Le faux calcul d’Israël

Israël a abattu mardi et mercredi derniers une carte particulièrement dangereuse en faisant exploser dans un premier temps des bipeurs, dans un second des talkies-walkies en possession des membres du Hezbollah, mais sans obtenir les effets qu’il escomptait. De sorte qu’on est fondé à dire qu’il l’a brûlée, car elle est une arme à un […]

Sep 20, 2024 - 22:16
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Le faux calcul d’Israël

Israël a abattu mardi et mercredi derniers une carte particulièrement dangereuse en faisant exploser dans un premier temps des bipeurs, dans un second des talkies-walkies en possession des membres du Hezbollah, mais sans obtenir les effets qu’il escomptait. De sorte qu’on est fondé à dire qu’il l’a brûlée, car elle est une arme à un seul emploi. Dans son discours de jeudi, Hassan Nasrallah lui a prêté une intention beaucoup plus ambitieuse. Il avait projeté, a-t-il dit, d’éliminer en deux minutes séparées, au bas mot 5 000 membres du Hezbollah, en dehors des victimes collatérales, les explosions pouvant se produire dans des environnements multiples, mais au final les morts sont une quarantaine seulement, et les blessés 3 000, eux-mêmes dans des états plus ou moins graves. Un résultat très en-deçà donc de celui qu’il escomptait, même si parmi les blessés il en est qui n’en réchapperaient pas, et d’autres qui s’en sortiraient mais estropiés. Israël n’a pas que ce motif en quelque sorte matériel de déception, il en a un autre, bien plus important car concernant l’objectif même de son attaque sans précédent, qui est de porter un tel coup au Hezbollah que celui-ci ne s’opposerait plus au retour des colons à la frontière avec le Liban, absents de leurs lieux d’établissement depuis des mois.

Au bout d’une année de guerre, à deux semaines près désormais, les stratèges de Tel-Aviv ont tout à coup estimé qu’il était plus facile de faire revenir les colons du nord que ceux du sud, aux alentours de Ghaza, l’épicentre de la guerre largement dévasté par Israël, et où la résistance palestinienne est censée être à l’agonie. Des colons du sud, il n’en est plus question chez eux, soit parce qu’ils ont acquis la conviction que ces derniers ne voudraient jamais revenir, ou alors pas avant longtemps, soit parce que contrairement à ce qu’ils prétendent la résistance reste dangereuse. Mais il existe une troisième possibilité, d’ordre psychologique celle-là, qui est que le traumatisme du 7 octobre est encore trop vif pour que leur retour puisse être envisagé dans un avenir proche. De là selon toute vraisemblance l’idée que les colons du nord n’ayant pas vécu la même expérience pénible seraient pour leur part plus disposés à retourner dans l’immédiat dans leurs kibboutz. Dans l’immédiat, c’est-à-dire dans les tout prochains jours, de préférence avant le premier anniversaire du 7 octobre. Le gouvernement israélien semble croire que la commémoration de la première grande débâcle d’Israël depuis sa fondation serait plus supportable si du moins les colons du nord retournaient chez eux. Or cela n’est possible que si le Hezbollah était à ce point secoué qu’il ne serait plus en capacité de s’y opposer, à moins qu’il accepte de passer un deal suivant lequel il consentirait à ce retour, ou que moins il ne ferait rien pour l’empêcher. Pressé par le temps, et voyant que le Hezbollah continue de conditionner la fin des hostilités par celle du retrait de Ghaza, déclenche une attaque high-tech contre les appareils de communication obsolètes sur lesquels le Hezbollah s’est rabattu en guise d’alternative au smartphone, cause de plusieurs morts dans ses rangs.

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