Il y a 32 ans, jour pour jour : Hassiba !

Le 8 août 1992. Qui se souvient de cette date ? 32 ans, jour pour jour, sont passés depuis la consécration olympique de Hassiba Boulmerka, qui venait de remporter haut la main la médaille d’or du 1.500 mètres au JO de Barcelone. Déjà championne d’Afrique et championne du monde à Tokyo en 1991, la jeune athlète avait lancé ce jour-là un défi de haute valeur symbolique aux tenants de l’obscurantisme et aux intégristes, en remportant une course mémorable sur tous les plans, au moment où les Algériens vivaient une période extrêmement difficile. Quelques semaines avant le sacre historique, l’Algérie avait assisté, en direct à la télévision, à l’assassinat de Mohamed Boudiaf dans la wilaya d’Annaba, sollicité pour occuper le poste de chef de l’État après la démission de Chadli Bendjedid. Le meurtre de l’un des précurseurs de la lutte de libération nationale provoqua un traumatisme d’une grande ampleur et l’Algérie venait de s’engouffrer dans une période sombre, appelée communément la décennie noire. Son tour d’honneur, drapée de l’emblème national, est resté dans les annales. Son triomphe aux 1.500 mètres n’était pas une simple victoire sportive, mais une réaction fulgurante à tous les projets obscurantistes, portés par un courant dont les leaders conditionnés par un discours rétrograde savaient pourtant que la liberté dont ils jouissaient, ils la devaient à une autre Hassiba, celle qui, à l’âge de 19 ans, s’est sacrifiée pour que vive l’Algérie ! Devenue une véritable icône de l’athlétisme féminin en Algérie et dans le monde grâce à ses performances exceptionnelles, c’est en toute logique que Hassiba Boulmerka se voit confier le statut de porte-drapeau de la lutte des Algériennes contre toutes les formes d’un conservatisme « importé ». Le soutien qu’elle vient d’apporter à sa compatriote, la boxeuse Imane Khelif, victime d’une odieuse campagne de harcèlement, est tout à fait conforme à ses principes. Des médias ont même rapporté qu’à l’issue du combat de quarts de finale gagné par la pugiliste algérienne, Hassiba Boulmerka « a joué la police en zone mixte, intimant à sa compatriote de sortir de la visée des caméras du monde entier. Pour la protéger, elle a pris la lumière à sa place, et dénoncé les comportements sur les réseaux sociaux ». « Elle est en train de vivre l’enfer, beaucoup de pression, beaucoup d’injustice. Le sport doit unir les peuples, pas les séparer ! », a déclaré l’ancienne championne du 1.500 mètres. « Je suis la première médaille d’or olympique de l’Algérie et j’aimerais bien qu’il y en ait d’autres », a-t-elle souligné, adressant un message d’espoir et de résilience à Imane Khelif, qui combattra pour la médaille d’or de sa catégorie demain vendredi à Roland Garros.

M. M.

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