Massacre de Nuseirat à Gaza ou la fin de partie pour Benyamin Netanyahou
Une contribution d’Ali Akika – Il n’y a jamais de hasard en politique, surtout pas en période de guerre. Ainsi le... L’article Massacre de Nuseirat à Gaza ou la fin de partie pour Benyamin Netanyahou est apparu en premier sur Algérie Patriotique.
Une contribution d’Ali Akika – Il n’y a jamais de hasard en politique, surtout pas en période de guerre. Ainsi le 8 juin, l’assaut d’un camp de réfugiés à Gaza par l’armée israélienne pour ramener 4 captifs de la résistance était la journée où Benny Gantz, le rival de Netanyahou, devait démissionner. Netanyahou comptait engranger des points avec le «succès de l’exploit» de la libération des «otages» pour déstabiliser son rival. Or, Gantz s’est tu 24 heures et démissionna le 9 juin. Dans ce geste de défi et hautement politique, il fut rejoint par un autre ex-chef d’état-major de l’armée Eisenkot et Avi Rosenfeld, actuel général de l’invasion de Gaza. Quand on sait que l’armée est à la fois le bouclier et l’épée de l’Etat, personne ne peut parier sur le sort de Netanyahou. Car un navire qui prend l’eau de toutes parts au milieu d’une tempête et le gouvernail mal tenu ne peut que susciter une mutinerie de l’équipage à son bord. Ici, l’équipage, c’est une société fracturée qui paie la négation de l’histoire coloniale de son installation en Palestine. A cela il faut ajouter les fractures sociales et religieuses qui lézardent les murs de la fiction d’un Etat-nation du peuple juif votée par une coalition parlementaire faite de bric et de broc et qui ne peut éternellement servir de socle à un Etat.
Mais revenons à la guerre, carte maîtresse de la politique de Netanyahou pour assurer sa «victoire totale». Celle-ci s’éloigne chaque jour un peu plus à la vue des «contrôles» de Gaza-ville, Khan Younès, Rafah qui se transforment en retraite les lendemains, laissant derrière elles massacres de populations et des pertes en soldats et en chars Merkava. «L’exploit» de la libération de quatre captifs le 8 juin devait confirmer la «nécessaire» stratégie de la force militaire. Hélas, pour Netanyahou, cette «victoire gagnée» sur les «terroristes» avec la mort d’un seul soldat n’a pas convaincu et les familles des captifs, ni les commentateurs de la scène politique.
Les familles s’opposent de sacrifier leurs enfants-soldats et préfèrent la négociation. Quant aux commentateurs, et pas des moindres, ce sont des stratèges de l’armée et des services de renseignements qui cautionnent l’opinion des familles. Ecoutons l’un d’eux, Ysraël Ziv, déclarant dans le journal Maariv : «Un accord global était nécessaire pour ramener les prisonniers restants et mettre fin à la guerre.» Cet ex-militaire ne fait que dire ce qu’enseigne l’art de la guerre, à savoir qu’une action tactique qui n’apporte rien à la stratégie peut être contreproductive militairement et politiquement. Pour ce stratège qui doit être bien renseigné, le bilan d’un seul mort ne l’a certainement pas convaincu.
La propagande israélienne a parlé de combats féroces dont le bilan serait de 100 «terroristes» tués et un seul mort israélien, c’est à croire que les résistants armés de Kalachnikov et de RPG, nous dit-on, tiraient avec des munitions à blanc, comme dans les films. Du reste, je viens de lire que le Wall Street Journal que les résistants ont tendu une embuscade aux soldats israéliens dans leur retraite. C’est l’intervention de l’aviation qui a construit un mur de feu autour des captifs et leurs gardiens. Ce qui a évité, ajoute le journal, une débâcle totale de l’armée israélienne. Un perroquet, ex-espion sur la télé israélienne i24 News, a prétendu que le mort israélien «a remplacé le cercle de feu» de l’aviation et sauva ainsi les captifs. Quelle honte pour cet ex-agent de renseignement de prendre les téléspectateurs pour des imbéciles avec des mensonges non seulement vulgaires mais enfantés par son esprit malade de rage.
Sur le plan politique, «l’exploit» n’a pas fait taire les manifestants qui réclament des négociations, et Benny Gantz qui a différé d’un jour sa démission est revenu à la charge contre Netanyahou. Tout ça pour dire que Netanyahou n’est pas près de tenter un nouvel assaut pour rééditer son «exploit» du 8 juin. Car cet assaut a une histoire que voici.
Dans l’assaut donné le 8 juin dans le camp de réfugiés de Nuseirat, il est utile de savoir que l’opération avait commencé 2 à 3 jours auparavant et s’est traduite par de sauvages bombardements qui ont coûté la vie à 55 personnes, femmes et enfants. En vérité, il s’est avéré que ces bombardements étaient une opération de diversion pour «endormir» l’ennemi et l’attaquer ailleurs en plein jour. Et cette diversion a été complétée par l’utilisation par l’armée israélienne de véhicules de distribution des aides humanitaires pour pénétrer dans le camp de réfugiés. Au passage, comme à leur habitude, les Israéliens se permettent tout et accusent, en revanche, les résistants d’utiliser véhicules et bâtiments de l’UNRWA (ONU). Ainsi, l’occupant avait réussi ces deux ruses mais, en se retirant, il a eu à faire face à la résistance, provoquant de féroces combats qui ont fait dire à l’armée israélienne que l’opération a été très complexe, sans doute pour se faire mousser et applaudir par les perroquets habituels. Il faut retenir les qualificatifs de combats féroces et complexes. Car ces deux qualificatifs ont été au centre des analyses et des stratèges ex-militaires et ex-agents des services de renseignements israéliens. Leurs analyses sont sans appel, le coût de l’opération est très cher payé en vies humaines. Comme on sait que la censure militaire israélienne est une fabrique bien huilée de mensonges, il ne faut pas tenir compte du bilan annoncé mais aller voir du côté des mères de ces soldats et les stratèges militaires cités plus haut.
Ainsi, à travers «l’exploit» du 8 juin qui s’est traduit par des centaines de morts et blessés palestiniens, Netanyahou court derrière le temps dans une fuite en avant désespérée, et son aventure va se terminer en «beauté», c’est-à-dire en queue de poisson. Car s’il a pu faire la sourde oreille à son principal allié américain, il ne peut continuer à foncer à l’aveugle sur un champ de bataille dont il n’a plus la maîtrise depuis le 7 octobre. Car, depuis le 9 juin, il a aussi devant lui Benny Gantz, représentant la caste militaire qui, elle, s’inquiète du bateau ivre avec, à son bord, une classe politique déchirée et baignant dans le délire en se mentant à elle-même. Avoir un cheval de Troie à l’intérieur de la forteresse n’est pas bon signe !
Je terminerai cet article par l’épouvantable prison dans le désert surnommée le Guantanamo à l’israélienne, qui est une copie de la prison américaine dans une base militaire installée légalement à Cuba depuis le Traité de 1903 signé entre les deux pays. Quand on voit l’état des prisonniers palestiniens dans un Etat qui se dit «démocratique» avec une armée la «plus morale» du monde alors que les quatre captifs israéliens libérés étaient en bonne santé, selon les journalistes et confirmé après les examens médicaux, on se dit qu’il vaut mieux tomber dans les mains des «barbares» que dans celles des geôliers de la «civilisation».
En conclusion, alors que Netanyahou a eu son quart d’heure de gloire avec les 4 captifs libérés, la réalité a repris ses droits. C’est Biden qui dépose une motion au Conseil de sécurité pour un cessez-le-feu permanent et Netanyahou se tait. La résistance, elle, loue ce pas positif du vote du Conseil de sécurité et précise ses trois conditions du 31 mai, cessez-le-feu permanent, évacuation de tout Gaza par les troupes d’occupation, retour des populations chez elles avec approvisionnement régulier.
Un dernier mot, la société du spectacle qui a voulu faire croire au monde que ce sont les délires et les fantasmes qui sont les seules «vérités» et non l’histoire. Quand on entend des phrases comme «les Palestiniens n’ont qu’à lever le drapeau blanc et les tueries s’arrêteront» ou bien «pourquoi les Houtis du Yémen et les Irakiens qui sont à des milliers de kilomètres de chez nous, nous bombardent», on a envie de dire à ces gens, hé les cocos, arrêtez de dire des co… le monde n’est pas du théâtre de boulevards que vous adorez mais celui décrit par Shakespeare, Histoire et tragédie. Et comme nous sommes en Orient, on peut compléter Shakespeare par Les Mille et une Nuits où l’on se perd dans les labyrinthes d’une autre tragédie, celle de la jalousie.
A. A.
P.-S. : Une animatrice palestinienne d’un média israélien a été licenciée parce qu’elle a exprimé un commentaire sur les quatre captifs libérés à Gaza : «Libérer 4 personnes en massacrant des centaines !» Sans commentaire.
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