Restaurants Rahma : Là où la solidarité se met à table

Dans la capitale, la tradition des restaurants Rahma continue d’apporter du réconfort aux jeûneurs durant le mois sacré. Avec plus de 200 restaurants ouverts dès la première semaine du ramadan, selon un responsable de la wilaya d’Alger, ces espaces solidaires s’imposent comme de véritables refuges pour les démunis, mais aussi pour des familles en quête […] The post Restaurants Rahma : Là où la solidarité se met à table appeared first on Le Jeune Indépendant.

Mars 23, 2025 - 01:59
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Restaurants Rahma :  Là où la solidarité se met à table

Dans la capitale, la tradition des restaurants Rahma continue d’apporter du réconfort aux jeûneurs durant le mois sacré. Avec plus de 200 restaurants ouverts dès la première semaine du ramadan, selon un responsable de la wilaya d’Alger, ces espaces solidaires s’imposent comme de véritables refuges pour les démunis, mais aussi pour des familles en quête de chaleur humaine et de partage.

Parmi ces structures, 41 établissements sont gérés directement par des organismes publics, tandis que 63 autres sont ouverts grâce à des initiatives individuelles de bienfaiteurs anonymes. Le reste, soit 61 restaurants, est pris en charge par des associations caritatives actives à travers les différentes communes d’Alger.

Avant même le début du ramadan, la direction de la solidarité nationale, en partenariat avec les services de la santé publique, a déployé une série de mesures pour garantir un bon déroulement dans ces lieux très fréquentés. « Des inspections quotidiennes sont menées pour prévenir tout risque d’intoxication », précise une source à la direction de la santé d’Alger. Les différentes APC ont également facilité les procédures administratives pour encourager l’ouverture de ces restaurants de bienfaisance.

Lors d’une tournée du Jeune Indépendant dans plusieurs restaurants Rahma, une réalité saute aux yeux : ces lieux ne sont plus uniquement destinés aux sans-abri ou aux personnes sans ressources. On y croise désormais des familles modestes, des retraités isolés, des travailleurs précaires, mais aussi des étrangers, touristes ou étudiants, qui préfèrent partager un repas dans une ambiance conviviale plutôt que de rompre le jeûne seuls.

A la place du 1er-Mai, une immense tente accueille chaque soir près de 500 convives. « Ici, chacun trouve sa place, peu importe son origine », confie Arezki, l’un des coordinateurs de l’événement. « Nous avons même reçu un groupe d’étudiants malaisiens et un couple sénégalais la semaine dernière », ajoute-t-il.

Ce restaurant Rahma ne se limite pas à offrir un repas sur place. Grâce au partenariat avec le Croissant-Rouge algérien, près de 200 repas à emporter sont préparés chaque jour pour des familles vivant dans des quartiers reculés, incapables de se déplacer. Karima, mère de trois enfants vivant à Bab El-Oued, vient chercher un panier-repas qu’elle ramène chez elle. « Mon mari est au chômage depuis plusieurs mois. Sans ce soutien, je ne sais pas comment on aurait pu tenir jusqu’à la fin du mois », témoigne-t-elle.

 

Des bénévoles au grand cœur

L’ambiance est effervescente. Avant même l’appel à la prière, des dizaines de bénévoles s’activent pour dresser les tables, verser la chorba bien chaude, servir les boureks et découper le pain. Parmi eux, Zina, 24 ans, étudiante en médecine, confie que « offrir mon temps et mon énergie ici me donne un sentiment de paix intérieure incroyable. J’ai l’impression d’apprendre autant des gens que je sers que dans mes cours à l’université ».

Ahmed, un jeune Algérien rentré de France pour passer le ramadan auprès de ses parents, a choisi de consacrer son séjour au bénévolat. « Je voulais que ce ramadan soit différent. Donner de mon temps m’a reconnecté avec des valeurs simples que j’avais un peu oubliées là-bas », explique-t-il en distribuant des dattes.

A Chéraga, le restaurant Rahma de l’association Ibtissama accueille une centaine de personnes chaque soir. Parmi les convives, on remarque des employés modestes, mais aussi des cadres, des retraités, des femmes veuves et des jeunes étudiants, chacun trouvant dans ces repas un moment d’humanité partagée.

Farid, 58 ans, fonctionnaire à la retraite, y vient régulièrement. « Ce n’est pas seulement pour le repas, mais pour l’ambiance. On se sent entouré, on retrouve une famille d’adoption ». Il partage volontiers sa table avec Mourad, un jeune Syrien installé en Algérie depuis trois ans. Ensemble, ils échangent sur leurs parcours, entre deux bouchées de couscous.

A la place du Central, l’association Nour El-Amal a installé son restaurant en plein cœur de la ville. Fatima, veuve et mère de deux enfants, y trouve du réconfort. « Après la mort de mon mari, je pensais que les portes allaient se fermer. Ici, je retrouve de l’espoir. Mes enfants sont heureux de rompre le jeûne entourés d’amis qu’ils se sont faits ici », confie-t-elle émue.

Même les enfants trouvent leur place : des ateliers de dessin et des animations sont organisés pendant que les bénévoles s’affairent aux fourneaux. Un climat d’entraide et de fraternité règne, apportant une chaleur humaine précieuse en ces temps de crise économique.

Ce ramadan, les restaurants Rahma sont devenus bien plus qu’un simple lieu d’assistance alimentaire. Ils sont un espace d’échanges, de solidarité intergénérationnelle et interculturelle. « C’est un microcosme de ce que devrait être notre société toute l’année », conclut Yamina, une volontaire de 62 ans. « Ici, on réapprend à se regarder dans les yeux et à tendre la main ».

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