L’armée israélienne s’insinue en territoire libanais

Hier 1er octobre l’opération terrestre israélienne, «limitée et concentrée» comme elle se définit elle-même, a commencé. A vrai dire, elle est seulement censée avoir commencé, car sur le terrain, il ne semble pas qu’il se passe grand-chose, que de grands combats aient éclaté. C’est du moins ce que rapportent les journalistes se tenant le plus […]

Oct 1, 2024 - 23:45
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L’armée israélienne s’insinue en territoire libanais

Hier 1er octobre l’opération terrestre israélienne, «limitée et concentrée» comme elle se définit elle-même, a commencé. A vrai dire, elle est seulement censée avoir commencé, car sur le terrain, il ne semble pas qu’il se passe grand-chose, que de grands combats aient éclaté. C’est du moins ce que rapportent les journalistes se tenant le plus près de la frontière entre le Liban et la Palestine occupée, que toutefois nous continuerons d’appeler Israël par commodité de langage. Le dernier exemple, celui de l’entrée de l’armée israélienne dans Ghaza, nous apprend qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant ce que dit Tel Aviv d’un front qui s’ouvre. En fait, l’incursion devient limitée si rencontrant une grande résistance elle tourne court, et elle se développe en invasion à plus ou moins grande échelle si au contraire elle ne bute pas sur une résistance acharnée. Pour ce que nous en savons, celle dont il est question appartiendrait plutôt à la première catégorie. Il en est même qui doutent que les unités d’élite israéliennes aient beaucoup avancé en territoire libanais, plusieurs heures après avoir franchi la frontière, et malgré la couverture aérienne assurant leur protection tout en se tenant près à leur déblayer la voie en cas de besoin.
Le relief du Sud Liban n’est pas celui de Ghaza. Il est montagneux, accidenté, en plus
d’être parsemé de chausse-trapes que le Hezbollah a eu tout le temps depuis la guerre de 2006 de mettre en place, dans l’attente d’un corps-à-corps comme celui qui justement se présente aujourd’hui. On serait presque tenté de dire qu’il est le terrain idéal pour des résistants, qui forcément le connaissent comme leur poche, en tout cas bien plus que l’envahisseur. Pour Israël, l’appétit vient en mangeant. Si la réaction du Hezbollah est en-deçà de ce qu’il en attend, conséquence de la série de coups qui lui ont été portés ces derniers jours et qui tous ensemble ne sont pas sans évoquer une décapitation, alors il changera de but de guerre. Son incursion ne se contenterait pas de créer les meilleures conditions du retour des colons du nord à leurs foyers, mais forcerait le Hezbollah à se retirer derrière le fleuve Litani. Et si d’aventure ce but est atteint, alors il voudra plus, qu’il soit procédé au désarmement du Hezbollah, invoquant à cet égard la résolution 1701 du Conseil de sécurité, que pourtant lui-même n’a jamais respectée. Pour l’heure, la nouvelle guerre du Liban, survenant 18 ans après celle de 2006, ne fait que commencer. Il n’est même pas certain qu’elle se poursuive suffisamment pour qu’il faille lui donner le nom de guerre, Israël pouvant en effet déclarer à tout moment qu’ayant réalisé les objectifs «limités et concentrés» pour lesquels elle l’a lancée, il l’arrête, et rappelle ses unités de commandos. Tous les scénarios sont encore possibles. Car il est une chose qu’Israël ne pourrait supporter, c’est de s’enliser dans une nouvelle guerre, alors que se poursuit celle qu’il mène à Ghaza depuis bientôt une année entière. Le long chapelet de liquidations des dirigeants du Hezbollah est certes à porter à son crédit, même si selon toute vraisemblance cela n’aurait pas été possible sans des complicités libanaises, mais il peut très bien devenir la cause d’un nouvel échec au Liban.

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