Guerre de libération nationale: Appel à ouvrir toutes les archives sur l'usage de gaz chimiques par l'armée française
ALGER - L'historien français Christophe Lafaye qui a participé à la réalisation du film-documentaire "Algérie-Section armes spéciales", a appelé à ouvrir toutes les archives militaires en France sur l'usage à grande échelle, par l'armée française, de gaz chimiques interdits durant la Guerre de libération nationale. "Il faut ouvrir toutes les archives militaires en France sur le sujet", a affirmé M. Lafaye dans un entretien au quotidien Le Courrier d'Algérie, recommandant de "lancer en Algérie de vastes collectes de mémoires orales dans les différentes régions". A travers ce film-documentaire, sa réalisatrice, Claire Billet a choisi de "dévoiler aux Français l’existence de la guerre chimique" durant l'occupation de l'Algérie, a-t-il indiqué. Déplorant le problème d’accès aux archives, ce docteur en histoire à l’université d’Aix (Marseille) depuis 2014, a relevé qu'en France "le secret sur la guerre chimique ne voulait pas être levé (et) il a fallu se battre", pour ce faire. "Les archives du service historique de la défense ont été assez largement ouvertes entre 2012 et 2019", a-t-il précisé. "Soudain, au mois de décembre 2019, gros cataclysme, les archives contemporaines du ministère de la Défense ont été fermées à cause d’un conflit juridique entre deux textes. La loi de 2008 sur les archives déclassifiait au bout de cinquante ans les archives de secret défense, mais le ministère des Armées opposait une instruction générale interministérielle émanant du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale ordonnant la déclassification à la pièce (document par document)", a-t-il regretté. Pour M. Lafaye, "un grand pays se doit d'assumer son histoire avec ses zones d'ombre et de lumière. Les historiennes et historiens doivent rendre accessible cette histoire aux citoyens et permettre un débat public fondé sur des faits, un savoir construit et sourcé pouvant être interrogé et non de simples opinions". A une question sur la censure de ce film-documentaire par France Télévision, M. Lafaye a fait observer que "le film a été diffusé une première fois sur RTS (Suisse) le 9 mars 2025 et devait être montré une semaine plus tard sur France 5, mais la diffusion a été reportée (à priori en juin). Avec Claire Billet (réalisatrice du film), nous étions très surpris", s'est-il indigné. Il a, en outre, estimé que ce film documentaire "doit être vu et partagé le plus largement possible en France et à l’étranger, surtout au Maghreb, pour libérer la parole", soutenant que la France "doit regarder en face toutes les facettes de la guerre coloniale". "Il faut crever les abcès qui gangrènent notre vie politique depuis trop longtemps et nous empêchent de reconnaître, ailleurs dans le monde, les méfaits des guerres coloniales", a-t-il insisté. Interrogé, d'autre part, sur l'utilisation du Napalm par l'armée française sur des populations sans défense durant la Guerre de libération nationale, il a affirmé que "bien évidemment, l’usage du Napalm est documenté dans les archives du ministère des Armées". S'agissant de "la sourde oreille de la France sur les déchets radioactifs des explosions nucléaires dans le sud de l'Algérie, M. Lafaye a fait savoir que "dans ce domaine aussi, les archives sont refermées au titre des archives incommunicables", plaidant pour "une impulsion politique forte en France pour que ces abus cessent et que les historiens puissent s'en saisir pour travailler".


ALGER - L'historien français Christophe Lafaye qui a participé à la réalisation du film-documentaire "Algérie-Section armes spéciales", a appelé à ouvrir toutes les archives militaires en France sur l'usage à grande échelle, par l'armée française, de gaz chimiques interdits durant la Guerre de libération nationale.
"Il faut ouvrir toutes les archives militaires en France sur le sujet", a affirmé M. Lafaye dans un entretien au quotidien Le Courrier d'Algérie, recommandant de "lancer en Algérie de vastes collectes de mémoires orales dans les différentes régions".
A travers ce film-documentaire, sa réalisatrice, Claire Billet a choisi de "dévoiler aux Français l’existence de la guerre chimique" durant l'occupation de l'Algérie, a-t-il indiqué.
Déplorant le problème d’accès aux archives, ce docteur en histoire à l’université d’Aix (Marseille) depuis 2014, a relevé qu'en France "le secret sur la guerre chimique ne voulait pas être levé (et) il a fallu se battre", pour ce faire. "Les archives du service historique de la défense ont été assez largement ouvertes entre 2012 et 2019", a-t-il précisé.
"Soudain, au mois de décembre 2019, gros cataclysme, les archives contemporaines du ministère de la Défense ont été fermées à cause d’un conflit juridique entre deux textes. La loi de 2008 sur les archives déclassifiait au bout de cinquante ans les archives de secret défense, mais le ministère des Armées opposait une instruction générale interministérielle émanant du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale ordonnant la déclassification à la pièce (document par document)", a-t-il regretté.
Pour M. Lafaye, "un grand pays se doit d'assumer son histoire avec ses zones d'ombre et de lumière. Les historiennes et historiens doivent rendre accessible cette histoire aux citoyens et permettre un débat public fondé sur des faits, un savoir construit et sourcé pouvant être interrogé et non de simples opinions".
A une question sur la censure de ce film-documentaire par France Télévision, M. Lafaye a fait observer que "le film a été diffusé une première fois sur RTS (Suisse) le 9 mars 2025 et devait être montré une semaine plus tard sur France 5, mais la diffusion a été reportée (à priori en juin). Avec Claire Billet (réalisatrice du film), nous étions très surpris", s'est-il indigné.
Il a, en outre, estimé que ce film documentaire "doit être vu et partagé le plus largement possible en France et à l’étranger, surtout au Maghreb, pour libérer la parole", soutenant que la France "doit regarder en face toutes les facettes de la guerre coloniale".
"Il faut crever les abcès qui gangrènent notre vie politique depuis trop longtemps et nous empêchent de reconnaître, ailleurs dans le monde, les méfaits des guerres coloniales", a-t-il insisté.
Interrogé, d'autre part, sur l'utilisation du Napalm par l'armée française sur des populations sans défense durant la Guerre de libération nationale, il a affirmé que "bien évidemment, l’usage du Napalm est documenté dans les archives du ministère des Armées".
S'agissant de "la sourde oreille de la France sur les déchets radioactifs des explosions nucléaires dans le sud de l'Algérie, M. Lafaye a fait savoir que "dans ce domaine aussi, les archives sont refermées au titre des archives incommunicables", plaidant pour "une impulsion politique forte en France pour que ces abus cessent et que les historiens puissent s'en saisir pour travailler".