Leadership féminin en géopolitique : l’Algérie et l’Inde à la croisée des chemins
Une contribution du Dr A. Boumezrag – Dans un contexte géopolitique marqué par l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et... L’article Leadership féminin en géopolitique : l’Algérie et l’Inde à la croisée des chemins est apparu en premier sur Algérie Patriotique.
Une contribution du Dr A. Boumezrag – Dans un contexte géopolitique marqué par l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme acteurs centraux du nouvel ordre mondial, le leadership féminin émerge comme un moteur de transformation sociale et politique. De l’Inde, où des figures comme Indira Gandhi et plus récemment Droupadi Murmu ont façonné l’histoire, à l’Algérie, en quête d’un renouveau politique et d’une diversification de son influence sur la scène internationale, les femmes au pouvoir peuvent offrir des perspectives enrichissantes. Ce modèle de gouvernance féminine présente de précieuses leçons que l’Algérie pourrait tirer pour son propre avenir politique, dans le cadre de son ambition d’échapper à l’emprise des vents de l’est de l’ouest du sud et du nord se trouvant sur carrefour géopolitique régional en pleine mutation.
Inde : leçons de résilience et d’inclusion
L’Inde, société profondément patriarcale, a pourtant vu l’émergence de leaders féminins de premier plan qui ont marqué son histoire. Indira Gandhi, souvent surnommée la «Dame de fer», a dirigé le pays à deux reprises, à des périodes où l’Inde faisait face à de profonds bouleversements internes et externes. Premier ministre de 1966 à 1977, puis de 1980 jusqu’à son assassinat en 1984, Indira Gandhi a montré qu’une femme pouvait, malgré la pression sociale, prendre des décisions décisives dans des moments de crise. Son autorité durant la guerre indo-pakistanaise de 1971 et son pragmatisme lors de l’état d’urgence en 1975 illustrent comment une femme peut diriger un pays avec une poigne de fer, tout en négociant habilement sur la scène internationale, notamment avec les deux superpuissances de l’époque, les Etats-Unis et l’URSS.
Aujourd’hui, Droupadi Murmu, la première présidente issue des communautés tribales, incarne une nouvelle étape dans le leadership indien. Elle représente une avancée pour l’inclusion des minorités, non seulement en tant que femme mais aussi comme membre d’une communauté historiquement marginalisée. Cette élection envoie un signal fort : celui de l’engagement progressif de l’Inde à ouvrir les portes du pouvoir à ceux qui, autrefois, en étaient exclus. Cela offre un modèle de gouvernance inclusif où la diversité devient une force plutôt qu’un point de division.
Algérie : Quel chemin pour le leadership féminin ?
L’Algérie, tout comme l’Inde, est une nation postcoloniale aux aspirations élevées pour jouer un rôle plus influent sur la scène mondiale. Bien que des progrès aient été réalisés dans la promotion des femmes dans la sphère publique – avec une participation accumulée des femmes au Parlement et dans l’administration publique –, le chemin reste long. L’Algérie peut tirer des enseignements précieux des expériences indiennes, où le leadership féminin a été un vecteur de transformation à la fois sociale et politique.
Les défis internes auxquels l’Algérie est confrontée, notamment la dépendance aux hydrocarbures, les tensions sociales et régionales, ainsi que la recherche d’un modèle économique plus diversifié peuvent être relevés en intégrant davantage les femmes dans les sphères de décision. Le leadership féminin, souvent plus sensible aux dynamiques sociales et inclusives, pourrait offrir des solutions innovantes aux défis auxquels le pays fait face. L’exemple de Droupadi Murmu montre qu’il est possible d’impliquer des minorités et des groupes marginalisés dans la gouvernance, ce qui pourrait renforcer la stabilité sociale en Algérie.
L’émergence des BRICS et le rôle des femmes dans la diplomatie
Les BRICS représentent un acteur clé dans la reconfiguration du paysage géopolitique mondial, cherchant à créer un nouvel ordre multipolaire face à la domination occidentale. L’Inde, membre fondatrice du groupe, a montré sa capacité à s’affirmer en tant que puissance régionale et mondiale, tout en intégrant des femmes dans ses stratégies de leadership. Des personnalités comme Dilma Rousseff au Brésil, et d’autres dirigeants en Afrique du Sud, ont montré que la participation des femmes au sein des BRICS peut enrichir les perspectives diplomatiques de ces nations et renforcer leur influence dans les négociations internationales.
Pour l’Algérie, qui exprime son intérêt à échapper à l’emprise des puissances étrangères, notamment de l’ancienne puissance coloniale, le leadership féminin pourrait devenir un levier stratégique important. En s’inspirant de l’expérience indienne, l’Algérie pourrait promouvoir des femmes dans ses équipes diplomatiques, notamment en matière de relations internationales, d’économie et d’énergie afin de renforcer sa crédibilité et son poids au sein des BRICS. Les femmes, souvent plus orientées vers la diplomatie de la coopération et la résolution pacifique des conflits, peuvent apporter des solutions adaptées à un monde en pleine mutation.
Un leadership féminin comme catalyseur de transformation
Le leadership féminin, lorsqu’il est soutenu et encouragé, devient un catalyseur de changement, non seulement dans les structures de gouvernance, mais aussi dans la manière dont un pays se positionne sur la scène internationale. L’Algérie pourrait s’inspirer du modèle indien pour promouvoir une gouvernance plus inclusive, où les femmes occupent des postes clés dans des secteurs stratégiques tels que l’économie, la sécurité et la diplomatie.
L’Inde, avec l’exemple d’Indira Gandhi et de Droupadi Murmu, montre qu’un leadership féminin peut être à la fois fort et inclusif, capable de naviguer dans des environnements politiques complexes tout en représentant une force de changement social. Si l’Algérie veut non seulement se moderniser, mais aussi renforcer son influence internationale, notamment en rejoignant les BRICS, elle devra encourager et promouvoir des femmes leaders capables de représenter le pays dans ces nouvelles configurations géopolitiques.
Conclusion
A l’heure où le monde évolue vers un ordre multipolaire, la promotion du leadership féminin peut non seulement transformer la société algérienne, mais aussi repositionner le pays sur la scène internationale. En tirant parti des leçons du leadership féminin indien, l’Algérie peut préparer une nouvelle génération de dirigeants capables de faire face aux défis nationaux et internationaux, tout en renforçant son rôle au sein des BRICS. Le leadership féminin n’est plus une option, mais une nécessité pour construire des nations résilientes et inclusives dans un monde en pleine mutation.
Pour clarifier cette idée de transformation par le leadership féminin, une citation de l’ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet, est tout à fait pertinente : «Quand une femme accède au pouvoir, elle transforme ; quand plusieurs femmes accèdent au pouvoir, elles transforment la politique.»
Cette citation souligne l’impact profond et collectif que les femmes peuvent avoir lorsqu’elles sont intégrées dans les sphères de décision, un message essentiel pour l’Algérie et d’autres pays aspirant à un avenir plus inclusif et égalitaire.
A. B.
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