Retailleau et la droite française: une obsession qui traverse l’histoire

L’acharnement de l’extrême droite contre l’Algérie trouve ses racines dans une fracture historique profonde, ancrée dans la guerre d’Algérie et la naissance de la Ve République. La droite française, notamment incarnée par des figures comme Retailleau, n’a jamais digéré l’indépendance de l’Algérie, perçue comme une perte d’un empire et un affront à la grandeur nationale. […]

Mars 20, 2025 - 11:31
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Retailleau et la droite française: une obsession qui traverse l’histoire

L’acharnement de l’extrême droite contre l’Algérie trouve ses racines dans une fracture historique profonde, ancrée dans la guerre d’Algérie et la naissance de la Ve République. La droite française, notamment incarnée par des figures comme Retailleau, n’a jamais digéré l’indépendance de l’Algérie, perçue comme une perte d’un empire et un affront à la grandeur nationale. Cette incompréhension du passé colonial et cette blessure historique expliquent en grande partie les attaques répétées contre l’Algérie, héritage d’une époque où la France tentait de maintenir son autorité en Afrique du Nord. Pour comprendre les tensions actuelles, il est essentiel de revisiter l’histoire et de saisir la manière dont elle façonne encore les discours politiques d’aujourd’hui. L’Algérie reste, pour certains secteurs de la droite française, une cicatrice historique difficile à refermer. Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, les tensions entre la France et son ancienne colonie n’ont cessé de ressurgir, alimentées par des discours politiques, notamment à l’extrême droite, qui semblent être obsédées par ce passé. Cette tension trouve ses racines dans la guerre d’Algérie, un conflit qui a non seulement marqué la fin de l’empire colonial français, mais aussi la naissance de la Ve République. Anthony Bellanger, éditorialiste à France Info TV et spécialiste des questions internationales, a récemment souligné l’importance de cet héritage dans la construction des institutions françaises modernes. Selon lui, « La Ve République est née avec la guerre d’Algérie. L’ensemble de nos institutions sont nées avec la guerre d’Algérie ». Une analyse qui met en lumière la manière dont cet événement a façonné non seulement les institutions, mais aussi la politique et les mentalités en France, et notamment l’extrême droite. Selon le spécialiste des questions internationales, la guerre d’Algérie, qui dura de 1954 à 1962, a profondément bouleversé la France. C’est dans ce contexte de guerre coloniale que la Constitution de la Ve République a été mise en place en 1958, sous l’impulsion du général de Gaulle. La fin de ce conflit a été suivie de l’indépendance de l’Algérie, un événement qui a été vécu comme une défaite pour une large partie de la droite française. Bellanger explique : « Quand vous voulez comprendre l’histoire de France de ces 60 dernières années, y compris des hommes et des femmes qui l’ont incarnée, c’est l’Algérie, l’Algérie et l’Algérie ». Cette blessure historique, qui perdure aujourd’hui, continue de nourrir les discours politiques de certains leaders, spécialement à l’extrême droite. Des personnalités comme Éric Zemmour, rapatrié d’Algérie, ou Marine Le Pen, Gérald Darmanin dont le grand-père est un héros, Valérie Pécresse, dont le grand-père était le psychiatre de tout ce que l’Algérie française comptait de traumatisés de la guerre, sont des symboles de cette relation tendue avec l’ancienne colonie. Comme le rappelle Bellanger, « vous prenez les candidats à l’élection présidentielle de 2017 ou de 2022, vous avez Zemmour, rapatrié d’Algérie, M. Le Pen, fille de tortionnaire… vous pouvez multiplier les exemples par des dizaines ». L’adhésion de ces figures à une vision conservatrice et nostalgique de l’Algérie française est incontestable.

L’Algérie en héritage : Une droite qui n’a pas digéré l’indépendance

Un des représentants actuels de cette droite qui n’a jamais accepté l’indépendance de l’Algérie est le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Pour Bellanger, la position de Retailleau ne surprend pas, car il incarne une droite française qui n’a jamais digéré la perte de l’Algérie. « C’est une droite qui n’a jamais accepté que l’Algérie ait pris son indépendance. On ne lui a pas donné, elle a dû l’accepter », analyse-t-il. Cette fracture profonde est en grande partie responsable de l’acharnement de certaines figures de l’extrême droite contre l’Algérie. Ce rejet est également une forme de résistance symbolique à un ordre mondial qui a changé après la décolonisation. Retailleau, ainsi que d’autres membres de la droite dure, ont souvent exprimé des opinions sévères sur la situation actuelle en Algérie, sur les relations entre les deux pays et sur l’histoire coloniale. Cette attitude semble être une réaction à la modernité, où la France doit faire face à une Algérie indépendante et souveraine, un fait historique qu’ils considèrent comme une humiliation. Dans cette optique, l’Algérie devient une sorte de miroir du passé colonial, un passé qu’ils souhaitent maintenir vivace par le biais de critiques constantes.

L’Algérie, un terrain miné pour la droite française

Ce ressentiment à l’égard de l’Algérie est également renforcé par un élément crucial de la construction de la Ve République : l’aspiration du général de Gaulle à donner à la présidence un pouvoir légitimé par le suffrage universel, un geste qui marquait l’effacement des instituti