L’armée israélienne marque le pas au nord
Depuis qu’Israël a lancé son opération terrestre au nord, on ne peut pas dire que ses forces aient fait beaucoup de chemin depuis à l’intérieur du territoire libanais. On peut même dire le contraire, qu’elles n’avancent pas, mais sans qu’il soit possible pour autant, de mettre cette extrême lenteur ou cette immobilité sur le compte […]
Depuis qu’Israël a lancé son opération terrestre au nord, on ne peut pas dire que ses forces aient fait beaucoup de chemin depuis à l’intérieur du territoire libanais. On peut même dire le contraire, qu’elles n’avancent pas, mais sans qu’il soit possible pour autant, de mettre cette extrême lenteur ou cette immobilité sur le compte d’une résistance acharnée de la part du Hezbollah. Peut-être d’ailleurs est-ce seulement parce que les médias sont totalement absents de ce front, et que les belligérants eux-mêmes ont autre chose à faire qu’à communiquer sur ce qu’ils sont en train de faire ou de préparer. Le but officiel de l’opération est connu cependant : faire en sorte que les colons du nord retournent en toute sécurité à leurs maisons et à leurs occupations. Non seulement, cet objectif ne s’est pas réalisé, mais un nouvelle vague de réfugiés a augmenté leur nombre, d’une part parce que le Hezbollah envoie plus de missiles qu’auparavant, et de l’autre parce que plusieurs zones sont passées sous le contrôle de l’armée. S’il s’agissait donc de faire revenir dans l’immédiat les colons partis il y a une année, le résultat pour l’heure est à l’opposé, puisque d’autres sont allés grossir leur nombre.
Chacun a pu constater que les Israéliens parlent d’opération, dont de plus ils précisent qu’elle est à la fois « limitée et concentrée », un pléonasme qui n’est peut-être pas dénué de signification, mais pas d’offensive, ni d’action plus ou moins soutenue, ni d’assaut, ni même d’incursion. En fait, tout se passe comme si leur véritable intention était de se garantir contre quelque initiative de l’ennemi, plutôt que d’en prendre une à son encontre. Et maintenant qu’ils ont fait le nécessaire pour que cet ennemi ne puisse rien entreprendre contre eux de nature à les mettre en grande difficulté, et cela en franchissant la ligne de séparation mais sans s’aventurer plus avant, ils se sont arrêtés, tout disposés non pas à marcher ensuite sur les positions de l’ennemi mais à s’en éloigner, et même si nécessaire à repasser purement et simplement la frontière. Or, à Ghaza aussi, ils sont revenus en force, mais avec bien plus d’allant et de malfaisance qu’à la frontière nord. C’est ainsi qu’ils refont le siège de Jabalia depuis maintenant près d’une semaine, qu’ils ordonnent à des hôpitaux de vider leurs locaux, de se déplacer ailleurs, sous la menace de mort, qu’ils tuent une soixantaine de civils par jour à travers Ghaza, alors qu’ils se contentaient d’une trentaine, et qu’ils font bien de blessés. Il tombe aujourd’hui plus de victimes civiles qu’au début de la guerre. Certes, les morts, les blessés et les destructions, du fait des frappes aériennes, il n’en manque pas non plus au nord, mais c’est à l’intérieur du Liban qu’ils se produisent quotidiennement, non à la frontière, où les avions israéliens brillent au contraire par leur absence. On aurait pu s’attendre à ce qu’au contraire ils soient plus actifs à cet endroit, pour briser les lignes de défense du Hezbollah. Israël reprend par le début la campagne de Ghaza, comme si la guerre recommençait, que le Hezbollah était encore entier, tant en hommes qu’en armement. Mais au nord, où il concentre des forces et d’où il retire ses civils, et où les missiles du Hezbollah tombent de plus en plus dru, il temporise, il s’immobilise à peine a-t-il franchi la frontière, comme s’il craignait que quelque chose survienne dans son dos.
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