ait tiré son premier coup de feu.