Le primat de la dissuasion

Plusieurs heures après qu’Israël a répondu à l’attaque iranienne du début de ce mois, on ignore encore quelles ont été les cibles, quels dégâts celles-ci ont-elles subis, ce qui tend à prouver que la riposte, contrairement à l’annonce faite par le ministre israélien de la Défense, n’a pas été importante. On n’aurait pas attendu aussi […]

Oct 26, 2024 - 20:38
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Le primat de la dissuasion

Plusieurs heures après qu’Israël a répondu à l’attaque iranienne du début de ce mois, on ignore encore quelles ont été les cibles, quels dégâts celles-ci ont-elles subis, ce qui tend à prouver que la riposte, contrairement à l’annonce faite par le ministre israélien de la Défense, n’a pas été importante. On n’aurait pas attendu aussi longtemps sans de surcroît en connaître le détail si les raids aériens avaient été particulièrement destructeurs. En revanche, on sait que contrairement à ceux qui se produisent à Ghaza et au Liban, ils n’ont pas été meurtriers, leur auteur, en accord avec les Etats-Unis, ayant pris justement soin d’épargner complètement la population civile. C’est qu’il s’agissait pour les deux compères de riposter mais sans obliger pour autant l’Iran à riposter à son tour. Un point toutefois a été porté à la connaissance du public : le nombre d’avions de combat et de drones alignés par Israël, qui est de 100, ce qui est loin d’être négligeable. Israël a donc, avec l’aide des Etats-Unis, mis les moyens, mais pour quel résultat ? Cela il faudra encore attendre avant de le savoir, à supposer que les trois protagonistes soient au bout du compte d’accord sur ce point, ce qui n’est pas évident. L’ampleur de l’attaque et ses résultats sur le terrain sont de précieux renseignements, car ils sont déterminants pour la suite des événements.
Si les dommages sont importants, l’Iran peut estimer devoir répondre, pour se venger bien sûr, mais aussi et surtout pour rétablir son pouvoir de dissuasion, une dimension qu’il n’a commencé à construire que depuis ces derniers temps, précisément depuis l’attaque aux missiles balistiques du début de ce mois, qui pour le moins a donné à réfléchir aux Israéliens, comme aux Américains du reste. Le plus probable d’ailleurs est qu’il réponde dans les deux cas, c’est-à-dire que les pertes matérielles et/ou humaines soient grandes ou petites, car autrement Israël en tirerait la conclusion qu’il peut y aller à nouveau et de manière plus forte que précédemment, et sans faire le difficile pour ce qui est du motif. Dans ce cycle de réponses aux réponses, celui qui gagne, c’est celui qui attaque en dernier, à la limite indépendamment du mal qu’il fait, et celui qui perd, c’est celui qui pour briser ce cercle infernal décide de laisser passer l’occasion d’une riposte. Trop souvent, c’est l’Iran qui a fait ce choix, non par peur d’une guerre avec Israël, mais dans la certitude où il était qu’en fait c’est à la puissance militaire américaine qu’il se trouverait confronté. A l’évidence, il n’est plus dans cet état d’esprit. En subissant une attaque israélienne, en fait israélo-américaine, il se projette immédiatement dans la suivante, même si en elle-même la dernière a été faible, ou qu’il a pu s’en défendre efficacement. Pour dissuader un ennemi, il faut toujours lui faire plus de mal qu’il ne vous en a fait. Et même s’il prend soin de vous en faire le moins possible, il faut encore lui en faire plus que la dernière fois que vous lui en avez causé, autrement il vous attaquera à nouveau et à une plus grande échelle. Israël est le genre même d’ennemi qui ne comprend que ce langage. Quand il a affaire à un pays qui peut se défendre, il fait attention à ne pas avoir la main trop lourde, et surtout à ne s’en prendre qu’à des cibles militaires. On ne le voit pas du tout mener le même genre de guerre au Liban et à Ghaza, où pour atteindre un chef ennemi, il n’hésite pas à abattre corps et biens tout un quartier.

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