Arrangement
Cela fait des années, et même des décennies qu’une frange, toujours plus importante, d’électeurs de droite traditionnelle réclament à leurs représentants une alliance électorale avec la droite nationaliste. Les électeurs des Républicains sont ainsi de plus en plus nombreux à demander un rapprochement avec le Rassemblement National, qui a fini de se dédiaboliser il y […]
Cela fait des années, et même des décennies qu’une frange, toujours plus importante, d’électeurs de droite traditionnelle réclament à leurs représentants une alliance électorale avec la droite nationaliste. Les électeurs des Républicains sont ainsi de plus en plus nombreux à demander un rapprochement avec le Rassemblement National, qui a fini de se dédiaboliser il y a plusieurs années déjà et qui séduit désormais les militants et les sympathisants de droite classique. Un fait indéniable que le président des LR Éric Ciotti a finalement décidé de prendre en compte en vue des prochaines élections législatives anticipées en fin de mois en annonçant lundi soir qu’une alliance avec le RN était indispensable. Sans surprise il a rapidement été désavoué par plusieurs cadres et responsables de son parti. Le chef des députés LR Olivier Marleix a tout de suite réagit en affirmant qu' » Éric Ciotti n’engage que lui et doit quitter la présidence de LR « . Quelques minutes avant la prise de parole du président du parti, il avait déjà écarté toute alliance avec le RN : » Nous serons candidats sous nos couleurs. Sans arrangements. Aucun « , avait-t-il tranché invoquant l’héritage du général de Gaulle. Dans la foulée de l’interview d’Éric Ciotti, le président du Sénat Gérard Larcher a également exigé sur X sa démission : » À la suite des déclarations d’Éric Ciotti, j’estime qu’il ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président des Républicains « . » Je n’avaliserai jamais, sous aucun prétexte, un accord avec le RN contraire à l’intérêt de la France et à notre histoire « , a lancé le président de la Haute assemblée aux sénateurs du parti. Pour le député sortant de l’Aisne Julien Dive, » nous savons désormais qu’en juin 1940, Éric Ciotti n’aurait jamais traversé la Manche « , a-t-il déclaré sur son compte X. » Je n’y crois pas « , a déclaré le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes et candidat putatif du parti en 2027 Laurent Wauquiez après l’annonce. » Je crois à la politique qui est faite dans la clarté » mais » on ne trahit jamais « , a-t-il déclaré lors d’un point presse à Yssingeaux sans citer explicitement le patron des Républicains. Hier matin, il avait déjà écarté l’hypothèse sur X refusant » le saut dans l’inconnu du RN » et appelé son parti à une » parole indépendante « . La candidate malheureuse à la présidentielle de 2022 et présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a également dénoncé l’initiative : » Vendre son âme pour un plat de lentilles et draper cela dans l’intérêt du pays…c’est ce que j’ai toujours refusé. L’honneur, la droiture, les convictions ne sont pas des vains mots. Tout ne s’achète pas. Les Républicains doivent dénoncer immédiatement l’accord proposé par Ciotti avec le RN « . Plus tôt dans la matinée, Xavier Bertrand, lui aussi en course pour 2027 et président de région appelait son parti à une clarification : » L’ADN de la droite républicaine, ce n’est jamais les extrêmes, jamais le Front national, jamais Marine Le Pen. Ça a toujours été mon combat et ça le restera « , a-t-il assuré. Une ligne de conduite partagée par l’ancien président de l’UMP Jean-François Copé fustigeant dans un communiqué » une question est d’une gravité extrême (…) c’est pour cela que j’exige la convocation d’un bureau politique dans les 24 heures « . Toutefois, si tous pointent du doigt Ciotti, personne ne commente le fait que les militants et sympathisants sont nombreux à souhaiter une alliance avec le RN qui est déjà crédité d’après les premiers sondages sur les élections législatives de plus de plus de 34% de voix, alors que LR est à 9% d’intentions de vote. Combien de députés Républicains restera-t-il dans l’hémicycle dans quelques semaines ? Quel poids auront-ils et quelle incidence sur l’avenir de ce parti qui fut jadis le plus puissant d’Europe et qui n’arrive même plus désormais à atteindre les 5% aux élections présidentielles. Les cris d’orfraies aujourd’hui ne change surtout pas la réalité : le RN gagnera certainement ce nouveau scrutin sans l’aide de LR mais le contraire est loin d’être vrai.
F. M.
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