La guerre commerciale mondiale tourne-t-elle à la manipulation boursière ?
En réponse à la hausse de mercredi des droits douaniers sur les produits venant de Chine, qui les a propulsé à 145%, ce qui bien entendu est de nature à assécher tout commerce entre les deux pays, qui plus est l’un étant le principal débouché pour l’autre, la Chine a aussitôt répliqué en augmentant ses […]

En réponse à la hausse de mercredi des droits douaniers sur les produits venant de Chine, qui les a propulsé à 145%, ce qui bien entendu est de nature à assécher tout commerce entre les deux pays, qui plus est l’un étant le principal débouché pour l’autre, la Chine a aussitôt répliqué en augmentant ses propres tarifs sur les marchandises américaines entrant sur son marché, les portant d’un coup de 84% à 125%. L’administration Trump ayant par la même occasion décidé d’une pause de trois mois des augmentations de droits sur tous ses autres partenaires commerciaux, et par conséquents sur l’Europe, celle-ci, qui déjà avait fait le choix de ne pas réagir à chaud, mais de temporiser dans la mesure du possible, pariant entre autres sur la versatilité du président américain, fait maintenant semblant de toujours désapprouver le recours à la guerre économique mais en réalité cache mal sa satisfaction que les Etats-Unis concentrent leur hostilité sur la Chine. Si les Etats-Unis, au cours de ces trois mois de pause, cessent de voir en eux des adversaires à sanctionner mais des alliés avec lesquels une entente commerciale est possible, ce sera tout bénéfice pour eux.
Dans ce cas, laissent-ils assez clairement entendre, ils pourraient aller jusqu’à faire cause commune avec eux, se joindre à eux dans leur guerre commerciale contre la Chine. Les Chinois ne croient pas que les Etats-Unis puissent réaliser leur objectif déclaré dans cette guerre : la réindustrialisation. Pour convaincre l’opinion américaine de l’inanité d’un tel projet, ils ont fait circuler des vidéos où, dans l’une en particulier, on voit que même les casquettes rouges MAGA portés par Trump et ses partisans dans leurs meetings sont en fait « Made in China ». Dans une autre sont alignés des Américains obèses et malhabiles de leurs mains en train de peiner dans des fabriques de textile. Mais la meilleure caricature de l’heure présente, ce sont les Américains qui l’ont faite à leurs dépens, encore que ce soit sans le savoir. Quatre heures avant que Donald Trump ne décrète la pause de trois mois, il avait posté un message sur son propre réseau, comme quoi c’était le moment d’acheter des actions. Délit d’initié, ce sont écriés quatre heures plus tard les démocrates, dans une colère dont on ne les croyait plus capables. Il semble bien que ce soit le cas en effet. La police des marchés financiers est saisie de l’affaire. Le délit n’est pas facile à prouver cependant, Trump ayant pris soin de donner son signal sur un site consultable par le quidam. Il poussera son cynisme bien plus loin lorsque quelque temps plus tard, recevant des gens dans le Bureau ovale, il leur indiquera de la main un richissime de ses amis, qui venait d’empocher un milliard et demi de dollars dans une seule opération de bourse. De là la question que tout le monde se pose : est-ce bien à une guerre commerciale mondiale qu’on assiste, ne serait-ce pas plutôt aux péripéties d’une simple manipulation boursière? Trump aurait ainsi monté une arnaque dont le but, unique ou parmi d’autres, de faire gagner beaucoup d’argent aux oligarques de son entourage. Toujours est-il qu’il ne peut plus se permettre de perdre une élection, car il vient d’ajouter à la liste des griefs déjà retenus contre lui, un tout nouveau, celui de délit d’initié, qui lui d’ailleurs ne semble pas bien difficile à établir.