Révélations de Ferhat Ait Ali : la vérité sur les investissements de Renault Algérie
Dans une interview explosive sur le plateau de Vision TV, Ferhat Ait Ali, ancien ministre de l’Industrie et expert en développement industriel, a jeté un pavé dans la mare en exposant les réalités cachées de l’industrie automobile en Algérie. En abordant le cas de Renault, un des plus grands acteurs de ce secteur en Algérie, […]

Dans une interview explosive sur le plateau de Vision TV, Ferhat Ait Ali, ancien ministre de l’Industrie et expert en développement industriel, a jeté un pavé dans la mare en exposant les réalités cachées de l’industrie automobile en Algérie.
En abordant le cas de Renault, un des plus grands acteurs de ce secteur en Algérie, il a remis en question les promesses d’intégration locale et a soulevé des interrogations sur l’engagement des géants de l’automobile à développer réellement l’industrie algérienne.
Lorsque Renault a débarqué en Algérie en 2014, la promesse était ambitieuse : atteindre un taux d’intégration locale de 30 % d’ici cinq ans. Ce chiffre devait marquer un tournant dans l’histoire industrielle du pays, ouvrant la voie à une véritable production nationale, générant des milliers d’emplois et soutenant l’émergence d’un tissu industriel autour de la production automobile.
Mais selon Ferhat Ait Ali, cette promesse n’a pas été tenue. En effet, alors qu’en 2017 Renault annonçait un taux d’intégration de 28 %, l’ancien ministre a révélé qu’à l’époque, après avoir mené ses propres calculs, il avait estimé le taux réel à seulement 6,5 %. Une première alerte, loin des projections initiales. Mais cette première évaluation n’était qu’un avant-goût de la réalité à venir.
L’année 2019 a encore accentué la désillusion : selon des rapports officiels reçus par Ait Ali, le taux d’intégration était tombé à 4,7 %. Un chiffre bien en deçà des attentes, qui soulève des questions sur la véritable contribution de l’usine de Renault à l’économie nationale.
Pour l’ancien ministre, ces données mettent en lumière un phénomène inquiétant : la politique de montage automobile en Algérie n’aurait fait que renforcer la dépendance du pays aux pièces détachées importées, plutôt que de stimuler le développement d’un secteur industriel autonome et compétitif.
« Ce n’était pas uniquement le cas de Renault, mais aussi de nombreux autres constructeurs présents en Algérie », a souligné Ferhat Ait Ali, jetant ainsi un éclairage sur une situation qui va bien au-delà du seul groupe français. L’industrie du montage automobile, soutenue par un cadre législatif souple, semblait ainsi plus préoccupée par l’importation de véhicules quasi-finis sous couvert de production locale que par l’instauration d’une véritable chaîne de valeur industrielle.
Ce modèle économique, qui ne favorise pas le transfert de technologie ni la création d’un savoir-faire local en profondeur, a provoqué un sentiment de frustration parmi de nombreux Algériens.
Ces derniers nourrissaient de grands espoirs concernant le développement d’une industrie automobile nationale, capable de proposer des véhicules accessibles, de bonne qualité et de stimuler l’économie locale. Mais à travers ces révélations, il semble que ce modèle ait plutôt servi à contourner les restrictions sur l’importation de véhicules.
Les ambitions affichées par les constructeurs de l’époque n’ont donc pas trouvé de véritable traduction dans la réalité industrielle. L’Algérie, pourtant riche en ressources humaines et stratégiquement située, peine à développer une filière automobile performante, ce qui génère une méfiance croissante envers ces grandes entreprises étrangères, notamment Renault.
Depuis 2022, la situation a radicalement changé avec la mise en place d’une nouvelle réglementation par les autorités algériennes. Celles-ci ont désormais imposé des exigences beaucoup plus strictes en matière d’intégration locale, obligeant les constructeurs étrangers à fournir des garanties claires sur leurs capacités à produire localement avant de pouvoir relancer leurs activités.
Cela marque un tournant dans la politique industrielle du pays, en particulier pour les géants de l’automobile.
Renault, qui a annoncé en 2023 la reprise de sa production à Oran, devra désormais prouver son engagement réel pour respecter ces critères de production locale. L’entreprise sera également confrontée à un climat de défiance grandissant, alimenté par des révélations comme celles de Ferhat Ait Ali.