Pr Mohamed Nedjari, chef de service psychiatrie à l’hôpital Drid-Hocine : «Il ne faut pas hésiter à consulter pour préserver sa santé mentale»
Le Jeune Indépendant : Comment définiriez-vous, simplement, la santé mentale en 2024 ? Pr Nedjari : La santé mentale correspond à un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie et de trouver des réponses et des solutions adéquates à ce stress. C’est également la capacité de bien apprendre, […] The post Pr Mohamed Nedjari, chef de service psychiatrie à l’hôpital Drid-Hocine : «Il ne faut pas hésiter à consulter pour préserver sa santé mentale» appeared first on Le Jeune Indépendant.
Le Jeune Indépendant : Comment définiriez-vous, simplement, la santé mentale en 2024 ?
Pr Nedjari : La santé mentale correspond à un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie et de trouver des réponses et des solutions adéquates à ce stress. C’est également la capacité de bien apprendre, de bien travailler et de bien contribuer à la vie de la communauté.
Elle fait partie intégrante de la santé et du bien-être, sur lesquels repose, tout simplement, la capacité de l’individu de ressentir du plaisir, en général, dans sa vie quotidienne sans qu’il y ait souffrance.
En matière de santé mentale, quelles sont les souffrances les plus répandues aujourd’hui ?
Il y en a plusieurs, et il y a autant de souffrances que de pathologies. Il existe des souffrances liées aux troubles schizophréniques, bipolaires et anxieux, ainsi que des troubles psychotraumatiques et tout ce qui est en lien avec l’usage et la consommation de drogues, sans oublier la problématique de la démence, qui est de plus en plus fréquente. Ce sont des souffrances qui vont avec le type de pathologie ; c’est une sorte de concordance entre les deux.
Pouvez-vous faire un état des lieux concernant les différentes pathologies existant actuellement en Algérie ?
En termes de chiffres concernant différentes pathologies existantes dans notre pays, je pense qu’il n’y a pas une grande différence par rapport à ce qui se passe partout dans le monde. Ces pathologies peuvent être liées aux événements qu’a vécus le pays, à l’instar de la décennie noire et des catastrophes naturelles. En revanche, les chiffres concernant les troublés liés à l’usage de la drogue sont de plus en plus importants, notamment ces dernières années, ce qui nécessite une prise en charge multisectorielle.
Peut-on dire que le patient algérien bénéficie d’une prise en charge plus ou moins correcte ?
Pour la prise en charge, nous avons à notre disposition, sur le plan chimique, une panoplie de produits assez intéressante, qui est amenée à s’enrichir encore avec l’arrivée d’un nombre de produits qui ont montré leur efficacité sur les symptômes de maladies graves, telles que la schizophrénie et la bipolarité.
Sur le plan psychothérapeutique, on peut dire que nous avons un nombre important de psychologues et de psychiatres formés sur les techniques de prise en charge des patients, ce qui permet à ce domaine de reprendre sa place dans la société.
Il est vrai que les choses peuvent être améliorées, notamment en généralisant certaines techniques de soins dans toutes les wilayas du pays, pour que tous les malades souffrant de pathologies psychiatriques puissent en bénéficier.
Il faudrait aussi travailler sur l’organisation des soins car, en psychiatrie, il existe plusieurs types d’organisation, de plus, il faut penser à la prise en charge des malades en dehors de l’hôpital, et c’est ce qu’on appelle la psychiatrie moderne.
La seule évocation de la santé mentale peut faire peur. Quel message adressez-vous aux personnes qui n’osent pas en parler, qui n’osent pas consulter ?
Evoquer la santé mentale ne devrait en aucun cas faire peur. Consulter quand on a ce genre de problèmes doit être aussi banal que lorsqu’on va consulter pour des douleurs d’estomac. Les gens doivent comprendre qu’avoir des soucis de santé mentale, c’est avoir un cerveau qui est en souffrance, et il serait sage d’aller aider ce cerveau, par le biais d’un psychiatre ou d’un psychologue, pour pouvoir retrouver son état d’avant. Les moyens existent pour le faire, que ce soit par une prise en charge chimique ou psychothérapeutique.
Quels conseils pouvez-vous donner pour prendre soin de sa santé mentale ou de celle d’un proche ?
Etre en bonne santé mentale ne signifie pas éprouver un sentiment de bien-être constant. Ressentir du stress ou de l’épuisement est normal, surtout lorsqu’une situation difficile se présente. Il ne faut pas hésiter à consulter pour préserver sa santé mentale. Cependant, pour en prendre soin, je recommande fortement la pratique d’une activité physique, qui est un facteur protecteur reconnu au niveau de la santé mentale. Pratiquer du sport, c’est extrêmement important dans la vie des individus et ça aide beaucoup dans ce cas. Il faut aussi apprendre à relativiser ce qui nous arrive dans la vie, à se relaxer, à méditer et à rester en société et ne pas s’isoler. Il est important de garder le contact avec ses proches.
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