Grève générale politique d’un jour en Israël
Hier lundi, c’était en principe grève générale en Israël, à l’appel de la plus importante union des travailleurs, ce qui toutefois n’en garantit pas le succès, en raison de la division marquée de ce pays en deux dans le contexte d’une guerre interminable. Là où Histradut, la fédération en question, est bien implantée, comme dans […]
Hier lundi, c’était en principe grève générale en Israël, à l’appel de la plus importante union des travailleurs, ce qui toutefois n’en garantit pas le succès, en raison de la division marquée de ce pays en deux dans le contexte d’une guerre interminable. Là où Histradut, la fédération en question, est bien implantée, comme dans le secteur public, les aéroports, celui de Tel Aviv notamment, quelques ministères, la paralysie a pu être complète, mais rien ne dit par avance que c’est tout le pays qui s’est trouvé à l’arrêt. De toute façon une grève générale n’a de chance de peser sur le cours des événements que si elle est illimitée dans le temps, ce qui n’est pas le cas en l’occurrence, puisque celle dont il s’agit est d’un jour seulement. C’en est une de purement politique, puisqu’il s’agit par son entremise de forcer le gouvernement Netanyahou à passer un accord avec le Hamas, ce à quoi justement il se refuse depuis des mois. L’élément déclencheur en a été la découverte dans un tunnel de Rafah de six corps de captifs israéliens, qui à en croire le côté israélien ont trouvé la mort tout récemment, un détail non démenti en soi par les Palestiniens, sauf qu’eux-mêmes attribuent ces morts aux bombardements israéliens.
La grève a été précédée par une forte mobilisation des partisans d’un accord dans l’immédiat, dont le mouvement qui s’essoufflait semble s’être revigoré dans le présent. Ce que l’administration Biden n’a pu obtenir jusque-là, à savoir persuader le gouvernement Netanyahou de la nécessité d’un accord, les chances d’une grève générale d’un jour d’y parvenir ne sont pas bien grandes, pour ne pas dire nulles. En face des Israéliens qui font grève et qui manifestent contre la politique qui est menée, il y a tous ceux pour le moment silencieux qui sont en cette matière au contraire en phase avec lui. D’après de récents sondages, ces derniers seraient même nettement plus nombreux que les premiers. Benyamin Netanyahou est présenté dans les médias comme l’unique responsable du blocage actuel, comme le seul qui par ses manœuvres incessantes fait capoter les négociations en vue d’un accord proposé par les intermédiaires, dont le Hamas lui par contre aurait déjà accepté les termes. En réalité, il n’est pas isolé. Il l’est si peu qu’une moitié au moins des Israéliens, probablement davantage, le soutient sans désemparer. Autrement il n’aurait pas résisté à la pression constante de l’administration Biden, dont le besoin d’un accord est aussi urgent que celui des familles des captifs, non seulement parce qu’une partie de ces derniers sont américains, mais parce que la victoire à l’élection prochaine en dépend. Les voix des démocrates pro-palestiniens pourraient en effet manquer à Kamala Harris dans une compétition qui s’annonce des plus serrées, et cela d’autant plus sûrement qu’il n’est pas mis fin au massacre des Palestiniens le jour du scrutin. Plus une compétition est incertaine quant à son issue, plus il importe de s’assurer de la moindre voix de son camp. Les démocrates américains, sinon les Américains dans leur ensemble, ont grand besoin que toutes les voix démocrates, toutes les voix dues par conséquent, soient apportées à leur candidate, qu’aucune ne fasse défaut le 5 novembre. La victoire est à cette condition. Netanyahou et son camp sont à l’inverse convaincus que tout accord avec le Hamas comporte un grand péril pour eux.
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