Arrestations
Après près de deux décénnies durant lesquelles presque tout réussissait au président turc Recep Tayyip Erdogan et durant lesquelles il a inlassablement avec son parti enchaîné les victoires électorales, les électeurs ont commencé doucement mais sûrement à se détourner de lui. Le plus grand camouflet ayant été infligé en 2019, lors de la défaite à […]
Après près de deux décénnies durant lesquelles presque tout réussissait au président turc Recep Tayyip Erdogan et durant lesquelles il a inlassablement avec son parti enchaîné les victoires électorales, les électeurs ont commencé doucement mais sûrement à se détourner de lui. Le plus grand camouflet ayant été infligé en 2019, lors de la défaite à Istanbul du Parti de la justice et du développement (AKP) aux élections législatives au profit d’un candidat de l’opposition, réélu depuis pour un second mandat. Un proche d’Erdogan devait ainsi remporter facilement ce scrutin, et garder le contrôle de la plus grande ville du pays, souvent perçue comme l’emblème de la Turquie à l’international. Mais la victoire de l’opposition est venue ternir le parcours, presque sans faute de l’AKP. Depuis, plusieurs autres villes sont passées sous le pavillon de l’opposition au grand déplaisir d’Erdogan, qui n’a jamais caché ses tendances despotiques. Sans surprise, il a dès lors cherché tous les moyens pour discréditer les édiles de l’opposition. Aujourd’hui, il semble avoir trouvé une solution pour nuire à ses opposants. Trois maires issus du Parti de
l’égalité des peuples et de la démocratie (DEM, ex-HDP), principal parti prokurde turc, ont été démis de leurs fonctions après avoir été accusés de «terrorisme», a annoncé, hier, le ministère turc de l’Intérieur. Les maires des grandes villes de Mardin et de Batman, et celui de la localité de Helfeti, toutes trois situées dans le sud-est à majorité kurde du pays, ont été remplacés par des gouverneurs nommés par l’État, a indiqué le ministère dans un communiqué. Le maire de Mardin, Ahmet Türk, figure populaire du mouvement kurde, âgé de 82 ans, avait déjà été démis de ses fonctions et emprisonné plusieurs mois lors de précédents mandats, le pouvoir turc l’accusant de liens avec les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ahmet Türk et les deux autres maires prokurdes avaient été élus lors des élections locales de mars, qui se sont soldées par une large victoire de l’opposition au détriment du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan. Ces destitutions interviennent quelques jours après l’arrestation, pour des liens présumés avec le PKK, d’un maire d’arrondissement d’Istanbul issu du principal parti de l’opposition turque (CHP, social-démocrate). Reste à voir quel sort réservera la justice à ces maires qui serviront certainement d’exemple pour les futurs candidats de l’opposition au législatives du pays. Erdogan, bien décidé à réasseoir à tout prix son autorité sur l’ensemble du pays, se montrera certainement encore plus impitoyables dans les mois et années à venir dans l’espoir peut-être de disloquer toute opposition.
Quelle est votre réaction ?