Colistier
Cela fait deux semaines que Joe Biden a décidé d’abandonner, après des dizaines d’appels de son propre camp, la course à la présidentielle aux États-Unis. Depuis, c’est sa vice-présidente Kamala Harris qui a pris sa suite et sans surprise elle a rapidement réussi à redonner un nouveau souffle à la campagne moribonde de son prédécesseur. […]
Cela fait deux semaines que Joe Biden a décidé d’abandonner, après des dizaines d’appels de son propre camp, la course à la présidentielle aux États-Unis. Depuis, c’est sa vice-présidente Kamala Harris qui a pris sa suite et sans surprise elle a rapidement réussi à redonner un nouveau souffle à la campagne moribonde de son prédécesseur. Toutefois, beaucoup dans le camp progressiste attendaient avec appréhension de voir qui la candidate choisirait pour colistier. En effet, certains noms évoqués, tels que celui de Josh Shapiro, ont soulevé l’inquiétude. En effet, le gouverneur de Pennsylvanie, fervent défenseur de l’État israélien, est un repoussoir pour beaucoup de militants à gauche qui auraient pu boycotter la candidate uniquement à cause de son colistier, surnommé d’ailleurs «génocide Josh», en novembre prochain. C’est donc avec soulagement que le nom de Tim Walz a été accueilli hier. Inconnu en dehors des frontières de son État du Minnesota, le gouverneur s’est illustré ces dernières semaines par ses petites piques répétées à l’encontre de Donald Trump et de son entourage, qu’il n’a cessé de qualifier de «mecs bizarres». «Nous n’avons pas peur des mecs bizarres», a lancé cet élu affable, au débit rapide, lors d’une réunion de campagne. «Croyez-en mon expérience d’enseignant, les brutes n’ont aucune puissance». Ce natif du Nebraska a en effet passé de longues années dans le milieu de l’enseignement, notamment en tant que professeur de géographie et coach de football américain. En janvier 2019, Tim Walz accède au poste de gouverneur du Minnesota, un État de la région des Grands Lacs, frontalier du Canada. A peine un an plus tard, il est contraint de jongler avec deux crises majeures : la pandémie de Covid-19 et la mort de l’Afro-Américain George Floyd, qui fera les Unes de la presse à travers le monde. Minneapolis, la plus grande ville de l’État, s’embrase, le point de départ d’un immense mouvement de manifestations anti-racistes qui secoue l’Amérique durant de longs mois. Les républicains accusent le gouverneur d’être trop laxiste dans sa gestion de la criminalité, quand les démocrates louent de leur côté son bilan en matière de protection du droit à l’avortement. Après l’arrêt de la Cour suprême de juin 2022, annulant la protection constitutionnelle de l’IVG, Tim Walz s’est en effet engagé à faire de son État un sanctuaire pour les femmes cherchant à avorter. En mars 2024, il a participé au premier déplacement d’une vice-présidente dans une clinique prodiguant des avortements, Kamala Harris, avec qui il espère désormais accéder à la Maison-Blanche. Pour le moment, le choix de la candidate semble ainsi bien accueilli. Elle a évité de contrarier sa base la plus active et militante qui fait de la guerre au Proche-Orient et de la position des États-Unis sur la question l’un des enjeux de la fin de campagne présidentielle. Néanmoins, si Josh Shapiro était particulièrement pointé du doigt pour son soutien à Israël, le fait est que tous les candidats potentiels étaient tout aussi fidèles à l’État hébreu, le colistier fraîchement désigné inclus. Il avait d’ailleurs dénoncé avec force les personnes de son camp qui n’avaient pas ou très mollement dénoncé les attaques du 7 octobre dernier. Reste à voir si les progressistes choisiront de soutenir le duo jusqu’en novembre prochain pour éviter coûte que coûte une victoire de Donald Trump, ou si les dissensions et les désaccords, notamment sur Israël, pousseront les démocrates les plus à gauche à se désolidariser des deux candidats.
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