Lutte contre la rage à Tizi Ouzou : Quelle solution idoine ?

A Tizi Ouzou, la lutte contre la rage s’intensifie. Le Dr Norredine Yata, inspecteur vétérinaire, met en avant la nécessité d’éradiquer les décharges sauvages et de créer des abris pour animaux errants.

Dans une déclaration au Jeune Indépendant, il a insisté sur l’inefficacité de la vaccination seule, soulignant l’importance de solutions humaines et durables pour protéger la santé publique. L’opération de vaccination des chiens et des chats a été lancée le 15 septembre, soit treize jours avant la célébration officielle de la Journée mondiale contre la rage. « Cette opération se poursuit toujours », a déclaré au Jeune Indépendant le Dr Norredine Yata, premier responsable de l’Inspection vétérinaire de la wilaya. Il a noté que la Journée mondiale de la rage est célébrée le 28 septembre pour rendre hommage à Louis Pasteur, le scientifique qui a développé le vaccin antirabique.

Cependant, le vétérinaire a estimé que la vaccination seule n’est pas la solution adéquate contre la rage. Pourquoi ? Selon lui, la population canine errante ou semi-errante est estimée à 80 %, ce qui signifie que seulement 20 % de cette population est réellement domestiquée. Cela explique l’inefficacité de l’opération vaccinale et l’impossibilité d’installer « un matelas immunitaire ».

Selon le Dr Yata, la lutte contre la rage doit commencer par l’éradication des décharges sauvages, qui constituent des lieux de rencontre entre différentes espèces animales, tant sauvages que domestiques. Ces endroits sont propices à la transmission de la rage d’un animal à un autre. Le Dr Yata a souligné que ces décharges sauvages sont souvent des lieux d’accouplement entre des chiens domestiques errants et des chacals, engendrant ainsi la naissance de chiens semi-sauvages. La prolifération de ces animaux représente, en plus du risque de rage, un danger d’attaque contre l’humain.

La deuxième étape doit consister en la création d’abris pour les chiens et les chats. Actuellement, il n’existe que deux abris dans la wilaya de Tizi Ouzou : l’un pour les chiens et l’autre pour les chats. Selon Mme Ouerdia Ould-Chikh, responsable de l’abri pour chiens à Thala-T’zaouche, cet espace abrite 150 chiens. La gestion des lieux et l’entretien des animaux sont assurés par des bénévoles, amoureux des bêtes. L’abri pour chats compte entre 200 et 300 félins, également entretenus par des bénévoles. Le Dr Yata a insisté sur le fait que ces deux abris sont loin d’être suffisants et a proposé de créer davantage d’abris et de former le personnel chargé de capturer les animaux errants pour les prendre en charge.

Le mécanisme de mise en place de ces abris n’est ni coûteux ni difficile à réaliser, a-t-il affirmé, précisant que les frais de formation du personnel, d’achat de matériel et autres éléments nécessaires à la gestion des abris seront entièrement pris en charge par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). En revanche, le Dr Yata a considéré comme « inefficace » et « inhumaine » la solution proposée par les autorités communales, qui prônent l’abattage des chiens et des chats errants à l’aide de fusils. Il a également dénoncé l’abattage par empoisonnement, une pratique formellement interdite et considérée comme inhumaine. Cette méthode avait été pratiquée il y a quelques années par l’APC de Tizi Ouzou, provoquant un scandale après que le Jeune Indépendant en ait fait état.

Sur le plan financier, le Dr Yata a affirmé que la création d’abris pour chiens et chats errants serait bien moins coûteuse que le traitement médical des personnes mordues par des animaux soupçonnés de rage. En effet, il a précisé que la prise en charge médicale d’une personne mordue s’élève à 3 000 DA au minimum. « Cette prise en charge est impérative, car il s’agit d’une question de vie ou de mort », a-t-il insisté, ajoutant que le nombre de personnes mordues par des chiens ou des chats dans la wilaya varie entre 8 000 et 10 000 par mois. Un simple calcul montre que le Trésor public de Tizi Ouzou dépense environ 240 000 DA par mois, si l’on considère un chiffre de 8 000 personnes mordues.

Le Dr Yata a estimé qu’une telle dynamique permettrait d’économiser beaucoup d’argent du contribuable si des solutions intelligentes et courageuses étaient adoptées par toutes les parties concernées. En ce qui concerne l’opération vaccinale, toujours en cours, la wilaya de Tizi Ouzou dispose d’un quota de mille doses. A la question de savoir combien il y a d’animaux canins et félins dans la wilaya, le Dr Yata a déclaré que son estimation dépendait fondamentalement des solutions qu’il propose. Une fois capturé et vacciné, un collier d’identification doit être placé autour du cou de l’animal. Avec le temps, cette dynamique pourrait également toucher les animaux sauvages, permettant ainsi une identification et un recensement par espèce, comme cela se fait dans les pays développés.

Enfin, le Dr Yata a souligné que, en plus de la rage, la leptospirose représente une menace sérieuse. Cette maladie du sang, causée par des chiens, des chats et des rats, est transmise par les urines de ces animaux, qui peuvent être ingérées par mégarde, entraînant la mort. Deux cas de leptospirose ont déjà été signalés dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dans l’un de ces cas, un jeune homme a été infecté après avoir ingéré un pot de yaourt alors qu’un rat était passé par là, selon les analyses. Malgré les efforts médicaux, il n’a pu être sauvé.

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