Échecs
La situation en Nouvelle-Calédonie jette un voile noir sur les tentatives répétées d’Emmanuel Macron de briller sur la scène internationale, alors que même ses alliés d’un temps n’hésitent plus à l’étriller. Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui fut durant plusieurs années un opposant très indulgent et a même à plusieurs reprises encensé le président […]
La situation en Nouvelle-Calédonie jette un voile noir sur les tentatives répétées d’Emmanuel Macron de briller sur la scène internationale, alors que même ses alliés d’un temps n’hésitent plus à l’étriller. Le président du Sénat, Gérard Larcher, qui fut durant plusieurs années un opposant très indulgent et a même à plusieurs reprises encensé le président français, se montre aujourd’hui virulent envers Emmanuel Macron et le bilan «décevant» de ses sept premières années à l’Élysée, dans un entretien publié par «La Tribune du Dimanche», l’accusant notamment d’un «déni de réalité». Le sénateur des Yvelines cible trois points qui illustrent le fossé entre la vision du président de la République et la sienne. Le premier point concerne le système éducatif français, qui s’est «beaucoup dégradé». «Le niveau chute et la violence augmente, affirme le ténor Les Républicains. Les enseignants en parlent désormais ouvertement. (…) Ce n’est pas qu’une histoire d’argent et de moyens. Il y a un problème de transmission des valeurs, de respect de l’autorité du maître, de préservation de la laïcité, notamment dans le public». L’autre «très grande préoccupation des Français» s’inquiète «de la santé». Il cite pêle-mêle l’opposition entre «public» et «privé», la bureaucratisation de l’hôpital avec «34 % de personnel non soignant contre 26 % en Italie et 25 % en Allemagne», et les «sept Ehpad sur dix en déficit». «Notre système de santé s’est profondément dégradé», enfonce-t-il. Dernier point de crispation majeur aux yeux de Larcher, la sécurité en France. Il cite plusieurs cas récents de faits divers qui ont choqué l’opinion publique par leur violence, comme «la fusillade de Villeurbanne le 8 mai sur fond de narcotrafic», «le meurtre de Matisse à Châteauroux par un Afghan qui était sous contrôle judiciaire» ou les multiples «refus d’obtempérer». Au-delà de la question de l’autorité de l’État, le président du Sénat s’attaque ensuite à un sujet plus sensible, celui du budget. «La France décroche et la situation de nos finances publiques est l’échec le plus cuisant de ces sept dernières années», assène Gérard Larcher. Il rappelle la proposition de son parti pour réaliser 7 milliards d’économies sur le budget 2024 qui n’avait pas été «retenue», et laisse planer la possibilité d’une motion de censure pour le budget 2025 si la majorité ne se montre pas plus à l’écoute. «La décision d’une censure appartient aux députés, pose-t-il. Mais si la trajectoire pour 2025 ressemble à celle qui nous a été proposée en 2024, je ne vois pas comment on pourra l’accepter. (…) Soit (Emmanuel Macron) est capable de recomposer une majorité et de partager une trajectoire de redressement du pays, soit il dissout. C’est à lui que la décision appartient». Relancé sur ses dissensions avec le chef de l’État, Gérard Larcher assène : «J’ai l’impression qu’on ne perçoit pas le même pays, qu’on ne ressent pas la même France». Ainsi, l’idée d’une dissolution, longtemps préconisée par le Rassemblement National, fait son chemin et gagne le grand parti de droite traditionnelle qui semble mettre une croix sur toute coopération future avec la majorité présidentielle. Ceux, au gouvernement, qui espèrent pallier le manque de majorité absolue au Parlement grâce à une coopération avec LR ont désormais du souci à se faire, à voir avec quelle brutalité l’exécutif du parti de droite n’hésite plus à attaquer jusqu’à la personne du chef de l’État.
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