Commission « Histoire et Mémoire » : Les conclusions de sa 5ème session aujourd’hui
Le contentieux de la mémoire lié à la période coloniale est l’une des causes fondamentales de l’envenimation des relations entre l’Algérie et la France, les deux parties portant un regard opposé à celui de l’autre, sur cette période. La commission conjointe, dite « Histoire et Mémoire », une des actions concrètes entreprises dans le sillage de la […] The post Commission « Histoire et Mémoire » : Les conclusions de sa 5ème session aujourd’hui first appeared on L'Est Républicain.
Le contentieux de la mémoire lié à la période coloniale est l’une des causes fondamentales de l’envenimation des relations entre l’Algérie et la France, les deux parties portant un regard opposé à celui de l’autre, sur cette période. La commission conjointe, dite « Histoire et Mémoire », une des actions concrètes entreprises dans le sillage de la dernière visite du président Emmanuel Macron en Algérie, est-elle en train de trouver enfin le bon chemin vers la réconciliation mémorielle ? Force est de constater qu’elle y travaille, dans la sérénité et la discrétion. Aujourd’hui, la commission animera une conférence de presse, à partir de 14 heures, aux Archives nationales à Alger, lors de laquelle seront présentés les conclusions et résultats de la cinquième rencontre, tenue le 22 et le 23 mai, après la quatrième, qui a eu lieu le 25 février dernier. Ladite rencontre permettra notamment à la partie algérienne de recenser le patrimoine matériel, pillé par les colonisateurs français entre 1830 et 1962. Mohamed Lahcen Zeghidi, coordinateur de la commission côté algérien, avait auparavant indiqué que celle-ci « dispose désormais de toutes les informations nécessaires sur le patrimoine matériel pillé par le colonisateur français, tout au long de sa présence en Algérie », avoir visité les différents centres et institutions d’archives civiles et militaires spécialisés à Paris. En attendant la nature de ces conclusions, il est utile de rappeler qu’après une réunion en session plénière, le 24 janvier, aux Archives nationales de Paris et après s’être déplacée en douze lieux, en région parisienne et en Provence, la commission avait rendu un communiqué public, le 3 février (voir notre édition du 10 février 2024), dans lequel sont listées neuf « préconisations soumises aux deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron », dans le cadre de sa mission, qui est de « purger le contentieux mémoriel ». Ces préconisations portent en gros sur la restitution des archives datant de l’époque ottomane, ainsi que sur « une liste ouverte de biens symboliques, comme ceux ayant appartenu à l’Émir Abdelkader, à Ahmed Bey et à d’autres personnalités algériennes. » Outre la restitution des archives et de biens à valeur symbolique, la Commission mixte préconise de « réaliser des expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle, à partir des fonds d’archives présents dans les musées de France et d’Algérie ». Elle propose en particulier que l’exposition sur l’Émir Abdelkader, réalisée au Mucem 2022, soit également présentée dans un musée d’Algérie. Les livres, publiés en arabe, en Français et dans d’autres langues, sur l’histoire coloniale de la France en Algérie, feront aussi l’objet d’un recensement « pour permettre l’identification d’ouvrages qui seraient numérisés ou encore à traduire. » La quatrième, cinquième et sixième proposition portent respectivement sur une bibliographie et un portail numérique, selon les dispositions retenues à Constantine, ainsi que sur l’échange de doctorants et chercheurs algériens en France et chercheurs français en Algérie, afin de participer à l’inventaire et l’étude des archives de la période coloniale, dès la rentrée universitaire 2024-2025. Quant au très délicat point relatif aux cimetières des détenus algériens du XIXe siècle en France, la commission coprésidée par Mohamed Lahcéne Zeghidi et Benjamin Stora, indique qu’elle s’est « entendue pour poursuivre l’identification et le recensement des cimetières, des tombes et des noms des détenus algériens décédés et enterrés en France au XIXe siècle et de valoriser ces lieux de mémoire, par l’apposition de plaques commémoratives en une douzaine de lieux. En deux années de travail, loin des médias, la commission « Histoire et Mémoire » semble être parvenue à faire tomber le mur de la méfiance, grâce à ces premières préconisations et conclusions. Il s’agit désormais d’aller plus vite et plus loin sur la voie du déminage de ce dossier, qui continue de lester lourdement les rapports entre Alger et Paris.
H. Khellifi
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