Les Américains pour la paix en Ukraine, à la différence des Européens
La réponse des Russes à l’offre américaine d’une trêve de 30 jours dans la guerre en Ukraine a été plus courtoise que favorable à vrai dire, d’autant plus aisément apportée par Vladimir Poutine que la précaution a été prise de l’entourer d’un formalisme de circonstance : une conférence de presse animée avec son plus proche allié […]

La réponse des Russes à l’offre américaine d’une trêve de 30 jours dans la guerre en Ukraine a été plus courtoise que favorable à vrai dire, d’autant plus aisément apportée par Vladimir Poutine que la précaution a été prise de l’entourer d’un formalisme de circonstance : une conférence de presse animée avec son plus proche allié Alexandre Loukatchenko. Ce dernier a même cru bon de livrer sa propre opinion sur le sujet par la même occasion. Volodymyr Zelensky peut avoir eu raison en pestant contre cette réponse, y voyant quant à lui un refus marqué déguisé en approbation, tout bonnement parce que Poutine n’aurait pas voulu manquer d’égard envers Donald Trump en lui opposant un niet univoque. Il n’aurait pas pris de gant si la proposition venait d’un autre, ou même de tout autre bord, à plus forte raison de l’Union européenne. Ce que le président ukrainien a voulu dire, à l’adresse de l’Europe, c’est qu’il fallait dès à présent prendre le relatif bon accueil des Russes pour ce qu’il était d’après lui, un refus de la trêve, non pas tant parce que celle-ci était temporaire que parce qu’elle avait vocation à conduire à quelque chose dont ils ne voudraient pas pour l’heure, à savoir le rétablissement pour de bon de la paix.
Ce que Zelensky s’est gardé de dire toutefois, et qui explique d’ailleurs la rapidité de sa réaction à la réponse de Poutine, c’est que lui-même aurait rejeté le cessez-le-feu s’il avait été proposé par quelqu’un d’autre que par le président américain. Avant les bons sentiments qu’il a montrés à Djeddah, il y avait eu l’altercation du Bureau ovale, provoquée justement par son refus d’un arrêt de la guerre dans l’immédiat. Toujours est-il que le désir de Trump de mettre fin à la guerre est reconnu au bout du compte tant par Poutine que par Zelensky, même si cette reconnaissance a pris des formes différentes chez l’un et chez l’autre. Ce ne sont pas les belligérants directs qui trouveraient le cas échéant à redire à ce que le prix Nobel de la paix revienne cette année au président américain. Rarement quelqu’un l’aura autant mérité, quel que soit le sort final de sa médiation. Dans le même temps que Trump faisait remarquer, en présence du secrétaire général de l’Otan dans le Bureau ovale, que la réponse russe était prometteuse sans être tout à fait celle qu’il espérait, les Européens s’engageaient pour leur part à rejeter toute paix qui serait négociée en leur absence. Ce qui du même coup implique qu’ils n’en veulent d’aucune en réalité, entendu qu’il n’en existe aucune qui soit seulement concevable en leur présence autour de la table de négociation. Il n’y a pas que les Russes qui soient contre leur participation aux pourparlers de paix, les Américains s’y opposant tout autant en effet. Le différend avec ces derniers commence seulement. Français et Britanniques en particulier sont sur une ligne de refus susceptible de déboucher sur une détérioration des relations avec Washington comme rarement il s’en est rarement produit entre les deux bords de l’Atlantique. D’ici à ce que les échanges s’aigrissent, il n’y a peut-être pas loin, d’autant que la France toute la première cache de moins en moins son désir de substituer en Europe son leadership à celui des Etats-Unis, une prétention dont ces derniers finiraient sans doute par se formaliser.