Saison estivale: «Dénoncer les mafieux des plages est un droit mais surtout un devoir»
Le phénomène récurrent de la mafia des plages n’est pas éradiqué, et ce, malgré les mesures prises et les mises en garde lancées par le ministère de l’Intérieur pour garantir aux estivants une baignade gratuite. Par Thinhinane Khouchi Le rêve des plages gratuites restera un rêve. Et pour cause, cet été encore, les estivants doivent […]
Le phénomène récurrent de la mafia des plages n’est pas éradiqué, et ce, malgré les mesures prises et les mises en garde lancées par le ministère de l’Intérieur pour garantir aux estivants une baignade gratuite.
Par Thinhinane Khouchi
Le rêve des plages gratuites restera un rêve. Et pour cause, cet été encore, les estivants doivent subir l’injustice au niveau des plages. En effet, la mafia des plages est partout présente, obligeant presque les estivants à payer pour avoir un accès direct à la mer. Le problème existe depuis longtemps sur les plages autorisées à la baignade, ce qui pousse de nombreux estivants à envahir celles interdites et les accès rocheux qui restent gratuits. Selon Mouloud, un père de famille qui a choisi de passer son congé à Boumerdès, «les plages ne sont pas gratuites comme on le dit. À la plage Rocher pourri, dès 8h du matin, vous pouvez constater un alignement de tables, de chaises et de parasols, serrés les uns contre les autres, ne laissant aucun centimètre d’intimité entre les estivants». Notre interlocuteur nous dira qu’«ils s’installent tous les jours au-devant de la plage et gare à celui qui vient réclamer». Même cas au niveau des différentes plages de la capitale, où des familles regrettent cette situation. En effet, les tarifs varient entre 1 800 et 2 000 DA pour un parasol, une table et 4 chaises et peuvent augmenter selon la place et la plage. «Franchement, c’est trop ! Ces jeunes font la loi», nous confie un père de famille rencontré à l’entrée d’une plage à Tipaza Et de préciser : «Toutes les plages ici ne sont pas gratuites et les jeunes qui y travaillent sont toujours prêts à en venir aux mains». Pourtant, il est à rappeler que le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, avait personnellement insisté, lors de la cérémonie d’installation de la Commission nationale de préparation et de suivi de la saison estivale 2024, sur l’impératif de respecter le principe de «l’accès gratuit aux plages», de lutter contre leur exploitation anarchique et de prendre des mesures coercitives à l’encontre des contrevenants. En dépit de toutes ces mesures, les exploitants illégaux continuent à imposer leur diktat et le scénario des années précédentes se répète. Cette année, le président de la République lui-même a ordonné l’application rigoureuse de la loi à l’encontre de toute forme de courtage saisonnier au niveau des plages, outre le respect absolu du principe de la gratuité des plages le long du littoral algérien. A ce propos, l’Organisation de protection et orientation du consommateur et de son environnement (Apoce) a appelé les citoyens, via une vidéo partagée sur sa page officielle, à dénoncer ces comportements. Le coordinateur national de l’Apoce, Fadi Temim, a insisté sur le fait que la loi algérienne est claire en matière de gratuité des plages. Selon lui, cette problématique revient chaque année et ne cesse de prendre de l’ampleur. «Le point sur lequel il y a confusion, c’est la gestion des parkings car les APC ont le droit de louer ces espaces aux entreprises, à des individus ou bien de les exploiter à leur niveau en contrepartie d’un revenu bien précis», dira M. Temim. Par ailleurs, «dans la loi algérienne, les plages sont gratuites, permettant aux citoyens de s’y rendre sans être contraints de payer quoi que ce soit, et se mettre à l’endroit qu’ils jugent approprié», a-t-il indiqué. D’autre part, le coordinateur national de l’Apoce a affirmé qu’il existe réellement une autre activité commerciale : les tables, les chaises et les parasols qui sont loués aux vacanciers. Cette activité est autorisée, selon lui, à condition que les propriétaires proposent leur matériel dans une zone éloignée de la plage, sans l’installer ou l’imposer aux estivants, estimant que ces individus confondent souvent location et diktat. Ils occupent le terrain en gérant les plages comme bon leur semble. «Des jeunes n’hésitent pas à faire la loi en interdisant, par exemple, aux vacanciers l’accès aux plages s’ils n’acceptent pas de louer des chaises, des parasols…», s’est-il indigné. Enfin, appelant les citoyens à dénoncer ces comportements, le responsable a souligné que «la dénonciation des mafieux des plages est un droit mais surtout un devoir».
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