Il y a soixante-dix ans débutait la Guerre de libération nationale
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Une contribution du Dr Aziz Ghedia – Dans quelques jours, l’Algérie fêtera le soixante-dixième anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954. Selon la presse nationale d’ailleurs, les préparatifs vont bon train.
Sous la houlette du président Abdelmadjid Tebboune, réélu récemment pour un second mandat présidentiel, les pouvoirs publics entendent donner une dimension internationale à cet évènement en invitant de nombreux présidents et chefs de gouvernement de pays amis à cette commémoration.
Une commémoration grandiose avec parade militaire sur l’avenue des Sablettes comme dans le bon vieux temps, les années 1970. A cette époque, enfants, nous étions fiers de notre armée nationale, héritière de l’ALN, et particulièrement du corps des commandos qui rugissaient comme des lions tout en battant le pavé sur des centaines de mètres. Rappelons que la Guerre d’Algérie a duré un peu plus de 7 ans et a fait 1,5 millions de martyrs (selon les chiffres officiels algériens).
Pour marquer cet évènement, je contribue, de façon symbolique, par ces quelques lignes (ci-dessous) tirées d’un livre que je viens de publier aux éditions Khial de Bordj Bou Arréridj. En fait, dans cette édition (qui n’est pas encore mise sur le marché, nous attendons le Sila 2024 pour la lancer), il s’agit d’une biographie d’un confrère dans laquelle, cependant, un petit rappel historique de sa région natale s’était imposé. Ces lignes sont donc tirées de cet historique.
«Pour mater la population, qui apportait son soutien aux maquisards disséminés dans la région, et donc le soutien à la Guerre d’Algérie, les militaires français utilisèrent tous les moyens possibles et imaginables. Toutes les ruses avaient été utilisées. Mais rien à faire. Aucun retour en arrière n’était envisagé aussi bien par les moudjahidine et leurs chefs militaires et politiques que par la population qui s’était fixé pour objectif la décolonisation, la délivrance du pays du joug colonial, en un mot l’indépendance.
On alla même jusqu’à interdire aux villageois d’aller travailler dans leurs champs dans l’objectif évident de provoquer une famine, à l’échelle locale et, conséquemment, engendrer l’impossibilité matérielle de présenter tout soutien aux maquisards. Mais, au bout de quelques jours, la population se montra plus déterminée à accepter le sacrifice et, bravant tous les dangers, rejoignit, en masse, bêtes et hommes, hommes et femmes, les champs.
Refusant cet ordre d’interdiction de la cueillette des olives instauré par l’armée française, le village de Bouhamza fît l’objet de représailles et fut bombardé en 1958 pendant deux jours de suite. Il y eut plus de 179 personnes tuées. Le deuil régna dans le village pendant plusieurs jours. Par la force donc, les militaires français réussirent à imposer leur ordre, leur loi inique et impitoyable. Mais, encore une fois, pour une courte période. Le temps que le village enterre ses morts et fasse son deuil. Progressivement et malgré la férocité des militaires français qui continuaient à surveiller les moindres faits et gestes des villageois, la vie reprit, progressivement, son cours naturel.
La sortie de la population dans les champs et la reprise de l’activité agricole constitua sans aucun doute une bouffée d’oxygène pour les moudjahidine en permettant leur ravitaillement en denrées alimentaires et en leur donnant des informations sur les mouvements des soldats français. Tout cela dans un secret absolu.
Après ce terrible épisode qui, par certains de ses aspects, s’apparentait à la politique de la terre brûlée, mais qui ne donna pas de résultats concrets, les militaires français passèrent à autre chose : l’arrestation arbitraire de villageois suspects de «collaboration» avec les maquisards. Les guillemets sur le mot collaboration se justifient, de mon point de vue, par deux choses. Primo, il ne s’agissait pas, à vrai dire, pour les Algériens, d’une collaboration puisque les maquisards n’étaient pas l’ennemi. Il était plutôt du devoir de chaque Algérien d’apporter son soutien inconditionnel, totalement désintéressé, à ces moudjahidine qui se battaient pour libérer le pays du joug colonial. D’autre part, avec ce mot «collaboration», l’allusion est parfaitement claire. Elle se rapporte à la période sombre de la France et de son régime de Vichy lors de la Seconde Guerre mondiale.
A. G.
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