Désignation

Si le Parti socialiste s’est allié une fois encore à La France Insoumise en vue des élections législatives anticipées en fin de mois, malgré leur divorce tumultueux il y a moins d’une année, les dissensions sont toutefois encore bien présidentes, et l’ambition de Jean-Luc Mélenchon de devenir le prochaine Premier ministre ne plaît pas à tous ses alliés. Alors que les meneurs du Nouveau Front populaire étaient encore restés vagues sur la manière de désigner un chef du gouvernement en cas de victoire de leur camp aux élections législatives, Olivier Faure a clairement déclaré préférer un vote. «C’est simple : moi, je souhaite que ce soit l’ensemble de celles et ceux qui formeront cette nouvelle majorité qui puisse se retrouver au lendemain du 7 juillet et qui puisse désigner celui ou celle qui sera le mieux placé», expliquait hier le premier secrétaire du PS. «Moi, je souhaite un vote», précise Faure quant à la façon de désigner quelqu’un à Matignon. «Mais il y aura un vote parce que, de toute façon, c’est la seule façon d’arbitrer. Moi, je ne connais pas d’autre façon d’arbitrer», poursuit le chef du parti à la rose. Et d’assener : «La seule façon de faire fonctionner cette nouvelle majorité, c’est d’avoir un fonctionnement démocratique. En l’absence de fonctionnement démocratique, les choses ne dureraient pas». En 2022, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) s’était formée au moment des élections législatives regroupant écologistes, socialistes et communistes autour des Insoumis. L’alliance s’était disloquée au fil des mois, conduisant chaque parti à présenter sa propre liste aux dernières élections européennes. Chez La France insoumise (LFI), qui revendique le fait de ne pas fonctionner comme les partis politiques traditionnels, plusieurs figures ont d’ores et déjà annoncé leur envie de Matignon. Mercredi dernier, le fondateur de LFI, Jean-Luc Mélenchon, déclarait se «sentir capable» d’assurer la fonction de chef du gouvernement. «Je ne m’élimine pas, mais je ne m’impose pas», avait-il ajouté. Aux élections législatives de 2022, les affiches de campagne des candidats de la Nupes incitaient justement à «élire» le tribun Premier ministre. Dès le jeudi 13 juin, François Ruffin, le député Insoumis de la Somme, a à son tour dit se sentir «capable» de devenir Premier ministre. Raphaël Glucksmann, le dirigeant de Place publique, a d’ores et déjà affirmé que «ce ne sera pas Jean-Luc Mélenchon». L’eurodéputé, arrivé en troisième position des élections européennes, souhaiterait voir l’ancien secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, prendre ses quartiers à Matignon. Raphaël Glucksmann a également cité les noms des socialistes Boris Vallaud et Valérie Rabault, et également celui de François Ruffin. Pour le moment, les différents partis semblent s’accorder pour que ce soit le groupe parlementaire le plus fourni à l’issue des élections législatives qui propose le nom du Premier ministre. Au nombre des candidats investis, La France Insoumise devance successivement le Parti socialiste, les écologistes et les communistes. Ainsi, cette nouvelle union des gauches, qui s’étaient pourtant séparées en très mauvais termes il y a peu, mais qui mut par l’appât des sièges à l’Assemblée Nationale, ont mis de côté leur rancœur, pour un temps tout du moins, se dispute déjà le poste de chef du gouvernement. Un poste loin d’être gagné. Le Rassemblement National étant en effet en tête des sondages avec une réserve de voix, venue de la droite traditionnelle pour le second tour. La gauche, elle, ne pourra compter que sur ses électeurs et aura du mal à convaincre les électeurs Renaissance de voter pour la coalition menée par Jean-Luc Mélenchon.

F. M.