Climat: Records de chaleur et pluies torrentielles, une année 2024 hors norme pour l’Europe

Selon le dernier rapport publié par l’observatoire européen Copernicus et l’organisation météorologique mondiale,  l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus. Avec pour conséquence, entre autres, une recrudescence d’inondations meurtrières. Tempête Boris, pluies torrentielles en Espagne… En 2024, l’Europe n’a pas été épargnée par les conséquences du changement climatique. Le bilan annuel du climat […]

Avr 26, 2025 - 01:23
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Climat: Records de chaleur et pluies torrentielles, une année 2024 hors norme pour l’Europe
Selon le dernier rapport publié par l’observatoire européen Copernicus et l’organisation météorologique mondiale,  l’Europe est le continent qui se réchauffe le plus. Avec pour conséquence, entre autres, une recrudescence d’inondations meurtrières. Tempête Boris, pluies torrentielles en Espagne… En 2024, l’Europe n’a pas été épargnée par les conséquences du changement climatique. Le bilan annuel du climat de l’organisme européen Copernicus et de l’Organisation météorologique mondiale montre les conséquences dramatiques de l’année la plus chaude jamais enregistrée. «Depuis les années 1980, l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui en fait le continent qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre», alerte le dernier rapport sur l’état du climat européen en 2024 de l’observatoire Copernicus, en collaboration avec l’Organisation météorologique mondiale, publié il y a quelques jours.
Une situation climatique qui induit un grand nombre de catastrophes naturelles, de plus en plus intenses, et non sans conséquences économiques et financières. En 2024, elles auraient coûté près de 300 milliards d’euros, un chiffre en hausse de près de 26% par rapport à la moyenne des 10 dernières années. Voici les six informations à retenir de ce bilan, fruit du travail de plus d’une centaine de chercheurs.
2024, l’année la plus chaude jamais enregistrée en Europe
L’année qui vient de se terminer est bien celle de tous les records. 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, à l’échelle mondiale mais également à l’échelle européenne. Elle est aussi la première année à avoir dépassé +1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, seuil établi par l’Accord de Paris. Toutefois, prévient Samantha Burgess, co-auteure principale du rapport, cela ne signifie pas que ce dernier soit «caduc», car il faut regarder «la moyenne sur le long terme, sur 20 ans au-dessus de 1,5°C». Les trois années les plus chaudes enregistrées depuis le début des relevés, au XIXe siècle, sont cependant survenues après 2020, et les dix les plus chaudes toutes après 2007.
+1,2°C pour la mer Méditerranée
La seconde conséquence de ce réchauffement est à observer du côté de nos océans, et plus particulièrement de la mer Méditerranée. Depuis les années 1980, cette dernière a gagné 1,2°C supplémentaire, atteignant un record à 21,5°C. Et rien qu’en 2024, les chercheurs ont établi que la température des mers européennes s’élevait à 13,7°C, soit un peu plus de 0,7°C au-dessus de la moyenne 1990-2020. La raison de cette hausse des températures ? Nos océans absorbent près de 90% de l’excès de chaleur causé par les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Néanmoins, cela n’est pas sans conséquence pour cet écosystème fragile, car ce réchauffement brutal entraîne des mortalités massives d’espèces marines, telles que les gorgones, coraux, huîtres ou encore oursins.
Des inondations sans précédent en Europe de l’Ouest
Ce rapport a révélé pour l’année 2024 l’existence d’une «frontière météorologique» entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, notamment lorsque l’on s’intéresse aux précipitations. «Ce contraste saisissant est inhabituel. Normalement, on observe plutôt une séparation Nord-Sud, note Carlo Buontempo, directeur de l’agence Copernicus. Des changements de circulation atmosphérique ont pu jouer. C’est en revanche difficile de dire s’il y a un lien avec le changement climatique».
Selon ce rapport, l’année qui vient de s’écouler a été «l’une des plus humides pour l’Europe occidentale depuis 1950». De plus, le Vieux Continent a également connu les inondations les plus importantes et les plus graves de ces dix dernières années. Près de 413 000 personnes ont été touchées par les tempêtes et/ou les inondations, et au moins 335 y ont perdu la vie, dont 223 dans les pluies torrentielles qui ont ravagé la région espagnole de Valence, en octobre 2024. D’ailleurs, chaque mois de début 2024 a été le théâtre d’une inondation majeure sur le continent, rappelle le rapport : janvier au Royaume-Uni, février dans le nord de l’Espagne, mars et mai dans le nord de la France, juin en Allemagne et en Suisse.
Des chaleurs record à l’Est
À l’inverse, les régions orientales ont été en moyenne plus sèches et plus chaudes. Par exemple, plusieurs territoires de l’Est (Balkans, Ukraine, ouest de la Russie) ont eu jusqu’à 50 jours de pluie en moins. D’ailleurs, l’Europe du Sud-Est a enchaîné au cours de l’été six vagues de chaleur, dont la plus longue jamais enregistrée avec 13 jours consécutifs en juillet avec un mercure de 9,2°C au-dessus de la moyenne. Ainsi, l’Est de l’Europe a connu en 2024 un record de 66 jours de «fort stress thermique» (température ressentie supérieure à 32°C) et de 23 nuits tropicales.
Des incendies dévastateurs
Le réchauffement climatique aggrave également les incendies. Chaque été, l’Europe est touchée par des incendies, de plus en plus nombreux et de plus en plus dévastateurs. En 2024, ils ont sévèrement touché la Grèce, la Roumanie ou la Bulgarie, notamment en raison de la sécheresse qui a frappé les Balkans. Le Portugal n’a pas non plus été épargné. En l’espace d’une semaine, au mois de septembre, les feux ont ravagé quelque 11 000 hectares, soit un tiers de la surface brûlée en Europe cette même année.
Fonte des glaciers partout en Europe
Ces fortes températures ont eu pour conséquence d’accélérer la fonte des glaciers partout en Europe. «La fonte des glaciers est sans précédent, explique Celeste Saulo, secrétaire générale de l’OMM. Depuis 1975 et le début des mesures, ils ont perdu plus de 9 000 milliards de tonnes. Cela représente un bloc de la superficie de l’Allemagne avec une épaisseur de 25 mètres». En 2024, les glaciers scandinaves (Danemark, Norvège et Suède) et du Svalbard ont enregistré la plus grande perte de masse annuelle de toutes les régions glaciaires de la planète. Ces glaciers ont perdu 1,8 mètre d’épaisseur moyenne sur l’année, et jusqu’à 2,7 mètres pour ceux du Svalbard. Malgré ce contexte, seule la moitié des villes européennes disposent aujourd’hui d’un plan d’adaptation pour faire face aux événements climatiques extrêmes, tels que les inondations et les chaleurs extrêmes. «Cela représente un progrès encourageant par rapport aux 26% de 2018», note le rapport. «Mais certains pays d’Europe du Sud-Est et du Caucase du Sud sont à la traîne. Nous devons donc aller plus vite, plus loin et ensemble», souligne Celeste Saulo. Ainsi, pour Andrew Ferrone, coordinateur scientifique de l’UE au sein de l’ONU Climat, «il est urgent d’agir, car la gravité du risque devrait atteindre des niveaux critiques ou catastrophiques d’ici le milieu ou la fin de ce siècle», soulignant que chaque dixième de degré évité a son importance.
Environnement Actu.