Début de l’atelier régional du CISSA : Fake news, l’Afrique riposte depuis Alger

L’atelier régional du Bureau de liaison pour l’Afrique du Nord du Comité des services de renseignement et de sécurité africains (CISSA) a débuté hier au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal (CIC) à Alger, sous le thème plus qu’actuel : « Les répercussions des fake news et de la désinformation sur la sécurité et la stabilité des […] The post Début de l’atelier régional du CISSA : Fake news, l’Afrique riposte depuis Alger appeared first on Le Jeune Indépendant.

Avr 21, 2025 - 00:42
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Début de l’atelier régional du CISSA : Fake news, l’Afrique riposte depuis Alger

L’atelier régional du Bureau de liaison pour l’Afrique du Nord du Comité des services de renseignement et de sécurité africains (CISSA) a débuté hier au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal (CIC) à Alger, sous le thème plus qu’actuel : « Les répercussions des fake news et de la désinformation sur la sécurité et la stabilité des États ».

Si les fake news peuvent parfois prêter à sourire sur les réseaux sociaux, elles représentent un véritable danger pour les États africains, tant elles sont aujourd’hui utilisées comme outils de guerre hybride. En manipulant l’opinion publique, en semant la confusion ou en alimentant les tensions internes, les campagnes de désinformation peuvent affaiblir des gouvernements, déstabiliser des institutions, et même déclencher des crises politiques ou sociales. C’est précisément pour répondre à ces menaces que cet atelier réunit jusqu’au 22 avril des experts, officiers de renseignement, représentants des services de sécurité et responsables politiques de toute la région nord-africaine.

Présidant l’ouverture de cet événement, le général Fethi Rochdi Moussaoui, directeur général de la Documentation et de la Sécurité extérieure (DGSE) et président du bureau régional Afrique du Nord du CISSA, a, dans son allocution, transmis les salutations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune à l’ensemble des participants. « Notre bataille contre la désinformation n’est pas une simple question de communication, c’est une lutte existentielle pour la stabilité de nos nations », a-t-il déclaré.

Le général a insisté sur le fait que l’Afrique n’a pas le luxe de l’inaction face aux campagnes de manipulation de masse. Il a affirmé avec conviction que « cette bataille n’est pas un choix mais une obligation », que les responsables africains doivent assumer au nom de leur responsabilité historique envers leurs peuples. « L’Algérie, par son enracinement africain, continuera d’être en première ligne pour défendre la stabilité de notre continent », a-t-il ajouté.

Les travaux de l’atelier, qui s’étalent sur plusieurs jours, visent à poser les bases d’une stratégie de coopération continentale face à la désinformation. Outre les représentants nord-africains, l’événement a vu la participation de hauts responsables du CISSA, du commissariat aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, ainsi que de la secrétaire d’État algérienne chargée des affaires africaines.

Plusieurs pistes d’action concrètes ont été avancées au cours de cet atelier, parmi lesquelles la création de cellules spécialisées dans la détection des fake news, le renforcement des capacités des services de renseignement face aux nouvelles menaces numériques, ainsi que la formation de relais médiatiques à même de contrer efficacement la désinformation à travers la production et la diffusion de contenus fiables, vérifiés et accessibles au grand public. Ces mesures visent à bâtir un front commun capable de répondre aux défis croissants posés par la manipulation de l’information à l’échelle continentale.

 

Un combat contre le nouvel impérialisme numérique

 

De son côté, la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, Bakhta Selma Mansouri, a souligné l’importance de renforcer la résilience de l’Afrique face à l’émergence du « colonialisme numérique » et à l’armement de l’information.

Elle a ouvert son intervention en rappelant l’histoire de résistance de l’Afrique face au colonialisme classique et à l’intensification des menaces terroristes sur le continent. Elle a ensuite averti que « aujourd’hui, l’Afrique doit se protéger contre un nouvel ennemi, celui du colonialisme intellectuel et de la manipulation médiatique ».

D’autres parts, la même responsable a insisté sur le fait que, si les informations ont toujours été un vecteur de savoir et de progrès, elles sont désormais utilisées comme une arme de déstabilisation, servant à détruire les sociétés de l’intérieur, à semer la division et à influencer les décisions politiques à des fins étrangères.

Elle a ainsi déploré que l’Afrique soit devenue un terrain de jeu pour ces « guerres hybrides », notamment en période électorale. Selon elle, des campagnes de désinformation ont été utilisées dans plus de 20 pays africains au cours des dernières années, visant à saper la confiance des populations dans les processus démocratiques, déstabiliser les élections et créer des fractures sociales profondes.

La secrétaire d’État a pointé du doigt les dangers des plateformes numériques, qui, sous couvert de liberté d’expression et d’ouverture numérique, diffusent des informations mensongères et des récits biaisés. Elle a déploré que de telles campagnes soient souvent amplifiées sur les réseaux sociaux et utilisent des canaux numériques pour contourner les institutions traditionnelles et manipuler les opinions publiques.

Elle a également attiré l’attention sur le fait que ces informations erronées ne se contentent pas de déstabiliser les sociétés, elles sont également utilisées pour remettre en question la légitimité des institutions, en particulier dans les phases de transition politique que vivent certains pays africains, souvent fragilisées par des conflits internes ou des périodes d’instabilité.

Bakhta Selma Mansouri a ensuite souligné l’importance des échanges entre les agences de renseignement et les forces de sécurité africaines pour faire face à ces défis. « Nous devons renforcer notre coopération pour ériger un front commun contre cette menace. Il est de notre responsabilité collective de protéger nos sociétés contre ce nouvel impérialisme », a-t-elle ajouté.

A la fin, elle a réaffirmé l’engagement de l’Algérie à jouer un rôle de premier plan dans cette bataille, en apportant son soutien aux initiatives visant à préserver la souveraineté africaine et à garantir la stabilité du continent face aux menaces numériques croissantes.

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