L'héritage de l'Emir Abdelkader dans la construction de la paix évoqué à Oxford

OXFORD (Royaume-Uni) - Le recteur de Djamaâ El Djazaïr, Cheikh Mohamed Maâmoun Al Kacimi Al Hoceini, en visite en Grande-Bretagne, à l'invitation du Centre pour les études islamiques de la prestigieuse université d'Oxford, a présenté, lundi, une conférence sur la pensée universelle de l'Emir Abdelkader et sa pertinence dans le monde actuel. En présence de l'ambassadeur d'Algérie, M. Nourredine Yazid, du directeur du Centre d'Oxford pour les études islamiques, Dr Farhan Nizami, et de professeurs et chercheurs, le recteur de Djamaâ El Djazaïr a articulé son intervention sur "le système de valeurs et de positions qui a guidé la vie et le parcours de l'Emir Abdelkader". Selon Cheikh Al Kacimi, la pensée de l'Emir Abdelkader "peut encore éclairer la façon d'aborder les défis de notre époque dans un monde aux équilibres perturbés, chargé de crises". Il s'est étendu sur "l'importance de l'expérience de l'Emir comme source d'inspiration pour en tirer des éléments significatifs et substantiels", dans le cadre d'une approche "inductive, éthique et spirituelle de la paix comme concept global". Apres avoir donné un aperçu du parcours singulier et du cheminement distinctif ayant caractérisé la vie de l'Emir Abdelkader, notamment ses voyages en Orient, le recteur de Djamaâ El Djazaïr a rappelé que "son destin n'était pas d'être simplement un savant, un penseur ou un soufi, mais également un chef de guerre et un stratège hors pair dans le contexte de l'épopée de résistance à l'invasion française". "Il avait compris, dès le début, que la résistance à l'occupation n'était pas seulement une bataille militaire, mais aussi une résistance spirituelle, morale et culturelle" et croyait que "la victoire ne s'obtenait pas seulement par la force, mais aussi par la justice, la discipline et la maîtrise des éléments de supériorité". "L'insistance de l'Emir sur le traitement humain des prisonniers, sur le respect des non-musulmans et même sur la protection des civils en temps de guerre, avait suscité l'admiration de tous ceux qui le connaissaient, directement ou par réputation, y compris ses adversaires européens", a ajouté le recteur. "Son respect du droit humanitaire, même avant que ce concept n'existe dans les lois internationales positives modernes, lui a valu une place éminente dans la conscience de l'Histoire", a affirmé M. Al Kacimi. Il a, d'autre part, éclairé l'assistance sur la perception de l'Emir Abdelkader du concept de djihad qui "corrige sa véritable signification et le libère des stéréotypes qui ne font pas la distinction entre l'Islam comme référence et ses utilisations dans différents contextes". Selon l'orateur, l'Emir croyait que le djihad en Islam n'a été prescrit que pour repousser l'agression, protéger la liberté des patries, sécuriser la croyance et préserver la dignité humaine. Aussi, après des années de résistance et de batailles héroïques, il décida d'arrêter les combats en 1847, préférant épargner le sang plutôt que de continuer la guerre. Le recteur de Djamaâ El Djazaïr a abordé ensuite une autre facette de la personnalité de l'Emir, après son arrestation, sa libération et son installation à Damas en 1855, où il passa le reste de sa vie au service de la science et de la religion, loin de la politique, jusqu'à sa mort en 1883. La grandeur de l'Emir apparut à nouveau lorsqu'une discorde sectaire éclata en Syrie en 1860 entre les Druzes et les Chrétiens, a-t-il relevé, soulignant que l'Emir entreprit de protéger des milliers de chrétiens des massacres. Le conférencier a également précisé que parmi ceux que l'Emir a protégés, figuraient le consul britannique à Damas et sa famille, ce qui poussa la reine Victoria à le remercier pour son geste et à lui envoyer des cadeaux symboliques. Cette attitude humanitaire suscita une large admiration mondiale, note le recteur de Djamaâ El Djazaïr, ajoutant que l'Emir reçut des honneurs de la part des dirigeants du monde. Il a ajouté que la pensée de l'Emir Abdelkader ouvre, en effet, de nouveaux horizons pour repenser la question de la paix, non pas comme une fin ultime, mais comme une dynamique continue, un engagement personnel et collectif qui se renouvelle et s'adapte constamment, et qui exige une perspicacité et un courage moral non moins importants que le courage politique. Il a conclu sa communication en exprimant sa conviction que l'héritage de l'Emir Abdelkader dans la construction de la paix reste d'une "pertinence remarquable pour notre monde contemporain". Un riche débat a suivi la conférence, témoignant du grand intérêt manifesté pour la vie et la pensée de l'Emir Abdelkader.

Avr 28, 2025 - 21:47
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L'héritage de l'Emir Abdelkader dans la construction de la paix évoqué à Oxford
L'héritage de l'Emir Abdelkader dans la construction de la paix évoqué à Oxford

OXFORD (Royaume-Uni) - Le recteur de Djamaâ El Djazaïr, Cheikh Mohamed Maâmoun Al Kacimi Al Hoceini, en visite en Grande-Bretagne, à l'invitation du Centre pour les études islamiques de la prestigieuse université d'Oxford, a présenté, lundi, une conférence sur la pensée universelle de l'Emir Abdelkader et sa pertinence dans le monde actuel.

En présence de l'ambassadeur d'Algérie, M. Nourredine Yazid, du directeur du Centre d'Oxford pour les études islamiques, Dr Farhan Nizami, et de professeurs et chercheurs, le recteur de Djamaâ El Djazaïr a articulé son intervention sur "le système de valeurs et de positions qui a guidé la vie et le parcours de l'Emir Abdelkader".

Selon Cheikh Al Kacimi, la pensée de l'Emir Abdelkader "peut encore éclairer la façon d'aborder les défis de notre époque dans un monde aux équilibres perturbés, chargé de crises".

Il s'est étendu sur "l'importance de l'expérience de l'Emir comme source d'inspiration pour en tirer des éléments significatifs et substantiels", dans le cadre d'une approche "inductive, éthique et spirituelle de la paix comme concept global".

Apres avoir donné un aperçu du parcours singulier et du cheminement distinctif ayant caractérisé la vie de l'Emir Abdelkader, notamment ses voyages en Orient, le recteur de Djamaâ El Djazaïr a rappelé que "son destin n'était pas d'être simplement un savant, un penseur ou un soufi, mais également un chef de guerre et un stratège hors pair dans le contexte de l'épopée de résistance à l'invasion française".

"Il avait compris, dès le début, que la résistance à l'occupation n'était pas seulement une bataille militaire, mais aussi une résistance spirituelle, morale et culturelle" et croyait que "la victoire ne s'obtenait pas seulement par la force, mais aussi par la justice, la discipline et la maîtrise des éléments de supériorité".

"L'insistance de l'Emir sur le traitement humain des prisonniers, sur le respect des non-musulmans et même sur la protection des civils en temps de guerre, avait suscité l'admiration de tous ceux qui le connaissaient, directement ou par réputation, y compris ses adversaires européens", a ajouté le recteur.

"Son respect du droit humanitaire, même avant que ce concept n'existe dans les lois internationales positives modernes, lui a valu une place éminente dans la conscience de l'Histoire", a affirmé M. Al Kacimi.

Il a, d'autre part, éclairé l'assistance sur la perception de l'Emir Abdelkader du concept de djihad qui "corrige sa véritable signification et le libère des stéréotypes qui ne font pas la distinction entre l'Islam comme référence et ses utilisations dans différents contextes".

Selon l'orateur, l'Emir croyait que le djihad en Islam n'a été prescrit que pour repousser l'agression, protéger la liberté des patries, sécuriser la croyance et préserver la dignité humaine. Aussi, après des années de résistance et de batailles héroïques, il décida d'arrêter les combats en 1847, préférant épargner le sang plutôt que de continuer la guerre.

Le recteur de Djamaâ El Djazaïr a abordé ensuite une autre facette de la personnalité de l'Emir, après son arrestation, sa libération et son installation à Damas en 1855, où il passa le reste de sa vie au service de la science et de la religion, loin de la politique, jusqu'à sa mort en 1883.

La grandeur de l'Emir apparut à nouveau lorsqu'une discorde sectaire éclata en Syrie en 1860 entre les Druzes et les Chrétiens, a-t-il relevé, soulignant que l'Emir entreprit de protéger des milliers de chrétiens des massacres.

Le conférencier a également précisé que parmi ceux que l'Emir a protégés, figuraient le consul britannique à Damas et sa famille, ce qui poussa la reine Victoria à le remercier pour son geste et à lui envoyer des cadeaux symboliques.

Cette attitude humanitaire suscita une large admiration mondiale, note le recteur de Djamaâ El Djazaïr, ajoutant que l'Emir reçut des honneurs de la part des dirigeants du monde.

Il a ajouté que la pensée de l'Emir Abdelkader ouvre, en effet, de nouveaux horizons pour repenser la question de la paix, non pas comme une fin ultime, mais comme une dynamique continue, un engagement personnel et collectif qui se renouvelle et s'adapte constamment, et qui exige une perspicacité et un courage moral non moins importants que le courage politique.

Il a conclu sa communication en exprimant sa conviction que l'héritage de l'Emir Abdelkader dans la construction de la paix reste d'une "pertinence remarquable pour notre monde contemporain".

Un riche débat a suivi la conférence, témoignant du grand intérêt manifesté pour la vie et la pensée de l'Emir Abdelkader.