Plus Israël tue, moins il est en sécurité

Après tous les carnages qu’ils ont commis, et qu’ils poursuivent avec un regain d’entrain, tant à Ghaza qu’au Liban, au sein des civils comme à celui des directions de Hamas et du Hezbollah, les Israéliens ne peuvent pas s’estimer être aujourd’hui plus en sécurité qu’ils ne l’étaient il y a une année, lorsque la guerre commençait, pour eux d’ailleurs par la pire débâcle de leur histoire. Ils ont tué Hassan Nasrallah, tué Ismaël Haniyah, puis Yahya Sinouar, et bien d’autres de leurs compagnons, mais au lieu de respirer d’aise, et de chanter victoire, ils constatent avec épouvante qu’en fait ils n’ont jamais été autant en danger qu’aujourd’hui. Dans leurs pires cauchemars en effet, ils n’ont pas pensé que leur Premier ministre puisse être un jour l’objet d’une tentative de liquidation, comme celle qui avant-hier avait visé Benjamin Netanyahou. Le coup tiré par le Hezbollah ayant bien fait mouche, il n’a manqué pour qu’il change le cours de l’histoire que la présence de Netanyahou chez lui à ce moment précis. Netanyahou probablement n’y retournera jamais. Il ira habiter ailleurs. Ce ne serait pas prudent de sa part de continuer de croire en la toute-puissance aérienne de son pays.

Si celle-ci est encore crédible dans l’attaque, le fait est qu’elle ne l’est plus dans la défense. Les drones du Hezbollah, et avant eux les missiles balistiques iraniens, en ont suffisamment apporté la preuve. Ni Dôme de fer ni hélicoptère ne sont parvenus à arrêter la course du drone lancé depuis le Liban sur le domicile de Netanyahou, cette terreur du Moyen-Orient. Il y a encore peu, il se présentait, depuis la tribune des Nations unies, comme le garant de la sécurité du Moyen-Orient, en bienfaiteur de l’humanité, en faiseur de paix et d’harmonie entre les peuples, et pas seulement entre ceux de la région. Il est vrai qu’il ne pouvait pas savoir alors ce que l’avenir gardait en réserve pour lui. Les régimes arabes pour qui l’ennemi, ce n’est toujours pas Israël, mais le Hezbollah, le Hamas, et l’Iran, seraient bien inspirés de tirer la leçon qui s’impose, car il en est encore temps. Ce ne serait plus le cas le jour ou un drone ou quelque autre projectile serait plus chanceux que celui de vendredi. Ce dernier a certes raté le coche, encore que ce ne soit pas sa cible, qui elle a bien été atteinte, peut-être même très endommagée, les Israéliens se refusant toujours à la montrer, mais il n’empêche, il fera date de même que s’il avait porté dans le mille. Il y aura un avant et un après lui. Israël a été humilié par lui autant que par ce qui lui était arrivé le 7-Octobre. Il ne pourrait s’en remettre qu’en portant un coup terrible à celui qu’il considère comme la véritable cause de ses maux : l’Iran. De son point de vue tout au moins, celui-ci a tenté de liquider son Premier ministre. Une tentative dont il ne pourrait se venger qu’en s’attaquant soit à son président soit à son Guide. A moins de cela, il nuirait à sa propre réputation, à sa propre force de dissuasion, qu’il s’agit pour lui au contraire de rétablir dans toute sa dimension, ayant été passablement écornée ces derniers mois. Il y a encore peu de temps, il cherchait le moyen de répondre à l’attaque iranienne aux missiles balistiques, d’une manière qui soit assez forte pour servir de leçon à retenir, mais qui cependant ne le soit pas trop, de peur qu’il en résulte une guerre, lui qui en a déjà deux sur les bras.