Le livre «Baya ou le grand vernissage» présenté à Blida: Alice Kaplan subjugue le public de Crescendo School
Le livre «Baya ou le grand vernissage», tant attendu à Blida, est arrivé avec son auteur et son éditeur en ce samedi de veille de l’Aïd. Un nombreux public, dont nombre d’universitaires et d’enseignants, suivait attentivement les explications de l’auteure sur son intéressement soudain à l’œuvre de l’Algérienne, une œuvre gigantesque et dont les archives […]
Le livre «Baya ou le grand vernissage», tant attendu à Blida, est arrivé avec son auteur et son éditeur en ce samedi de veille de l’Aïd. Un nombreux public, dont nombre d’universitaires et d’enseignants, suivait attentivement les explications de l’auteure sur son intéressement soudain à l’œuvre de l’Algérienne, une œuvre gigantesque et dont les archives pullulent de détails.
Par Abdelkrim Mekfouldji
«À vous les gens de Blida, ville où l’artiste Baya a vécu nombre d’années et où elle est décédée, de chercher encore et d’écrire sur cette artiste qui rentre dans les cœurs de chacun, par les couleurs et par les signes».
Le livre consacré à l’artiste est centré sur le vernissage, dès 1947 à Paris, de la première exposition de Baya qui n’avait pas encore 16 ans. Des personnalités avaient marqué de leur présence cet événement et, d’Albert Camus à André Breton, puis de Picasso à la première dame de France, madame Auriol et ses petits-enfants, de l’Imam de la Mosquée de Paris aux grands noms de la mode comme Christian Dior. La galerie Maeght lui ouvre ses portes, des photographes de mode vont immortaliser des moments de la vie parisienne de l’enfant Baya qui finira par être troublée par la présence trop insistante des photographes et journalistes. Elle le dira à Marguerite Caminat, la femme qui l’avait prise en charge suite à une intervention du Cadi d’Alger à l’époque afin de la sauver des griffes de ses grands-parents alors qu’elle avait à peine dix ans et qu’elle était maltraitée ; une Cosette algérienne qui aura la chance de sa vie en «tombant» sur une famille d’artistes.
Alice Kaplan, telle une fourmi ouvrière, parcourra les galeries, les musées, les Archives d’Aix-En-Provence, à la recherche des détails qui feront resurgir la personnalité de l’illustre Baya. Des États-Unis à la France, des archives de Marguerite Caminat aux publications de Jean Sénac, de Denis Martinez et le groupe Aouchem, de la période de la guerre d’Algérie aux années post-indépendance, la vie de l’artiste Baya fut fouillée, interrogée, analysée. L’auteure dira à Blida, ce samedi 15 juin, veille de son départ et veille de l’Aïd, que beaucoup de travail reste à faire et qu’il appartient à la famille de l’artiste, aux gens de Blida, en qui elle a vu beaucoup d’enthousiasme et les personnes épris d’art et de culture, de prendre en charge ce legs inestimable. Le livre «Baya ou le grand vernissage» se lit comme un roman ; il pénètre dans les espaces et les temps d’une Algérie colonisée puis, à peine effleurée, dans l’Algérie indépendante. 1947, année du vernissage, n’a pas fait oublier à Alice Kaplan que Paris se relevait d’une occupation allemande et qu’elle se reconstruisait en manquant d’abord presque de tout. En face, l’Algérie n’avait pas encore pansé ses blessures issues des massacres du 8 mai 1945, notamment à Guelma, Sétif et Kherrata. La révolte silencieuse, sourde, préparait déjà ce qui sera le déclenchement de la Révolution.
Il est plus que temps d’enseigner les toiles et les sculptures de Baya dès l’école primaire et espérer d’autres Baya en Algérie.
«Baya ou le grand vernissage», de Alice Kaplan – Éditions Barzakh, mai 2024.
A. M.
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