Allocution
Il y a deux ans, Joe Biden proclamait qu’il se présenterait à sa propre succession à la Maison-Blanche en 2024 pour le «bien de son pays». Une annonce qui avait été accueillie, malgré la santé défaillante évidente pour tous du président américain, avec enthousiasme chez les démocrates. Ou du moins était-ce là le sentiment que […]
Il y a deux ans, Joe Biden proclamait qu’il se présenterait à sa propre succession à la Maison-Blanche en 2024 pour le «bien de son pays». Une annonce qui avait été accueillie, malgré la santé défaillante évidente pour tous du président américain, avec enthousiasme chez les démocrates. Ou du moins était-ce là le sentiment que les progressistes essayaient de simuler, car certaines voix commençaient déjà à demander à ce qu’une alternative soit proposée. En vain. Finalement, le premier débat entre Donald Trump et son ancien adversaire de 2020, puis la tentative d’assassinat sur la personne de l’ex-président républicain, auront eu raison de la candidature de Joe Biden. Dans un discours solennel qui sonnait comme des adieux, Joe Biden a dit qu’il passait le flambeau à une nouvelle génération. Il a réitéré son soutien à Kamala Harris et insisté sur la gravité d’une élection dont dépend l’avenir des États-Unis. «Je révère ma fonction, mais j’aime encore plus mon pays», a annoncé Biden mercredi dernier depuis le bureau présidentiel à la Maison-Blanche. «Ce fut l’honneur de ma vie de servir comme votre président… mais la défense de notre démocratie, qui est en jeu, est plus importante que n’importe quel titre», a expliqué Biden d’un ton grave. «Je puise ma force et ma joie dans mon travail pour le peuple américain. Mais dans cette tâche sacrée qui consiste à parfaire notre union, il ne s’agit pas de moi : il s’agit de vous, de vos familles, de votre avenir. Il s’agit de Nous, le peuple», a insisté le président américain en reprenant la phrase d’ouverture de la Constitution américaine. Cette allocution solennelle était la première apparition publique du président américain depuis l’annonce de sa renonciation à sa réélection, qu’il avait rendue publique par une lettre diffusée hier via les réseaux sociaux. Joe Biden n’a pas prononcé une seule fois le nom de Donald Trump. Mais c’est bien à son adversaire qu’il pensait quand il a invoqué ses fameux prédécesseurs : «George Washington, qui nous a montré que les présidents ne sont pas des rois, Abraham Lincoln, qui nous a demandé de rejeter la malveillance, Franklin Roosevelt, qui nous a incités à rejeter la peur». «J’ai dit clairement que je pensais que l’Amérique se trouvait à un point d’inflexion, à l’un de ces rares moments de l’histoire où les décisions que nous prenons aujourd’hui déterminent le destin de notre nation et du monde pour des décennies à venir», a aussi dit Biden. «L’Amérique va devoir choisir entre progresser ou régresser, entre l’espoir et la haine, entre l’unité et la division. Nous devons décider si nous croyons encore à l’honnêteté, au respect, à la liberté, à la justice et à la démocratie». Biden a conclu en citant la fameuse phrase de Benjamin Franklin au sortir de la Convention de Philadelphie en 1787, à qui l’on demandait quel régime venait d’être adopté avec la nouvelle Constitution, et qui avait répondu : «Une république, si vous arrivez à la conserver !» «Le destin de cette république est à présent entre vos mains… En Amérique, les rois et les dictateurs ne gouvernent pas, ce sont les gens qui gouvernent. L’Histoire est entre vos mains. Le pouvoir est entre vos mains. L’idée de l’Amérique est entre vos mains». Les raisons entourant cet abandon sont tout de même aujourd’hui encore floues. Car si évidemment le camp démocrate a pu constater avec horreur, à la suite du débat opposant son candidat à Donald Trump, la différence de capacités cognitives entre les deux hommes, l’attentat contre l’ex-président milliardaire a fini de convaincre les progressistes qu’ils n’auraient aucune chance de victoire s’ils gardaient Biden dans la course à la Maison-Blanche. Reste à voir si la manœuvre de dernière minute des démocrates sera gagnante. Pour le moment, la nouvelle candidate, Kamala Harris, s’en sort beaucoup mieux dans les sondages et redonne un nouveau souffle à la campagne. Toutefois, il reste encore trois mois avant le scrutin et Trump ne laissera certainement pas son avance dans les sondages lui échapper facilement et se montrera sans aucun doute impitoyable contre sa nouvelle adversaire.
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