Lorsque 22 militants ont changé le cours de l’histoire

Réunis dans le plus grand secret le 25 juin 1954 à El-Madania, les membres du Groupe des 22, tous issus de l’Organisation spéciale (OS), ont posé les bases de l’insurrection armée contre le colonialisme français. Leur rencontre décisive a permis de surmonter les divisions internes du PPA-MTLD et d’amorcer le passage à l’action. En orchestrant […] The post Lorsque 22 militants ont changé le cours de l’histoire appeared first on Le Jeune Indépendant.

Oct 30, 2024 - 20:22
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Lorsque 22 militants ont changé le cours de l’histoire

Réunis dans le plus grand secret le 25 juin 1954 à El-Madania, les membres du Groupe des 22, tous issus de l’Organisation spéciale (OS), ont posé les bases de l’insurrection armée contre le colonialisme français.

Leur rencontre décisive a permis de surmonter les divisions internes du PPA-MTLD et d’amorcer le passage à l’action. En orchestrant le déclenchement de la Révolution du 1er novembre 1954, ces militants ont donné naissance au Front de libération nationale (FLN), marquant ainsi le point de départ d’une guerre de libération qui allait transformer l’histoire de l’Algérie.

Durant 132 ans de colonisation, le peuple algérien subit une expropriation systématique de ses terres et une marginalisation sociale et économique. À partir du début du XXe siècle, les famines, les épidémies et une pauvreté écrasante devinrent le quotidien de la majorité des habitants. Le bon ordre de l’injustice et de l’inégalité a été institutionnalisé par la puissance coloniale. Le désir de liberté et les premières résurrections anticoloniales poussent le peuple à s’organiser et inscrire la question algérienne dans un cadre politique.

La mobilisation des jeunes Algériens en 1914, à la veille de la première guerre mondiale et une législation partiale et injuste privant les autochtones de nombreux droits élémentaires, ont fait que ces nouvelles recrues musulmanes ne pouvaient aspirer à devenir des citoyens de plein droit et de ce fait elles ne devaient rester que sujets français. Cette situation favorisa la naissance et la montée du nationalisme algérien au début des années 1920 et, qui se développa durant l’entre-deux-guerres. Un courant nationaliste essentiellement porté par l’association des oulémas musulmans d’Ibn Badis, par Ferhat Abbas ou encore par Messali Hadj qui a été élu à la tête de l’Etoile nord-africaine (ENA) dès 1926.

La création du Parti du Peuple Algérien (PPA) en 1937 par Messali Hadj, à la suite de la dissolution de l’Étoile Nord-Africaine (ENA) la même année, a marqué une nouvelle étape dans la diffusion des idées indépendantistes. Rapidement, le mouvement gagne en ampleur, mais il est à son tour dissous par décret en 1939, et ses principaux dirigeants, dont Messali Hadj, sont condamnés à de lourdes peines. Néanmoins, le PPA poursuivra ses activités dans la clandestinité, renforçant la détermination des militants à lutter pour l’indépendance de l’Algérie.

La répression sanglante des manifestations du 8 mai 1945 a provoqué la radicalisation des nationalistes algériens. En 1946, Ferhat Abbas fonde l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA), tandis que Messali Hadj crée le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) à la suite de la dissolution du Parti du Peuple Algérien (PPA). L’année suivante, en 1947, l’Organisation Spéciale (OS) voit le jour, grâce à la participation de jeunes militants nationalistes, parmi lesquels Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf, entre autres.

 

La turbulente relation entre le PPA et le MTLD

 

Cette structure militaire clandestine du parti, considérée comme le bras armé du mouvement, était chargée de préparer la lutte armée contre la colonisation française. Pour parfaire l’organisation de l’OS, Aït Ahmed poursuivit sa mission en formant les militants à l’usage des explosifs, à leur fabrication et à la maîtrise des transmissions.

Selon le dictionnaire de la guerre d’Algérie, les deux partis politiques le PPA-MTLD, qui prônait l’indépendance était entre 1951 et 1954 en proie à une lutte interne, ils avaient traversé plusieurs épreuves, notamment la crise dite « berbériste ». A partir de 1952, un conflit s’installe entre Messali et le comité central du MTLD, favorable à la création d’un Congrès national algérien. Opposé à ce projet, Messali réclame les pleins pouvoirs.

Cependant la création du groupe des 22 par le CRUA a permis surmonter le conflit qui avait éclaté un an auparavant, notamment avec le doyen du mouvement, Messali Hadj, son charisme, nourri par un passé militant, avait atteint des sommets, entraînant à un culte de la personnalité et une tendance au zaïmisme. Face à cela, le Comité central critiquant les dérives du zaïm, avait décidé de rompre avec le « patriarche ».

Dans l’optique de réconcilier ces tendances, le Comité Révolutionnaire pour l’Unité et l’Action (CRUA) voit le jour en mars 1954. Comme son nom l’indique, il vise l’action armée et devient rapidement une force autonome. Au mois de juin, le CRUA, passe à l’organisation et convoque les 22 pour viser l’objectif, qui était, la lutte pour l’indépendance de l’Algérie.

En effet, la réunion s’est tenue le 25 juin 1954 pour décider du passage à la lutte armée. Le Groupe des 22 s’est rassemblé dans la maison du militant Lyès Derriche, au Clos Salambier (aujourd’hui El-Madania). Les militants présents à la réunion étaient issus de l’Organisation Spéciale (OS), le bras armé du PPA-MTLD, créée en 1947 pour préparer le soulèvement révolutionnaire.

À ce rassemblement des 22 ont assisté des figures célèbres de la Révolution algérienne : Othmane Belouizdad, Mostefa Ben Boulaïd, Ramdane Benabdelmalek, Benmostefa Benaouda, Lakhdar Bentobal, Rabah Bitat, Zoubir Bouadjadj, Saïd Bouali, Ahmed Bouchaïb, Mohamed Boudiaf, Boudjemaa Souidani, Abdelhafid Boussouf, Lyès Derriche, Didouche Mourad, Abdessalam Habachi, Abdelkader Lamoudi, Larbi Ben M’Hidi, Mohamed Mechati, Slimane Mellah, Mohamed Merzoughi, Badji Mokhtar et Youcef Zighoud.

Présidée par Ben Boulaïd, la réunion a posé les jalons d’une dynamique inéluctable. Parmi les recommandations de la réunion du Clos Salambier, la création de cinq zones dirigées par les coordinateurs du CRUA : la zone 1 Aurès-Nememcha dirigée par Ben Boulaïd, la zone 2 Nord-Constantinois (Didouche), la zone 3 Kabylie qui devait être dirigée par Belkacem Krim (absent à la réunion), la zone 4 Algérois (Bitat) et zone 5 Oranie (Ben M’hidi). Boudiaf devait assurer la coordination avec la délégation extérieure au Caire (Aït Ahmed, Ben Bella et Khider).

Très vite le CRUA prend le nom de Front de Libération Nationale, (FLN) et crée son bras armé, l’Armée de Libération Nationale (ALN). La date de la Toussaint, le 1er novembre, est retenue comme point de départ de la Révolution. Une proclamation signée par le Secrétariat général est rédigée, reproduite à la ronéo à Ighil Imoula avant d’être distribuée en Algérie pour atterrir en Egypte et lue à la radio Sawt al-Arab du Caire.

 

Le pacte des Six chefs historiques

 

Mohamed Bouadiaf, Larbi Ben M’hidi, Mustapha Benboulaid, Krim Belkacem, Didouche Mourad et Rabah Bitat, sont ces six chefs originaires de différentes régions du pays, qui se sont réunis en toute discrétion le 23 octobre 1954, au domicile du moudjahid Mourad Boukechoura à Rais Hamidou (Alger), pour dessiner les contours de la guerre de libération. La détermination des six chefs historiques a conduit au déclenchement de la guerre contre le colonialisme français, animée par un slogan unifié : « Par le peuple et pour le peuple » sous la direction du Front de libération nationale (FLN), cette guerre visait à être une révolution populaire dépourvue de dirigeant, de commandement individuel ou de leadership partisan.

 

 

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