Offensive

Les espoirs, après la victoire de Donald Trump à l’élection américaine, de voir la guerre en Ukraine se terminer avec un accord de paix ne se sont malheureusement pas concrétisés, et la situation, malgré quelques améliorations, semble se corser à nouveau après que l’armée russe a annoncé hier mener une offensive dans la région ukrainienne […]

Juin 8, 2025 - 21:25
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Offensive

Les espoirs, après la victoire de Donald Trump à l’élection américaine, de voir la guerre en Ukraine se terminer avec un accord de paix ne se sont malheureusement pas concrétisés, et la situation, malgré quelques améliorations, semble se corser à nouveau après que l’armée russe a annoncé hier mener une offensive dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk, bordant celle de Donetsk, une première en plus de trois ans de conflit. Cette offensive risque ainsi de prolonger l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations de paix entre Kiev et Moscou. L’entrée de l’armée russe dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), non confirmée par l’Ukraine, marque un nouveau revers symbolique pour des forces ukrainiennes, en difficulté sur le front faute d’hommes et d’armements. «Les unités de la 90e division blindée (…) ont atteint la frontière Ouest de la République populaire de Donetsk et continuent de mener l’offensive sur le territoire de la région de Dnipropetrovsk», a écrit l’armée russe sur Telegram, en utilisant le nom que Moscou utilise pour la région de Donetsk annexée. L’Ukraine n’a pas réagi dans l’immédiat à ces déclarations, mais les autorités régionales de Dnipro avaient fait part d’un mort dans un bombardement russe à Mejivska, localité située non loin de la région de Donetsk. Moscou a par ailleurs annoncé la prise de Zarya, petit village dans cette région de Donetsk. Au-delà de l’aspect symbolique, cette avancée des troupes de Moscou pourrait également avoir une valeur stratégique sur le terrain, en pleines discussions diplomatiques poussées par Washington pour un règlement du conflit. Certains observateurs estiment, en effet, que les Russes pourraient vouloir continuer leur progression dans la zone de façon à mettre à mal le dispositif défensif ukrainien dans le Donbass, objectif «numéro un» proclamé par le président russe, Vladimir Poutine. Avant l’offensive russe en février 2022, quelque trois millions de personnes vivaient dans la région de Dnipropetrovsk, dont environ un million dans la capitale régionale, Dnipro, qui est régulièrement la cible de frappes meurtrières de drones et de missiles. Par ailleurs, la Russie avait tiré en novembre 2024 sur la capitale régionale Dnipro pour la première fois son missile expérimental de portée intermédiaire Orechnik, affirmant avoir touché un site industriel militaire. De nombreux Ukrainiens, fuyant les combats dans les régions orientales de Donetsk et Lougansk, y ont trouvé refuge après l’assaut initial des troupes russes. Selon l’analyste militaire ukrainien Oleksiï Kopytko, une avancée russe dans la région de Dnipropetrovsk présente «beaucoup plus de risques que d’avantages pour la Russie», en raison de son «impossibilité à concentrer des troupes en nombre suffisant pour une percée». L’annonce de cette percée intervient alors que Moscou et Kiev s’accusent mutuellement de perturber les pourparlers directs tenus en début de semaine, plus de trois ans après le lancement de l’invasion russe en février 2022. Mais ces négociations menées à Istanbul entre Kiev et Moscou sur une trêve, encouragée par Washington, n’ont pas permis de rapprocher les positions. La délégation russe a remis à Kiev une liste de demandes comprenant notamment le retrait de ses forces de quatre régions dont Moscou revendique l’annexion, la renonciation de l’Ukraine à intégrer l’Otan et la limitation de la taille de son armée. Des conditions qualifiées mercredi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’«ultimatums» inacceptables. Toutefois, s’il continue à refuser la moindre concession, ce dernier, qui n’arrive à tenir tête à la Russie que grâce au financement de son effort de guerre par l’Occident et avait déjà fortement agacé Trump en février dernier, ne pourra arriver à aucun consensus avec son adversaire du Kremlin, plus puissant, plus déterminé et surtout plus indépendant d’aides extérieures. Reste à voir combien de temps Zelensky tiendra face à Poutine, surtout si Trump décide de couper une fois encore le financement américain en direction de l’Ukraine.
F. M.