Aujourd’hui, jeudi 30 janvier, Israël devrait avoir retiré toutes ses forces du territoire libanais depuis quatre jours, s’il avait respecté l’accord passé avec le Liban avec la médiation des Etats-Unis. Non seulement, il n’en est rien, mais il a repris les raids aériens sur le Liban, présentant cette énième agression comme une attaque préventive dirigée contre des convois d’armes du Hezbollah. Rien de cela, à vrai dire, n’a constitué une surprise, puisque à l’approche de l’expiration des 60 jours pendant lesquels il était convenu qu’il se retire du Liban, il a réaffirmé son intention de ne pas se conformer à l’accord. Israël ne respecte pas celui-ci parce qu’il s’est convaincu qu’il n’a plus rien à craindre de la part du Hezbollah, qu’il pense avoir durablement affaibli lors de leur dernière confrontation. Rien que ces derniers jours, il a tué des dizaines de Libanais déplacés qui voulaient retourner dans leurs maisons. En réalité, ce que les dirigeants israéliens ne tolèrent pas, c’est que les réfugiés libanais puissent revenir dans leurs villages, leurs maisons et leurs champs, mais pas les colons israéliens, qui eux sont toujours dans l’attente de pouvoir retrouver leur vie d’avant la guerre. Pourtant le Hezbollah n’a exprimé aucune menace directe à leur endroit dans cette éventualité.
Ce sont les autorités israéliennes qui ont décidé que l’heure de leur retour n’avait pas encore sonné. A cet égard, la situation n’est guère différente à la frontière avec la bande de Ghaza. Les déplacés palestiniens refluent vers le nord, offrant ce faisant le tableau d’une déferlante impressionnante, sinon triomphante. Pourtant, comme au Liban, ce n’est pas encore la paix, mais seulement un cessez-le-feu, une trêve, qui peut être violée par Israël à tout moment. D’ailleurs la probabilité que la guerre reprenne dès l’instant ou Israël a récupéré ses captifs est bien plus forte que celle d’une paix durable. Pour Israël, comme pour les Américains, et des Etats arabes de la région, celle-ci est conditionnée non pas par la libération des captifs mais par l’élimination de la résistance palestinienne. Le cessez-le-feu est advenu autant pour sauver ce qui reste de captifs israéliens que pour arrêter le spectacle affligeant du massacre des habitants de Ghaza, en cours depuis 15 mois, Israéliens et Américains ayant fini par convenir qu’il
n’était pas possible de tuer près de deux millions et demi de Palestiniens en une seule fois, en une seule guerre, en une seule séquence temporelle. La chose est possible, mais par étapes. Il serait judicieux de renouer avec le génocide «incremental», c’est-à-dire étalé dans le temps et sur plusieurs guerres. Pour en finir une bonne fois avec toute résistance à Ghaza, il faut avoir préalablement vidé celle-ci de toute sa charge humaine, de sorte qu’il n’y ait plus que les résistants dissimulés dans leurs tunnels. Alors il serait possible d’aller les en extirper, ou de les noyer, ou d’employer contre eux toute autre arme implacable. Une fois le grand ménage fait, ce serait bien sûr pure folie de permettre le retour des Ghazaouis, de les faire revenir d’Egypte ou de Jordanie, de là en tout cas où Donald Trump aurait réussi à les caser en attendant de pacifier Ghaza et le Moyen-Orient. Ainsi se bernent les génocidaires.