Le national-socialisme accouche d’Hitler, le national-religieux accouche de Netanyahou

Une contribution de Saadeddine Kouidri – De l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, les Occidentaux ont mis en exergue le génocide du peuple juif pour sensibiliser l’opinion mondiale au malheur des survivants de la Shoah et leur créer un foyer commun. La Grande-Bretagne, qui colonise avec la France la région, leur cède une terre en Palestine. Ces victimes armées par leur bienfaiteur entament la colonisation de peuplement. Ils tuent et forcent plus de 750 000 à l’exil, des 520 villages réduits en cendre. Ils accaparent le reste de leurs biens, jusqu’à posséder de quoi faire un Etat sans limite et entament un processus de dépossession sans fin jusqu’au 7 octobre 2023. Le Déluge d’El-Aqsa n’est rien d’autre qu’une tentative d’arrêter cette avancée des colons sur les terres palestiniennes qui dure depuis des décennies, de mettre fin à la colonisation qui se poursuit par le génocide de Ghaza à ce jour.

Au lendemain de sa fondation, l’ONU crée Israël sur ces terres, spoliées aux Palestiniens. La colonisation de peuplement est entamée au son des canons qui ne détonnent plus aux oreilles des indigènes. Plus tard, la France fournit à Israël les moyens de fabriquer la bombe atomique pour terroriser la région. Les Etats-uniens, quant à eux, financent, protègent et assistent l’Etat d’Israël dans toutes ses guerres contre ses voisins et le protègent à l’ONU par leur veto. Tandis que son héritage ancestral et sa culture n’empêchent pas sa police et son armée la plus morale du monde occidental d’asperger les murs, les rues et les écoles des quartiers arabes d’une eau putride dont l’odeur était tellement infecte et persistante que les habitants ne pouvaient plus sortir, que les élèves voyaient leur scolarité interrompue, que la souillure s’insinue dans les corps mêmes. Cette dernière violence, comme toutes les autres, n’est pas partagée dans les médias dominants car elle est incompatible avec leur Etat fétiche

Le colonialisme de peuplement a comme essence le racisme envers le colonisé, quel qu’il soit : athée, juif, chrétien, musulman. Après la «Seconde Guerre mondiale, l’Occident, non seulement cesse de distiller sa haine envers le juif qu’il a brimé pendant cinq siècles, mais l’appâte pour lui faire renier son identité géographique, c’est-à-dire son pays natal, lui préférant l’identité religieuse de ses ancêtres. Les gens, en général, au lieu de le qualifier de traître à sa patrie, le qualifient de victime. Cette victimisation n’est pas innocente, bien au contraire. Elle va servir le sionisme pour culpabiliser l’Occident et en faire un parapluie à ses violences d’Etat terroriste.

Une fois peuplé de juifs apatrides, l’Etat est transformé par l’extrême-droite en un Etat juif grâce à la propagande et aux finances des évangélistes états-uniens qui se servent du conte mythique du retour de Jésus à Jérusalem ! Ce conte va rapprocher le chrétien du juif, lier la victime d’hier à son bourreau repentant. Israël trouve une solidarité indéfectible des pouvoirs états-uniens, de leurs prêcheurs, de leurs maffias qui se présentent, parfois, comme laïcs et parfois comme chrétiens évangélistes. La propagande prend en compte le rapport de force entre religieux et laïcs pour mettre la main sur tous les juifs du monde, jusqu’à les qualifier de diaspora.

Aux yeux du bourreau repentant, Israël doit être une grande caserne, joyeuse pour les Israéliens et de torture pour les Palestiniens. Elle doit servir à l’asservissement des peuples, du Moyen-Orient pour les spolier de leurs richesses éternellement, tout en étant une base avancée, un obstacle à l’avancée de la Chine. Dans tout ça, on oublie que la région est assise sur une religion et, comme toute religion, elle porte une culture ancestrale qui ne permet pas l’effacement, car elle demeure le dernier souffle des opprimés pour la liberté naturelle de l’Homme. Le 7 octobre le rappelle par ce puissant souffle de l’opprimé.

Le 7 octobre 2023, l’offensive nommée Déluge d’Al-Aqsa est aussi un rappel au monde et particulièrement à tous les inconscients qui ignorent encore que la victime n’a pas un autre choix des armes pour se défendre que celle des bourreaux. Le journal L’Humanité du 1er week-end du mois en cours titre «Rien, rien ne peut justifier ce qu’ils ont fait». Sans voir l’illustration de l’article, je me suis dit que le PCF a enfin compris ce qu’est la résistance à l’occupant. Je me suis gouré un bref instant. Le journal ne visait pas le bourreau mais la victime. Outré je me suis demandé, pourquoi des communistes français demeurent toujours aveugles aux crimes de la colonisation de peuplement ?

Cet aveuglement est la conséquence du colonialisme de peuplement de la France de ses crimes coloniaux commis au nom du peuple pendant plus d’un siècle et qui n’ont jamais été dénoncés par les Français, excepté par une infime minorité puisque leur Parlement persiste à qualifier le colonialisme de civilisation, dans une loi de 1985. On peut dire que leur civilisation passe par le meurtre de masse, le génocide. Pour tuer sans remords, ils ont fait du colonisé un indigène, un sous-homme. Leurs successeurs au Moyen-Orient, jusqu’à Netanyahou et son ministre de l’Armée, Gallant, qualifient les Palestiniens d’animaux humains et n’en pensent pas moins des Libanais, des Syriens, des Irakiens, des Algériens, etc.

Le silence de la majorité des Français lors des génocides de tribus africaines pendant des siècles a annihilé tout esprit de critique de la majorité des Français à la colonisation et tout effort de résistance face à Hitler jusqu’à la collaboration de leur gouvernement qui s’est déplacé à Vichy pour leur livrer Paris. Cinquante ans après la «Guerre d’Algérie», leurs chérubins se posent la question : pourquoi la «Guerre d’Algérie» ? La suite logique est de voir des Le Pen, le tortionnaire dans la guerre d’indépendance de l’Algérie, et sa famille aux portes du pouvoir, qui finit crescendo par avoir raison des forces de progrès tel le Parti communiste, lui faisant perdre son latin marxiste et le pousse jusqu’à se solidariser avec l’Etat terroriste et son génocide des Palestiniens. Le déni de plus de cinq siècles de colonisation qui débute dans le Nouveau Monde par le génocide des Amérindiens et se poursuit en Afrique, en Asie donne de plus en plus de crédit à l’extrême-droite jusqu’à en faire la première force européenne. L’Occident poursuit le déni au peuple palestinien à son indépendance puisqu’elle continue à commercialiser avec son colonisateur.

L’offensive du Hamas des postes militaires dans le sud d’Israël du 7 octobre 2023 a causé la mort de 376 militaires et plus de 1 000 civils, en perte collatérale. Adam Shatz la compare au soulèvement de Skikda en 1955. Oui, sauf que l’offensive a lieu en Israël, la métropole pour ainsi dire de la Palestine occupée. Néanmoins, elle est un maillon similaire de deux guerres de libération d’une colonie de peuplement. Elle n’est ni une vengeance ni une revanche et encore moins une quelconque pathologie, mais de la résistance contre l’occupant dans son propre territoire après un long répit d’activité des Fidas. Après coup, ce répit laisse croire qu’il a été une feinte de la résistance pour surprendre l’ennemi, tout en annulant opportunément les Accords d’Abraham qui étaient sur le point d’enterrer la cause palestinienne. Pour Zighoud Youcef, l’ALN était esseulée dans la région, et l’Armée française était aux Aurès. Seul un soulèvement populaire pouvait remédier à l’isolement, tout en amenant l’armée coloniale française à desserrer l’étau, en envoyant une partie des militaires de la Zone 1 à la Zone 2. Le commandement de la Zone 2 a jugé le moment opportun du 20 août 1955 pour attaquer les casernes, les commissariats, et tous les édifices publics de la France avec des volontaires dont quelques-uns étaient armés de simples outils d’ouvriers des champs ou d’un simple bâton, d’une canne. Malheureusement les victimes collatérales étaient nombreuses car les paysans assimilaient tous les Européens qu’ils croisent à des colons.

L’été dernier, le diplomate Rahabi Abdelaziz disait au sujet de l’Accord de 1968 qu’«il a été au rang de priorité dans le débat interne français – notamment durant les périodes électorales – n’est plus d’aucune utilité pour l’Algérie. Nous devrions nous en délier… A défaut d’avoir un soft power performant, autant ne pas favoriser la multiplication de nos fragilités». Récemment, un ministre français semble lui répondre en disant : «L’Accord de décembre 68 est un accord déséquilibré, très avantageux pour l’Algérie, très désavantageux pour la France.» Alors que son Parlement refuse d’y mettre fin.

Dans sa dernière intervention, il y a au moins une bonne nouvelle : le président de la République se désiste de la Commission mémorielle franco-algérienne. Espérons que ce n’est qu’un début. Il faut rappeler à ceux qui justifient implicitement le génocide de Gaza que 70% d’habitants de Gaza descendent de réfugiés des 520 villages réduits en cendre par Israël en 1948, et depuis la violence coloniale se poursuit sans répit. Le 8 octobre 2023, les Palestiniens continuent à fuir les bombardements qui les poursuit là où ils se réfugient depuis un an sans un jour d’interruption, tuant plus de 41 000 Palestiniens, plus de 10 000 disparus sous les décombres et plus de 100 000 blessés.

Le pouvoir capitaliste qui domine le monde diffuse H24 sa propagande et sa publicité à travers ses médias depuis des décennies, façonne l’opinion publique jusqu’à lui faire accepter des thèses racistes qui annihilent tout sens humain envers l’autre victime non occidentale. Qui est la bête ? Cette propagande est adossée à la régression de la pensée, qui a été constatée et qui découle du processus concurrentiel en cours, alors qu’on sait pertinemment que les gens fonctionnent mieux avec les processus collaboratifs. Dans le monde capitaliste, la concurrence débouche sur des guerres qui n’en finissent pas en sus des guerres d’occupation. A ce sujet, le philosophe Jean Améry, un rescapé d’Auschwitz, affirme que «la violence de l’opprimé est une revendication de dignité ouvrant la voie à un avenir historique et humain». Le premier anniversaire du Déluge d’Al-Aqsa est en principe un jalon d’un avenir meilleur pour tous les peuples, sans exception.

Si la raison majeure de la création de l’Etat d’Israël est de permettre aux anciens colonisateurs de maintenir la main mise sur l’exploitation des richesses du Moyen-Orient, elle est liée intrinsèquement à gripper le processus de consolidation de l’Union des peuples indépendants que l’Occident empêche d’accéder à un rôle politique adéquat vis-à-vis des grandes puissances et si Israël s’est retranché dans la religion, c’est à cause de la solidarité anticolonialiste qui s’élargit au rythme des coups qu’assènent les résistances à l’occupant. Israël croit consolider sa protection avec son récit d’Abraham, rejoignant ceux des royaumes arabes pour mieux combattre la laïcité. Depuis, on ne parle plus de sa puissance nucléaire mais de sa religion. Si avant le 7 octobre 2023, c’est la Palestine qui était menacée, après le 7 c’est au tour de l’Etat juif d’Israël, l’EJI, qui rappelle Daech cet EI qui s’est perdu dans la nature après avoir semé la mort et la désolation comme le fait Israël depuis presque un siècle. Netanyahou comme Hitler ne sont ni arabes, ni musulmans, ni noirs.

En perte de vitesse Israël, se normalise comme Etat du Proche-Orient par la reconnaissance des royaumes arabes pour le baiser de la mort, mais en attendant l’accomplissement de ce rite de la maffia, avec l’aide de son mentor étas-unien, il tente d’entraîner dans sa chute les Républiques du Moyen-Orient, à commencer par ses voisins. Le rêve de Netanyahou est de bombarder tous les pays qui sont pour la paix en faveur de la Palestine et de tous ceux qui luttent pour sortir de l’ère coloniale et néocoloniale pourvu que ses mentors ne l’éjectent pas de son trône pour le protéger derrière les barreaux.

K. S.

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