Face à l’Algérie : l’option risquée de Bruno Retailleau

 «Il faut poser un rapport de force». Cette déclaration prononcée par Bruno Retailleau ce mercredi 23 avril lors de son intervention sur BFM TV a tout l’air d’une stratégie qui semble plus axée sur l’affirmation de puissance que sur la recherche d’une issue diplomatique constructive entre les deux pays. En se positionnant sur ce terrain, […]

Avr 23, 2025 - 16:26
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Face à l’Algérie :  l’option risquée de Bruno Retailleau

 «Il faut poser un rapport de force». Cette déclaration prononcée par Bruno Retailleau ce mercredi 23 avril lors de son intervention sur BFM TV a tout l’air d’une stratégie qui semble plus axée sur l’affirmation de puissance que sur la recherche d’une issue diplomatique constructive entre les deux pays. En se positionnant sur ce terrain, le ministre français cache mal sa volonté d’exclure toute possibilité de dialogue équitable, au profit d’une dynamique de confrontation.

Cette position rappelle des pratiques diplomatiques datant de l’époque coloniale, où l’on imposait des rapports de domination et d’influence. Faut-il encore une fois rappeler au ministre français que ce type d’attitude est particulièrement risqué aujourd’hui, dans un monde où l’équilibre des forces internationales est bien plus complexe.

L’Algérie, en tant que Nation souveraine, a de tout temps défendu son indépendance et ses choix politiques, en particulier vis-à-vis de la France.

Aussi les menaces de nouvelles expulsions, comme l’a insinué Retailleau, peuvent renforcer le sentiment d’ingérence, qui est un point particulièrement sensible pour Alger qui, en réponse à ces attaques, pourrait durcir encore sa posture vis-à-vis des ressortissants français ou mettre en place des mesures de réciprocité qui nuiraient encore davantage aux relations bilatérales.

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L’option du « rapport de force » évoquée par le ministre français ne semble pas avoir pris en compte les implications à long terme sur les relations entre les deux pays.

Si cette ligne dure se poursuit, elle pourrait compromettre des secteurs-clés de la coopération franco-algérienne, notamment dans les domaines économiques. La France a des intérêts stratégiques en Algérie, notamment en matière de partenariat économique, un domaine où une coopération sereine et équilibrée est primordiale.

Pour justifier ses propos, Retailleau a mis en avant les « aspects familiaux et humains » des diplomates expulsés, qualifiant leur situation de « rupture professionnelle et familiale » et exprimant sa solidarité envers eux.

Mais au-delà de cet aspect émotionnel, les mots du ministre ont révélé un message clair : une posture de fermeté vis-à-vis de l’Algérie, avec la promesse de nouvelles actions si la situation restait figée.

Si la stratégie de Bruno Retailleau répond, sans aucun doute, à des impératifs politiques internes, en particulier en matière de sécurité et d’immigration, elle risque de conduire à un isolement diplomatique pour la France.

En misant sur l’escalade, le ministre prend le risque de perdre une occasion de stabiliser les relations de son pays avec l’Algérie, au moment où la coopération internationale sur des enjeux tels que la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires devient de plus en plus essentielle.