Quand le président Abdelmadjid Tebboune met les points sur les i

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Oct 10, 2024 - 11:45
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Quand le président Abdelmadjid Tebboune met les points sur les i

Une contribution de Mohsen Abdelmoumen – La récente rencontre du président ce 5 octobre avec la presse nationale nous a apporté un éclairage très important à l’entame de son second mandat. Autant le dossier interne qu’externe a été développé. Au cours de cet entretien, le président nous a montré qu’il maintient le cap et que ce second mandat qui commence s’inscrit dans la continuation des projets et réalisations entamés dans le premier mandat. Le président était très à l’aise et s’est montré direct et limpide dans ses propos.

Sur la question relative aux relations avec la France, le président a confirmé sa détermination à défendre les intérêts de l’Algérie avant tout. Sa phrase «je n’irai pas à Canossa» reflète cet état d’esprit concernant le voyage qui était programmé et qui est aujourd’hui annulé à cause de l’hostilité de la France et de la mainmise des groupes extrémistes qui vouent une haine farouche à l’Algérie. En effet, l’extrême-droite française n’arrête pas ses attaques contre l’Algérie via différents canaux, parmi lesquels les chaînes poubelles françaises qui déversent à l’envi leur venin sur l’Algérie et ses institutions, l’armée en tête. Le président Tebboune a évoqué l’appel de certaines parties en France qui veulent renégocier l’accord de 1968 en déclarant qu’il s’agissait d’«un épouvantail et un slogan politique d’une minorité extrémiste qui voue une haine à l’Algérie». Il a ajouté que «l’Algérie est toujours encline à la coexistence pacifique avec toute le monde, mais pas au détriment de sa dignité et de son histoire». Comme disait feu le président Houari Boumediene : «On tourne la page mais on ne la déchire pas.»

Le président n’a pas hésité à remettre les dirigeants français à leur place en évoquant notamment les essais nucléaires, un dossier que la France a toujours ignoré. Ce dossier est pourtant toujours d’actualité, du moment que nos citoyens subissent les conséquences de la politique désastreuse de la France : «Si vous voulez aborder les sujets sérieux, venez nettoyer les sites où vous avez effectué des expériences nucléaires», a déclaré le président Tebboune. «Il y a encore des gens qui meurent et d’autres sont impactés. Vous êtes devenus une puissance nucléaire et nous, nous avons eu les maladies. Venez nettoyer Oued Namous, où vous avez développé vos armes chimiques ! Jusqu’à présent, nos moutons, nos chameaux, meurent après avoir mangé de l’herbe contaminée. C’est cela la vraie question. Elle ne réside pas dans un faux débat sur l’accord de 1968.» La France a failli à ses engagements. La moindre des choses est de nettoyer les sites des essais nucléaires.

Le passé colonial criminel de la France a été exhibé par le président, et rien ne sera possible entre nos deux pays si les Français continuent à nier le génocide de notre peuple. Le président a parlé de la résistance de notre peuple au colonialisme et qui a duré 70 ans, une épopée qui a marqué l’histoire de notre pays avec des millions de martyrs : «Nous réclamons la vérité historique et exigeons une reconnaissance des massacres commis par la colonisation française qui était une colonisation de peuplement et nous n’accepterons pas les mensonges colportés sur l’Algérie», a-t-il déclaré. Il a asséné un coup à ceux qui prétendent que l’Algérie a été créée par la France, disant qu’elle était une terre vierge lors de l’invasion française. «L’Algérie a été choisie pour le vrai grand remplacement, qui est de chasser la population locale pour ramener la population européenne et combattre l’islam pour christianiser l’Algérie et en faire une terre européenne… On ne peut effacer l’histoire», a déclaré M. Tebboune, rappelant que «l’Algérie était un Etat avant l’invasion française en 1830». Contrairement à la France, l’Algérie a une histoire millénaire qui remonte à l’aube des temps, des traces en sont encore visibles à maints endroits. La Numidie unie par Massinissa 200 ans avant J.-C. témoigne de cette longue histoire. Au moment où l’Algérie frappait la monnaie, la France vivait dans des huttes et se vêtait de peaux de bêtes.

Le message du président était sans concession. Il a rappelé à la France les crimes qu’elle a commis sur notre terre. En rappelant ces faits historiques, le président s’est montré intransigeant sur la question de la mémoire. Nous n’oublions pas le sacrifice de nos martyrs ni les crimes coloniaux. C’est aux Français de faire un travail sur leurs actes criminels commis en Algérie. Le contentieux avec la France est loin d’être réglé et le président tient à le marteler à l’endroit des dirigeants français. Aujourd’hui, la France est dirigée par une extrême-droite xénophobe anti-algérienne, c’est un fait. Et tant mieux si le président a mis les points sur les i. Sa phrase «je n’irai pas à Canossa» est une phrase très forte qui renvoie sa visite en France aux calendes grecques. L’expression «aller à Canossa» désigne le fait de céder complètement et de s’humilier devant son ennemi. A l’origine, elle renvoie à un conflit médiéval qui a opposé un souverain germanique à la papauté au cours duquel l’empereur germanique Henri IV, en 1077, est allé s’agenouiller devant le pape Grégoire VII afin que celui-ci lève l’excommunication prononcée contre lui.

Concernant le Maroc, le président a abordé la décision d’instaurer les visas qui a été prise par mesure de sécurité, puisqu’«il y a des doutes que des espions utilisent cette brèche pour entrer en Algérie». Le journaliste l’a interpelé à propos d’une cellule d’espions israéliens démantelée à Tlemcen, ce que le président n’a pas démenti, en disant que les enquêtes sont en cours. Depuis des années, je n’ai pas cessé de rappeler dans mes articles que tout Marocain présent sur le sol algérien est susceptible d’être un espion du Mossad. Aujourd’hui, le président nous conforte dans cette thèse. On ne badine pas avec la sécurité nationale. Force est de constater que notre voisin de l’Ouest ne cherche qu’à nous nuire ; aidé en cela par l’entité sioniste d’Israël, nous l’avons vu notamment avec la menace du ministre de la Défense israélien à partir du sol marocain, suivie pas la visite du chef de l’état-major israélien au Maroc. Tout cela s’inscrit dans un complot qui vise la sécurité nationale de notre pays. En tant que vassal de l’entité sioniste d’Israël, le Maroc nous prouve qu’il est dans un chemin de non-retour contre notre pays. Tant qu’il en sera ainsi, nos autorités seront inflexibles à l’égard du royaume féodal du Maroc, lequel a choisi son camp, celui du néocolonialisme et du sionisme rampant. En étant toujours du mauvais côté de l’histoire, il en assumera les conséquences.

Quant à l’Algérie, elle a toujours soutenu les causes justes, celle du peuple sahraoui et du peuple palestinien. La Cour européenne vient de donner gain de cause au peuple sahraoui et au Polisario en condamnant le Maroc pour le pillage et l’exploitation des richesses du Sahara Occidental, ce qui constitue une véritable gifle pour le royaume du Maroc. Concernant la décision de Macron d’approuver le «plan marocain d’autonomie» au Sahara Occidental, le président n’a pas manqué de mettre le doigt là où ça fait mal, en déclarant : «Annoncer publiquement l’acceptation du plan d’autonomie alors que le dossier du Sahara Occidental se trouve au niveau de la commission de décolonisation de l’ONU, sachant que la France est membre du Conseil de sécurité, participe de la politique de deux poids et deux mesures.» Par ailleurs, notre pays continuant à être la cible des forces occultes qui utilisent l’entité voyou et vassale du Maroc comme un cheval de Troie, il était donc indispensable de prendre des mesures fortes comme celle d’instaurer des visas. De toutes les manières, notre relation avec cette entité voyou du Maroc ne sera plus jamais comme avant, à partir du moment où ce pays agit comme un ennemi de l’Algérie.

Par contre, quand le journaliste a questionné le président à propos des relations entre l’Algérie et la Russie, M. Tebboune a affirmé que la Russie était un pays ami avec lequel nous avons toujours entretenu des relations amicales depuis l’Union soviétique qui nous a soutenus pendant notre Révolution et la construction du pays. Rappelons que c’est l’Union soviétique qui a déminé nos frontières, alors que la France ne nous donnait pas les plans. Des soldats de l’Armée rouge ont perdu la vie dans ce travail de déminage. Le président a déclaré que la Fédération de Russie est un pays frère avec lequel nous entretiendrons toujours d’excellentes relations. Concernant l’adhésion de l’Algérie aux BRICS, le président a déclaré que le dossier était clos. C’est, à mon avis, une excellente chose, nous ne courons derrière personne et l’Algérie est maître de son destin, souveraine dans ses décisions, elle n’a pas d’endettement et elle n’a pas besoin de figurer dans une organisation faite de bric et de broc. Avec tous les atouts qu’elle a en mains, l’Algérie n’a nul besoin d’adhérer aux BRICS. La coopération bilatérale nous suffit largement. Autre point très important, le président a réaffirmé que l’Algérie est et restera un Etat social.

Le président a aussi parlé d’un droit international qui ne sert plus à rien s’agissant des droits des peuples, comme on le voit avec le peuple palestinien massacré au vu et au su de toute la planète, disant que nous étions dans la loi de la jungle où le plus fort écrase le plus faible. Le fait de comparer l’ONU à la Société des nations, comme le président l’a fait, est plus que révélateur, car celle-ci n’a pas pu empêcher la Seconde Guerre mondiale. Sa vision nous mène vers la nécessité d’une refondation de toutes les institutions issues de la Seconde Guerre mondiale, à l’instar de l’ONU, qui sont devenues obsolètes aujourd’hui. Le président a aussi plaidé pour une juste représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité et pour donner davantage de pouvoir à l’Assemblée générale de l’ONU. En effet, si nous vivons dans un monde injuste et instable aujourd’hui, c’est parce que certains pays disposent du droit de veto et d’autres pas. C’est un appel non équivoque pour une refonte de l’ONU sur des bases justes.

Bien entendu, le président est revenu sur bien d’autres sujets relatifs notamment à l’économie de notre pays, insistant sur la nécessité d’avoir une économie forte, et pour cela, il faut encourager la production nationale et l’exportation hors-hydrocarbures. C’est un message fort destiné au lobby de l’importation. L’ère de l’import-import est révolue et une nouvelle page s’ouvre depuis l’accession au pouvoir de M. Tebboune. Dans ce processus de combattre l’import-import et la surfacturation qui en découle, la numérisation est une étape cruciale pour mettre hors état de nuire les résidus de la îssaba (clan mafieux) qui ont perdu beaucoup de leur influence et dont la capacité de nuisance est limitée. Néanmoins, il faut continuer à les combattre sans relâche jusqu’à leur élimination complète, car ils portent atteinte à la sécurité nationale. Le président a qualifié de «forces compradores» les ennemis de l’Algérie tapis dans l’ombre et qui veulent saboter l’économie nationale. Ces forces-là sont au service des puissances étrangères aux dépends de l’intérêt de notre pays. Combattre ces forces compradores est un devoir éminemment patriotique.

M. A.

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