Résultats des élections sénatoriales à Sétif : Coup de gueule de militants flnistes

Le verdict des urnes est tombé et il est implacable pour le vieux parti unique à Sétif. Lors d’un scrutin à bulletin secret, la victoire est revenue à Salim Brik, candidat du Rassemblement National Démocratique (RND) et membre de l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW). Au lendemain d’une véritable débâcle, la base militante du Front de Libération Nationale (FLN) est sous le choc. Entre incompréhension et colère, de nombreux militants, encore sonnés par la déroute, ont tenu à s’exprimer sous le sceau de l’anonymat : « La catastrophe était non seulement prévisible, mais aussi inévitable. Comment espérer gagner avec des rangs dispersés et des querelles intestines à n’en plus finir ? Le mal qui ronge le parti est profond. L’héritage d’Amar Saadani, lorsqu’il était secrétaire général du FLN, a laissé des séquelles irréversibles. En fractionnant la mouhafada en quatre structures, il n’a fait qu’attiser le tribalisme et le régionalisme, brisant ainsi l’unité des militants. » Selon eux, le FLN continue de payer le prix de décennies de gestion chaotique et d’un fonctionnement autoritaire et dicté par des intérêts personnels. Un autre facteur aggravant réside dans le comportement des élus : « Les six députés du FLN à l’Assemblée Populaire Nationale (APN) ont largement contribué à cette débâcle. Divisés en clans antagonistes, ils ont tout fait pour semer la discorde et alimenter les luttes internes, au mépris total des intérêts du parti et de la wilaya de Sétif, qui compte 2,8 millions d’habitants. Comment peut-on prétendre défendre cette population alors que ses propres représentants ne se parlent même pas ? C’est honteux ! » L’amertume des militants est d’autant plus grande que, sur le papier, le FLN disposait d’un collège électoral de près de 400 voix, contrôlait la présidence de l’APW, ainsi que de 23 Assemblées Populaires Communales (APC) sur les 60 que compte la wilaya. Mais, malgré cet ancrage institutionnel, le parti a été battu. « Cette défaite ne peut s’expliquer que par un sabotage interne. La mouhafada, gangrenée par les divisions, a laissé place à un nomadisme politique incontrôlé, où des opportunistes, sans véritable ancrage idéologique, ont été investis à la légère. Ajoutez à cela les décisions unilatérales et hasardeuses du secrétaire général actuel, qui agit comme s’il gérait une entreprise privée, et vous obtenez un désastre annoncé. Nous sommes sceptiques et inquiets, car nous ne voyons aucune lueur d’espoir ou la moindre issue de secours. Le FLN est à la croisée des chemins, par la faute de nombreux aventuristes pour lesquelles le parti est un tremplin. » Aujourd’hui, la situation est critique et la ligne politique du FLN à Sétif semble s’être effacée, au profit d’une allégeance aveugle aux cercles dirigeants, où le conformisme et l’obéissance ont pris le pas sur le débat contradictoire. « Si ce marasme perdure, les prochaines échéances électorales seront encore plus désastreuses. Nous lançons un signal d’alarme, car nous craignons l’implosion du parti à Sétif. Pourtant, le FLN reste composé de militants sincères et dévoués, qui refusent de voir leur parti sombrer dans l’indifférence et le clientélisme. » Face à ces incertitudes, certains militants se disent prêts à agir pour préserver ce qui reste de « la citadelle du militantisme ». « Nous ne poursuivons aucun objectif électoraliste. Notre combat est avant tout politique : il s’agit de sauver ce qui peut l’être avant qu’il ne soit trop tard. »

Kamel Beniaiche

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