Vêtements de l’Aïd : Une tradition de plus en plus coûteuse
Depuis plusieurs jours, les magasins de prêt-à-porter sont pris d’assaut. Des marchés populaires aux centres commerciaux, les familles se précipitent pour acheter des vêtements neufs pour les enfants, perpétuant ainsi une tradition ancestrale qui symbolise la joie et le renouveau après un mois de jeûne et de spiritualité. Mais derrière cette frénésie d’achats se cachent […] The post Vêtements de l’Aïd : Une tradition de plus en plus coûteuse appeared first on Le Jeune Indépendant.

Depuis plusieurs jours, les magasins de prêt-à-porter sont pris d’assaut. Des marchés populaires aux centres commerciaux, les familles se précipitent pour acheter des vêtements neufs pour les enfants, perpétuant ainsi une tradition ancestrale qui symbolise la joie et le renouveau après un mois de jeûne et de spiritualité. Mais derrière cette frénésie d’achats se cachent des défis de plus en plus pesants pour le pouvoir d’achat des ménages.
L’achat de nouveaux vêtements pour l’Aïd-el-Fitr est bien plus qu’une simple habitude de consommation. C’est un rituel profondément ancré, marquant la fin du ramadan dans la convivialité. Depuis des générations, les parents tiennent à ce que leurs enfants revêtent des habits neufs pour célébrer cette fête. Pourtant, aujourd’hui, cette tradition se heurte à une réalité économique de plus en plus contraignante.
Si l’ambiance est festive dans les rues commerçantes, de nombreux consommateurs expriment leur mécontentement face à la flambée des prix. Cependant, il devient aussi de plus en plus difficile de trouver des tenues à la fois belles, originales et de bonne qualité. En effet, la majorité des magasins proposent les mêmes modèles, souvent peu attrayants mais vendus à des prix élevés. Malgré le coût, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, ce qui laisse de nombreux clients déçus après leur achat.
« Depuis mon enfance, j’ai toujours eu droit à une nouvelle tenue pour l’Aïd. Aujourd’hui, je perpétue cette tradition avec mes enfants. C’est une coutume qu’on ne peut pas abandonner », confie Nora, une mère de famille rencontrée dans un magasin à Alger. Elle ajoute qu’« avant, avec 5 000 DA, on pouvait habiller un enfant de la tête aux pieds. Aujourd’hui, il faut presque le double pour avoir des vêtements de qualité correcte ». Même constat pour Fouad, père de famille, qui partage son inquiétude. « Certes, les prix varient selon les enseignes, mais dans l’ensemble, les vêtements pour enfants restent très chers, et ne valent pas vraiment leur prix », dit-il.
Karima, pour sa part, affirme avoir parcouru plusieurs boutiques mais, partout, elle a trouvé les mêmes modèles, souvent peu attrayants et vendus à des prix excessifs. « J’ai fait le tour de plusieurs boutiques et, partout, c’était presque les mêmes vêtements. Les prix étaient excessifs, les tenues des petites fillettes se vendent à pas moins de 5 400 DA. De plus, je n’ai pas trouvé quelque chose de vraiment beau ou spécial », déclare-t-elle.
Amine, de son côté, espérait dénicher une tenue originale pour l’Aïd, mais face au manque de variété, il a dû se contenter d’un modèle coûteux, dont la coupe s’est révélée décevante. « J’avais envie d’une tenue originale pour mon fils de 4 ans, mais tout se ressemblait. J’ai fini par acheter un modèle cher, mais finalement il n’est même pas si bien taillé », indique-t-il. Fatima, mère de trois enfants, partage le même constat. « Chaque année, les magasins proposent des vêtements banals à des tarifs trop élevés, où l’on paie davantage la tendance que la véritable qualité », regrette-t-elle.
De leur côté, les commerçants expliquent cette hausse des prix par plusieurs facteurs. « Tout est devenu plus cher pour nous aussi », s’exclame Ahmed, propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter à Rouiba. « L’inflation et la dévaluation du dinar ont fait grimper les coûts des importations. Nos fournisseurs nous vendent plus cher, alors forcément, nous devons ajuster nos prix ».
Pour Samir, gérant d’un magasin de vêtements pour enfants, ce sont surtout les frais liés à l’acheminement des marchandises qui pèsent lourd : « Avant, importer un lot de vêtements nous coûtait beaucoup moins cher. Aujourd’hui, avec l’augmentation des frais de transport et des droits de douane, le prix final s’en ressent forcément. Nous ne faisons que répercuter ces hausses ».
Malgré ces explications, les consommateurs, eux, peinent à accepter ces hausses, pris entre la nécessité de respecter la tradition et les contraintes financières toujours plus lourdes.
Les marchés populaires au secours des familles modestes
Au niveau des grandes villes, les marchés populaires restent la meilleure option pour ceux qui recherchent des vêtements à prix abordables. A Alger, le marché de Meissonnier est envahi par les familles à la recherche de bonnes affaires. Même ambiance au marché T’nach (Belouizdad), où les étals débordent de vêtements de toutes sortes. « Ici, on peut négocier et trouver des habits à moitié prix par rapport aux boutiques », explique Samia, une cliente habituée de ce marché.
Cependant, certains consommateurs dénoncent une qualité parfois médiocre et une absence de garanties sur ces vêtements souvent importés de Chine ou de Turquie.
Pour ceux qui privilégient la qualité et les marques, les grands centres commerciaux sont des destinations prisées. Les enseignes internationales, ainsi que les créateurs locaux proposent des collections modernes, bien coupées et adaptées aux goûts des jeunes générations. « Je préfère payer un peu plus cher et acheter de la bonne qualité plutôt que de devoir remplacer les vêtements après quelques lavages », explique Yasmine, une jeune mère rencontrée dans un centre commercial à Bab Ezzouar.
Mais ces choix restent un luxe pour de nombreuses familles, qui doivent jongler entre envie et réalité financière.
Malgré la conjoncture économique difficile, l’achat de vêtements neufs pour l’Aïd reste une priorité pour la majorité des familles algériennes. Pour beaucoup, il s’agit d’un moment de bonheur qu’il faut saisir.
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