Quelle réponse russe à l’accord américano-ukrainien de Djeddah ?

Si on peut dire qu’en effet Américains et Ukrainiens n’ont pas perdu leur temps à Djeddah, puisqu’à après des discussions marathoniennes les premiers ont arraché aux seconds leur consentement à un cessez-le-feu d’un mois avec les Russes, on ne peut en revanche rien affirmer avec certitude sur le sort qui finalement sera réservé à ce […]

Mars 12, 2025 - 18:41
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Quelle réponse  russe à l’accord  américano-ukrainien de Djeddah ?

Si on peut dire qu’en effet Américains et Ukrainiens n’ont pas perdu leur temps à Djeddah, puisqu’à après des discussions marathoniennes les premiers ont arraché aux seconds leur consentement à un cessez-le-feu d’un mois avec les Russes, on ne peut en revanche rien affirmer avec certitude sur le sort qui finalement sera réservé à ce qui se présente comme une percée sur le front des pourparlers, dont le mérite reviendrait au président Trump. Les Etats-Unis n’étant pas en l’occurrence des belligérants mais des garants, du moins vis-à-vis des Ukrainiens, sur lesquels par-dessus le marché ils ne manquent pas de moyens de pression, la tâche consistant à les rendre plus conciliants n’a pas dû être particulièrement ardue pour leurs négociateurs. Washington ayant commencé par couper son aide militaire à l’Ukraine, que restait-il à Volodymyr Zelensky, présent à Djeddah, qu’à accepter ce qu’il avait refusé quelques jours auparavant avec perte et fracas ?

C’était cela ou la poursuite sine die du gel de l’arrêt de l’assistance américaine. Le choix, à moins qu’il ne faille dire le pari, a été d’autant plus vite fait par le président ukrainien qu’il
n’était pas acquis, et qu’il ne l’est toujours pas d’ailleurs, que les Russes fassent preuve à leur tour du même désir de paix. La balle est maintenant dans le camp russe, a déclaré Marco Rubio, au sortir de la réunion. Elle risque d’y rester pour un temps, car il semble peu probable que les Russes acceptent d’entrer dans des pourparlers alors que Koursk n’est pas encore entièrement libéré de la présence ukrainienne. Il l’est déjà certes dans sa plus grande partie, tandis que celle qui ne l’est pas encore est encerclée, du moins s’il faut en croire les Russes, que bien entendu les Ukrainiens démentent. Les Américains doivent eux savoir ce qu’il en est réellement sur ce point, capital pour les Russes, mais également pour les Ukrainiens. S’il est vrai que ces derniers sont réellement encerclés dans Koursk, alors il est peu vraisemblable que les Russes s’empressent d’accepter la proposition d’un cessez-le-feu. Ils voudraient d’abord terminer un travail crucial mais sur le point d’aboutir avant de donner satisfaction aux Américains, quelque envie qu’ils aient de le faire dès à présent. De cela de toute façon on sera vite fixé, compte tenu de l’avancée réalisée à Djeddah. Les Russes ayant toujours dit qu’ils n’étaient pas favorables à un simple arrêt des combats mais à la paix restaurée une bonne fois pour toutes, pourraient en prendre prétexte pour rejeter l’accord de Djeddah. Ce qu’ils ne pourraient pas en revanche, ce serait accepter un cessez-le-feu sur le sol ukrainien, mais le refuser sur leur propre sol, une intention qui leur est prêtée, mais dont les Ukrainiens sûrement ne voudraient pour rien au monde. Enfin, quelque chose d’autre pourrait achever de leur faire refuser la lettre de Djeddah sinon son esprit. C’est la décision d’ores et déjà prise par les Américains de reprendre leur assistance multiforme à l’Ukraine. Or ce qui a déterminé les Ukrainiens à se plier à la demande américaine, c’est du moins dans l’immédiat le manque de renseignement, qui les a aveuglés sur toute la ligne de front. Si les Américains se remettent à leur en fournir, eux-mêmes peuvent se sentir moins désireux de s’engager plus avant dans la négociation.